▪ La micro-analyse (étudier les choses dans les détails) vous aide à choisir la bonne valeur. Mais si vous voulez trouver le bon marché, vous devez être attentif à l’analyse macro-économique, comme nous le disions hier.
Devriez-vous être dans les actions ou les obligations ? Les valeurs américaines ou les valeurs russes ? L’immobilier ou les liquidités ? Ce sont là des questions "macro" — également appelées questions d’"allocation d’actifs". Et vos réponses détermineront la performance de vos investissements.
Nous citons Chris Lowe, chercheur du Bonner Family Office :
"Ceci est prouvé par un certain nombre d’études universitaires reconnues. La première, signée Brinson, Hood et Beebower en 1986, montrait que les décisions beta — le mix d’actifs dans les portefeuilles des fonds d’investissement — expliquaient 93,6% des variations de rendements d’un fonds moyen au cours du temps.
Et en 2000, Roger Ibbotson et Paul Kaplan ont étudié 10 années de rendements mensuels de94 fonds d’investissement US et cinq années de rendements trimestriels de 58 fonds de pension… et en ont déduit à peu près la même chose. Environ 90% de la variabilité des rendements d’un fonds typique au cours du temps sont expliqués par le beta, non par l’alpha."
Cela signifie, en d’autres termes, qu’être au bon endroit au bon moment est bien plus important qu’essayer de choisir des valeurs individuelles. Mais comment savoir quel est le bon marché ? Quel marché vous donnera un beta positif ?
Beaucoup de chercheurs — universitaires pour la plupart — affirment avoir "prouvé" qu’on ne peut pas "chronométrer" le marché |
Tout d’abord, sachez que beaucoup de chercheurs — universitaires pour la plupart — affirment avoir "prouvé" qu’on ne peut pas "chronométrer" le marché. C’est-à-dire que selon eux, on ne peut pas choisir avec succès quand être dans un marché et quand en sortir. Il faut prendre ce que les marchés vous donnent, pensent-ils. Si l’on fait mieux, c’est par pure chance.
Il y a aussi beaucoup de chercheurs affirmant qu’on ne peut espérer trouver de meilleures valeurs que les autres investisseurs. Eux aussi pensent qu’un alpha positif est de la pure chance.
▪ Les économistes ont tout faux…
A notre avis — basé sur trois décennies d’observation et d’études — ils se trompent… pour des raisons que nous aborderons dans les prochains jours. Mais ne nous laissons pas distraire. Nous recherchons un beta positif. Le moyen de l’obtenir, c’est de voir aussi clairement que possible ce qui se passe dans le vaste monde de la finance, de manière à pouvoir investir dans le marché qui a le plus de chances de grimper.
Lorsqu’on analyse une seule entreprise, on fait attention aux détails — les produits, les marges, la concurrence, la direction etc. Lorsqu’on analyse des marchés entiers, il faut regarder autre chose. Certaines entreprises innoveront avec succès. D’autres pas. Certaines capteront plus de parts de marché ; d’autres en perdront. Certaines investiront leur argent sagement — d’autres les gaspilleront en rachats et LBO. Mais si l’on observe des marchés entiers, il faut s’intéresser au contexte plus large.
Il faut comprendre, par exemple, que les marchés sont cycliques. Ils grimpent, puis ils baissent. Imaginez deux marché boursiers différents l’un à côté de l’autre. L’un grimpe depuis 10 ans. L’autre baisse depuis 10 ans. Lequel sera le meilleur choix, en termes de beta ? Le gagnant ou le perdant ?
La réponse, bien entendu, c’est que ça dépend. Mais lorsqu’un marché suit la même direction depuis longtemps, les chances de le voir se renverser augmentent avec le temps. "Les arbres ne grimpent pas jusqu’au ciel", comme le dit le proverbe.
Il y a une autre manière d’envisager cela : comme un "retour à la moyenne". Une seule entreprise peut innover et se développer pendant de nombreuses décennies. Mais les marchés tendent à évoluer en schémas cycliques — une hausse, une baisse, puis à nouveau une hausse. Certains marchés sont plus cycliques que d’autres. Le "cycle du porc", par exemple, a été identifié il y a longtemps. Dans la mesure où le temps de gestation, pour une truie, est de 114 jours environ, il y a un délai régulier et prévisible. Les prix grimpent. Les agriculteurs élèvent plus de porcs. La hausse de l’offre fait baisser les prix. Les éleveurs réduisent le nombre de têtes dans leurs troupeaux, et les prix regrimpent.
▪ Tout ou presque dans la nature est cyclique
On naît, on grandit, on mûrit, on vieillit, on meurt. On souhaite qu’il n’en soit pas ainsi… surtout dans les dernières étapes. Mais c’est ainsi que ça fonctionne. Le soleil se lève… le soleil se couche. L’hiver donne naissance au printemps…
Les investisseurs sont tournés vers l’avenir. Ils tentent d’anticiper les changements cycliques… et ce faisant, ils impriment leurs propres pensées sur le marché |
Et ainsi de suite… éternellement. Mais les marchés ont aussi un agrégat de cerveaux et des émotions collectives fortes. Les investisseurs sont tournés vers l’avenir. Ils tentent d’anticiper les changements cycliques… et ce faisant, ils impriment leurs propres pensées sur le marché.
S’ils anticipent une augmentation des prix, par exemple, ils achètent, avançant l’ultime vague de hausse. Les prix grimpent plus encore, agissant comme la lune sur les marées et les vagues. Les investisseurs voient leurs amis gagner l’argent. Ils sont dépités et envieux. Ils se mettent à acheter eux aussi… et les marchés s’envolent plus haut encore.
En fin de compte, tant de gens ont acheté qu’il ne reste plus beaucoup d’argent pour faire grimper les prix. On est alors au sommet, où les gens sont si haussiers… et si confiants… que les prix ne peuvent plus augmenter. C’est à ce moment-là que les investisseurs risquent de perdre toute perspective. Oui, les marchés sont traîtres. C’est lorsqu’ils semblent le plus bénins qu’ils sont à leur point le plus dangereux.
Le premier secret pour obtenir un beta positif, c’est d’apprendre à faire en sorte que cette dimension psychologique des marchés travaille pour vous, non sur vous.
Comment ? Nous verrons cela demain. Vous en saurez également plus sur un autre adversaire extrêmement traître dans votre quête du beta positif. Restez à l’écoute.