▪ Aha ! On dirait que les choses bougent… on dirait que le marbre commence à se fissurer… on dirait que le beau piédestal sur lequel est juchée la "reprise" donne quelques signes de faiblesse…
La Grèce fait trembler l’Europe… Le Sénat US fait — vaguement — trembler Goldman Sachs… et tout ça fait trembler les marchés.
Le CAC 40 a perdu pas moins de 3,82% hier, terminant sous les 3 900 (dire que les 4 000 étaient si proches…), à 3 844,60 points. A Londres, le Footsie a reculé de 2,61%, tandis qu’à Francfort, le DAX a abandonné 2,49%.
Sur les places américaines, on n’était guère plus à la fête : le Dow Jones a enregistré une baisse de 1,90%, à 10 991,99, et le S&P 500, de son côté, a cédé 2,34%, à 1 183,71 points. Le Nasdaq a clôturé quant à lui sur un recul de 2,04%, à 2 471,47 points.
Ah, et que voyons nous encore, tapi dans un petit coin des nouvelles boursières ? Le VIX, le "baromètre de la peur" mesurant la volatilité sur le CBOE et cher à Philippe Béchade, a subi une hausse de 27% — c’est son plus grand bond depuis octobre 2008.
Soyons justes, cependant : la Grèce n’est pas la seule responsable de l’état lamentable des marchés. L’agence de notation Standard & Poor’s a certes abaissé la note de sa dette souveraine de trois crans… mais le Portugal est désormais lui aussi dans la ligne de mire : "considérant le niveau élevé de la dette publique et les faiblesses des perspectives économiques, le pays perçu comme le deuxième maillon faible de l’UEM a vu sa note d’émetteur souverain à long terme être abaissée de deux échelons par Standard & Poor’s. Le Portugal est désormais noté A- contre A+ précédemment", disait Investir.fr ce matin.
Dans de telles conditions, l’euro a bien entendu accusé le coup, repassant la barre des 1,33 $ pour dégringoler à 1,3257 $. La situation semble en revanche profiter à l’or, qui a connu une jolie hausse ce matin, à 1 164,25 $ l’once au premier fixing de Londres ; il était à 1 149,50 $ hier soir…
▪ Alors quoi ? Les craquements qui se font entendre vont-ils aller en s’amplifiant ? Les fissures dont je parlais en ouverture de cette chronique vont-elles s’élargir ? Est-ce le début de la "deuxième jambe de baisse" que nous prévoyons depuis longtemps ?
Qui vivra verra, bien entendu. Il se peut qu’une fois encore, les autorités décident d’intervenir, de dresser des étais, des échafaudages et autres boisages permettant de soutenir un édifice décidément de plus en plus branlant. Il se peut aussi qu’une fois encore, elles parviennent à éviter le désastre de justesse.
Mais dans la mesure où cette fois-ci, ce sont les autorités elles-mêmes qui sont au coeur de la tourmente… il se peut que les choses ne se passent pas comme elles le prévoient.