Jerome Powell lui-même l’admet, l’inflation est désormais loin d’être modérée – et la question se pose donc : comment va-t-on pouvoir sortir de cette situation ?
L’inflation est en route – notamment aux Etats-Unis.
Au taux de 5,4% annualisé, les prix à la consommation US augmentent désormais à peu près aussi rapidement qu’au milieu des années 1970. Les prix à la production augmentent encore plus rapidement – de 7,3% sur un an glissant.
Voici ce qu’en disait Jerome Powell, président de la Réserve fédérale, s’adressant la semaine dernière au Comité des services financiers de la Chambre des représentants US :
« En ce moment, bien entendu, l’inflation n’est pas modérément supérieure à 2%, elle est largement supérieure à 2%. Elle n’est de loin pas ‘modérée’. »
Que va-t-il se passer maintenant, voulaient savoir les journalistes ? Revoici Powell…
« Tout va dépendre de la trajectoire de l’économie, en réalité.
Il s’agit d’une tempête parfaite, avec une demande élevée et une offre basse. Et cela devrait passer. A moins qu’il n’y ait une pénurie de voitures d’occasion durant plusieurs années aux Etats-Unis, nous devrions considérer [l’inflation élevée] comme étant temporaire. »
Les voitures d’occasion… les tracteurs d’occasion… et les logements anciens – tout augmente.
Les nouvelles voitures se font rares chez les concessionnaires ; les voitures d’occasion sont particulièrement demandées, et se vendaient 10,5% plus cher en juin que le mois précédent.
Piégés !
Powell n’a cependant pas mentionné d’où vient toute cette demande… ou pourquoi elle pourrait ne pas disparaître de sitôt.
La loi de Say, qui porte le nom de l’économiste français Jean-Baptiste Say, nous apprend que la vraie demande provient de vraies personnes produisant de vrais biens et services. Elles vendent leur production contre de l’argent, qu’elles peuvent alors utiliser pour acheter les biens et services d’autres personnes.
Cette demande ne fait pas grimper les prix parce qu’elle naît uniquement à mesure que la quantité de biens et de services disponibles augmente également.
Powell doit savoir que son impression monétaire crée un genre de demande tout à fait différent – qui n’engendre pas de biens ou de services correspondants… et cause ainsi une hausse des prix.
Il a créé une économie de bulle, en d’autres termes – gonflée par la fausse monnaie.
Il sait aussi que la Fed s’est mise dans le piège de « l’inflation ou la mort ». Il doit faire en sorte que la fausse monnaie continue de couler… sans quoi le faux boom va s’effondrer.
Mais s’il maintient le flux d’argent, les prix à la consommation continueront de s’envoler… et Powell serait alors forcé (du moins selon le récit populaire) de les freiner.
Point d’interrogation
Cela représente un gigantesque point d’interrogation pour les esprits inquisiteurs. Voici ce qu’en dit Mohamed El-Erian, écrivant dans le Financial Times :
« Il me semble clair que nous nous approchons irrésistiblement d’une question essentielle pour l’économie et les marchés, et pas uniquement aux Etats-Unis : existe-t-il encore la possibilité d’une sortie ordonnée, hors de ce qui a été une période remarquablement longue de politiques monétaires ultra-souples ? »
Vous connaissez déjà la réponse à cela, n’est-ce pas, cher lecteur ?
Les élites contrôlent le gouvernement. Le gouvernement contrôle la monnaie. L’économie tout entière – notamment la richesse, le pouvoir et le statut des élites elles-mêmes – dépend désormais d’une impression monétaire toujours croissante.
Par conséquent, il n’y aura aucune sortie – ordonnée ou non – des politiques monétaires ultra-souples des banques centrales.
Tenir le cap ne sera pas facile non plus, cela dit. Les bulles enflent et éclatent… de manière désordonnée.
Suite à quoi les banquiers centraux… les présidents… les députés… les économistes… les investisseurs… et les éditorialistes paniquent, causant encore plus de désordre et de chaos.
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