Passé de 9 000 $ à 3 215 $/tonne (t) depuis l’été, le cuivre est plombé, c’est entendu. Les analystes sont devenus baissiers. Les Australiens de la banque Macquarie parient sur un cours moyen de 3 300 $/t en 2009, quand les New-Yorkais de CPM Group le voient à 2 550 $/t.
Une chose est sûre : la tonne de métal orangé ne peut durablement s’échanger au-dessous de ses coûts d’extraction. Mais où en est ce fameux cash cost ?
Où se situe le break even du cuivre ?
Selon les analystes de Citigroup, à l’automne 2008, la moyenne des coûts de production (dits cash cost) du secteur cuprifère se situait à 2 900 $/t. Le "point mort" en somme, en deçà duquel il ne faut pas passer, sous peine de ne plus être rentable. Voyons cela de plus près.
Dans son dernier rapport trimestriel, Codelco (numéro 1 mondial des mineurs de cuivre) indique que son cash cost moyen est voisin de 3 200 $/t.
Que dit Freeport-McMoRan (numéro 2) ? Vers 2 850 $/t.
BHP Billiton (numéro 3) ? Aux alentours de 3 000 $/t.
Vladimir Kim, le P-DG du groupe kazakh Kazakhmys (numéro 10) a déclaré le 21 novembre : "on peut probablement vivre [avec un cours du cuivre] évoluant entre 2 800 $ et 3 200 $".
Quelques petits producteurs s’en sortent mieux
Ces chiffres semblent confirmer ceux de Citigroup. Certes, il existe des producteurs à faibles coûts, mais ils pèsent relativement peu dans l’offre mondiale. Exemple : Antofagasta (hors du top 10 mondial), dont les mines sont au Chili et le siège à Londres. Surnommé Fags, il a indiqué le 27 novembre que son cash cost était de 1 620 $/t sur les neuf premiers mois de 2009. C’est peu dans l’absolu, mais beaucoup par rapport aux 665 $/t de l’an dernier…
Signalons aussi Southern Copper (numéro 7 ; Mexique et Pérou), filiale à 75% de Grupo Mexico, dont le dernier cash cost reporté était de l’ordre de 400 $/t. Difficile de faire plus bas, mais c’est pourtant bien plus qu’il y a un an.
La chute des cours du pétrole pourrait laisser une belle marge de dépréciation au cuivre
La part de l’énergie dans les coûts d’extraction est importante, surtout quand le baril passe à 147 $ en quelques mois ! Fags estime que l’envolée de son cash cost cette année provient essentiellement de l’énergie.
Mais avec la chute du brut, cette tendance va s’inverser. Freeport prévoit d’ailleurs que son cash cost retombe à 2 350 $/t au quatrième trimestre 2008. Voilà qui semble laisser une belle marge de dépréciation au cuivre…
Nous verrons demain ce qu’il en est vraiment.
Meilleures salutations,
Emmanuel Gentilhomme
Pour la Chronique Agora
(*) Emmanuel Gentilhomme est journaliste et rédacteur financier. Il a collaboré à plusieurs reprises avec le Journal des Finances et la Société Générale. Il suit de près les marchés boursiers européens et étrangers, mais s’intéresse également à la macroéconomie et à tous les domaines de l’investissement. Il participe régulièrement à l’Edito Matières Premières & Devises.