Par Dan Amoss (*)
** Quand ma famille et mes amis m’ont demandé, pendant les vacances, ce que je pensais de la Bourse et de l’économie de 2008, ma réponse a été la suivante : "je m’attendais à un marché baissier plutôt désagréable en 2008, mais le carnage qui a eu lieu depuis septembre m’a pris par surprise. L’économie va demeurer faible, mais je crois que le pire de ce massacre à la Bourse est derrière nous. Les dommages à venir devraient être concentrés dans des secteurs dont les fondamentaux sont très mauvais. Heureusement, en 2009, l’analyse fondamentale devrait de nouveau avoir son importance".
– Je pense que la clé pour approcher les marchés de 2009 sera de tout voir du point de vue du Trésor US et de la Fed. Tout le monde sait que l’économie réelle sent mauvais et que les Etats-Unis sont trop endettés. Mais je doute que tout le monde comprenne jusqu’à quel point le Trésor et la Fed vont utiliser le déficit et le système fiduciaire pour stopper le scénario de la Grande Dépression II. Ces tactiques finiront par être inflationnistes.
– Le système bancaire américain a été déstabilisé parce que son principal nantissement — les maisons et les titres adossés aux créances hypothécaires — s’est effondré en 2008. Les autorités ne peuvent peut-être pas regonfler de vieilles bulles dans ces capitaux, mais je parie qu’elles peuvent utiliser le financement bon marché par le Trésor pour amortir la chute. Cela comprend le remplacement des mauvaises hypothèques des propriétaires immobiliers par des hypothèques conventionnelles. Et même si les étrangers hésitent à absorber de nouveaux bons du Trésor US, la Fed va les monétiser — c’est-à-dire les racheter. Une fois encore, ces tactiques pourraient être hautement inflationnistes.
– Permettez-moi donc vous énumérer quelques prévisions pour la Nouvelle Année :
** 1- Il est beaucoup trop facile et populaire d’être baissier sur tout sauf sur les bons du Trésor ; il est fort probable qu’il y ait un rebond début 2009 — un rebond du S&P 500, entraîné par les actions dont les fondamentaux sont les plus durables, l’énergie, les matières premières et le bâtiment. Les actions dont les fondamentaux sont faibles pourraient participer, mais rapidement se retourner quand la réalité économique entrera en jeu. Beaucoup feront faillite.
** 2- La Securities and Exchange Commission va suspendre l’évaluation au prix du marché, ou du moins la modifier pour donne plus de latitude aux dirigeants dans la gestion de l’évaluation de la valeur des titres. L’ère des ventes à découvert massives des actions financières est probablement terminée.
** 3- Le pétrole va remonter à 80 $ le baril suite à une production plus basse que prévu, malgré une faible demande. Si la demande augmente, le pétrole pourrait monter à 120 $.
** 4- L’or va rebondir au-delà des 1 200 $, entraîné par la faiblesse du dollar, des émissions de T-Bonds sans précédent, et une demande de capitaux en dollars assez tiède venant de l’étranger. Une demande étrangère plus faible en bons du Trésor va pousser la Fed à se présenter comme acheteur de dernier ressort et à monétiser la dette. Dans son rapport politique de décembre, la Fed a signalé que si les prêteurs étrangers envisageaient de vendre des bons du Trésor, elle se présenterait comme acheteur pour maintenir les taux suffisamment bas. Si cela se produit, plus d’épargnants et de gestionnaires de fonds en T-Bonds vont envisager d’investir dans les couvertures contre l’inflation comme l’or et l’énergie.
** 5- De nombreux fonds de couverture vont faire faillite en 2009, mais c’est une bonne chose pour la santé à long terme du marché. Suite à leur fermeture, le marché sera plus efficace et moins instable.
** 6- 2009 sera un marché ultra-sélectif. Rien n’a fonctionné en continu en 2008, si ce n’est la vente à découvert d’actions et l’achat de bons du Trésor à l’aveugle. Le pire de la liquidation en gros des actions est probablement passé, 2009 va donc offrir de nombreuses opportunités pour acheter et vendre des actions individuelles à découvert en utilisant l’analyse fondamentale.
– C’est une bonne nouvelle… terminons donc là-dessus.