▪ Il ne se passe pas grand’ chose sur les marchés. Et l’or continue de stagner. Nous en profitons pour nous demander où est passée toute la prospérité qu’internet est censé avoir créée.
A la fin des années 90, nous avons rencontré des gens convaincus qu’internet changeait tout. Avec tant d’information à portée de main, ils pensaient voir l’avènement d’un monde meilleur. Nous aurions tous accès à l’information nécessaire pour augmenter la productivité et la richesse. Plus personne ne serait pauvre. Il suffirait d’aller chercher sur internet comment devenir riche.
A l’époque, nous nous méfiions de telles affirmations. L’information est bon marché, soulignions-nous. C’est la sagesse qui est chère, et on n’en trouve guère sur le web. Il faut la payer… en expérience amère.
En fait l’information — à moins d’être exactement ce dont vous avez besoin, exactement au moment où vous en avez besoin — a une valeur négative. Elle distrait. Il faut qu’elle soit mise en pratique. Et stockée.
Quel bien cela aurait-il fait à Napoléon — lors de sa désastreuse campagne de Russie — d’avoir les plans de l’arme nucléaire ? Imaginez que Louis XVI, montant les marches de la guillotine, ait eu la preuve que Sacco et Vanzetti étaient innocents !
Non, cher lecteur, l’information, c’est comme le fumier. En petite dose, au bon moment, c’est une bonne chose. Accumulez-en trop… et ça se met à puer.
▪ La preuve par les chiffres
Et voilà que nous arrive la preuve qu’internet n’a pas augmenté la richesse des Etats-Unis… ou même de qui que ce soit. Dans le magazine du New York Times :
« Pendant un temps, les chiffres de la productivité du département du Travail US ont semblé soutenir l’idée d’un miracle de productivité lié internet. Entre 1996 et 2000, la productivité par heure dans le secteur non-agricole — mesure standard pour la productivité de la main-d’oeuvre — a augmenté au taux annuel de 2,75%, bien supérieur aux 1,5% constatés entre 1973 et 1996. La différence entre une croissance annuelle de 1,5% et de 2,75% est énorme. Avec une croissance de 2,75% (et en partant du principe que la hausse de la productivité mène à la hausse des salaires), il faut environ 26 ans pour que le niveau de vie double. Avec une croissance à 1,5%, il faut bien plus longtemps — 48 ans — pour arriver au même résultat ».
« [Mais…] depuis début 2005, la croissance de la productivité est retombée aux niveaux enregistrés avant que le web ne soit commercialisé, et avant que les smartphones soient inventés. Durant les huit ans entre 2005 et 2012, la production horaire s’est développée au taux annuel de 1,5% seulement — soit le même qu’entre 1973 et 1966. Plus récemment, la croissance de la productivité a été encore plus basse. En 2011, la production horaire n’a augmenté que de 0,6%, selon les derniers chiffres du département du Travail, et l’année dernière a été similaire : une augmentation de 0,7% seulement. Durant le dernier trimestre 2012, la production horaire a même chuté au taux annuel de 1,9%. Les Américains sont devenus moins productifs — c’est du moins ce que disent les chiffres ».
« … si les taux de croissance de la productivité devaient poursuivre le rythme paresseux enregistré ces deux dernières années, il faudrait plus de 100 ans pour que la productivité par personne et le niveau de vie doublent ».
Que dites-vous de ça ? Internet. Un bide complet. Un gâchis de temps, comme la télévision… pas un stimulateur de richesse, comme le moteur à explosion.
1 commentaire
Mr Bonner,
Il y a à mon avis un contre-sens dans cet article.
Ce n’est pas parce que l’augmentation de la hausse de productivité s’est arrêtée que l’effet Internet doit être considéré comme nul! C’est juste que l’augmentation de productivité liée à internet a déjà eu.
Ca ne veut pas dire qu’Internet n’est pas utile: si on le coupait du jour au lendemain, la productivité chuterait elle aussi du jour au lendemain.
Pour le dire par analogie, cet article semble confondre une accélération et une vitesse: ce n’est pas parce qu’on a fini d’accélérer qu’on va moins vite qu’avant 😉
A vous lire,