▪ « L’Iran n’a jamais cherché et ne cherchera jamais à se doter de l’arme atomique », a déclaré il y a quelques jours le guide suprême de la nation, l’ayatollah Khamenei.
« La République islamique, d’un point de vue logique, religieux et théorique, considère la possession d’armes nucléaires comme un péché grave. Nous pensons que la prolifération de telles armes est stupide, destructive et dangereuse ».
Hum.
« Personne ne prête foi à l’Iran quand il affirme que son programme nucléaire a des fins pacifiques », observait Erin Burnett sur CNN la semaine dernière, parlant au nom des experts américains.
En 2003, personne ne demandait si l’Irak possédait réellement des armes de destruction massive… ou si une invasion pouvait ne pas se solder par une victoire rapide et facile.
Cette fois-ci, le scepticisme règne, même parmi les classes dirigeantes : l’objectif de l’Iran est-il de produire des armes nucléaires ? Une attaque militaire sur l’Iran se passerait-elle bien ?
« Téhéran n’a pas pris la décision de fabriquer l’arme atomique », a reconnu le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta il y a 10 jours devant le Congrès US. Il essayait ainsi de neutraliser la première question. Un document des National Intelligence Estimates émis par l’administration Obama l’année dernière confirmait ce que l’administration Bush en 2007 avait déclaré : l’Iran a cessé de chercher à se doter de l’arme nucléaire dès 2003.
Zut !
Quant à la seconde question, voici une réponse : « les gouvernements américain et israélien », écrit Peter Beinart dans le Daily Beast, « se glorifient d’avoir les agences militaires et de renseignements chargées de répondre [à la question de savoir si une attaque militaire serait avisée]. Unanimement, de manière étonnante, ceux qui dirigent ou ont dirigé ces agences déconseillent — fortement — toute attaque ».
▪ Un débat déséquilibré
Qu’est-ce qui ne va pas chez ces gens-là ?
M. Beinart faisait partie des « faucons » qui ont fortement milité en faveur de la guerre d’Irak il y a neuf ans. A présent il est devenu une mauviette. Parmi les avertissements qu’il mentionne :
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Le potentiel des BRIC n’est plus celui qu’on croit — désormais, les profits potentiels se trouvent ailleurs. Où exactement ? Quelques éléments de réponse sont ici…
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– Le lieutenant général Ronald Burgess, directeur de la Defense Intelligence Agency, a déclaré devant le Congrès US la semaine dernière : « l’agence estime qu’il est peu probable que l’Iran engagera ou provoquera un conflit ».
– Le chef du renseignement américain, James Clapper — à la tête de 16 agences de renseignement — estime qu’une attaque américaine ou israélienne ne retarderait le programme nucléaire iranien que d’une année ou deux.
– En outre, le chef d’état-major des armées des Etats-Unis, le général Martin Dempsey, affirme qu’une attaque américaine ou israélienne « garantirait précisément ce que nous essayons d’empêcher : un Iran qui fera tout pour se procurer l’arme atomique ».
« Je n’ai jamais vu de débat aussi déséquilibré parmi les experts payés pour émettre ces jugements », continue Beinart. « Mais cela importe peu. Jusqu’ici, le débat iranien a été mal engagé, avec les candidats républicains à la présidentielle qui déclarent haut et fort qu’ils ne seraient pas contre une guerre et le président Obama qui ne souhaite même pas répercuter le scepticisme de ses propres chefs de la sécurité ».
« La guerre ne se fait plus par l’analyse simple des forces économiques, si cela l’a jamais été », a écrit Ernest Hemingway dans un essai publié en 1935 et intitulé « Notes sur la prochaine guerre ».
« Aujourd’hui la guerre est faite ou planifiée par des individus, des démagogues et des dictateurs qui jouent sur le patriotisme de leur peuple pour les tromper et leur faire croire à la grande illusion de la guerre lorsque toutes leurs réformes qu’ils ont tant vantées ont échoué à satisfaire leur peuple qu’ils gouvernent mal ».
Le Congrès avance rapidement sur cette question. Un groupe bipartite de sénateurs a fait une proposition de loi qui :
« … rejette toute politique des Etats-Unis qui reposerait sur des efforts pour bloquer un Iran doté de la capacité nucléaire ; et demande instamment au président de réaffirmer le côté inacceptable d’un Iran possédant l’arme nucléaire et de s’opposer à toute politique qui reposerait sur le blocage comme une option en réponse à la menace nucléaire iranienne ».
Outre le fait que la proposition de loi laisse dans le flou la définition de la « capacité » nucléaire, le fait est que si l’Iran franchit cette nouvelle ligne rouge, il obligera les Etats-Unis à entrer en guerre.
« Imaginez », écrit M.J. Rosenberg de l’Israel Policy Forum, « si en 1962, le Congrès US avait dit au président Kennedy que si l’Union soviétique plaçait des missiles à Cuba, il n’aurait pas d’autre choix que celui d’attaquer l’URSS. Si cela avait été le cas, je ne serais pas en train d’écrire cet article aujourd’hui et vous ne seriez pas en train de le lire ».
Pour l’instant, cette législation n’est pas contraignante. Mais elle a le soutien de l’American Israel Public Affairs Committee. « Souvent, les initiatives du Congrès soutenues par l’AIPAC commencent par être non-contraignantes (dans une résolution ou une lettre), pour le devenir par la suite », explique Lara Friedman d’Americans for Peace Now.
« Une fois que les membres du Congrès ont signé pour une politique sous une forme non contraignante, il leur est beaucoup plus difficile de s’y opposer lorsqu’elle réapparaît plus tard dans un projet de loi qui, s’il est voté, fera pleinement force de loi ».