▪ Nous pensons faire des progrès dans notre compréhension des choses. Le secteur privé est en train de se désendetter. C’est désormais au tour du secteur public — il s’endette autant qu’il le peut, en faisant jouer l’effet de levier qui plus est.
Dans le secteur privé, cette stratégie a mené à la crise bancaire et au marché baissier de 2007/2009. La dette génère toujours des problèmes. Prochain épisode : une crise du secteur public.
Mais attendez… un instant… pas si vite… nous n’avons pas encore atteint la fin de la crise du secteur privé ! Les prêts bancaires continuent de chuter. Les prix de l’immobilier continuent de chuter. L’emploi continue de chuter. Bientôt, les cours des actions recommenceront à chuter eux aussi…
▪ Mais d’abord, voyons un peu les gros titres. Les salaires des banquiers sont en première page une fois de plus. Le public et les medias grand public adorent ce genre de chose. C’est une bataille entre les gros richards et l’intérêt général — c’est du moins ce qu’ils pensent. Le public déteste les banquiers. Les gens ne veulent pas seulement qu’on limite leurs salaires ; ils veulent qu’on limite leur espérance de vie. Nous aussi, ça nous plairait. Ou peut-être une flagellation en place publique. Ou au moins une lapidation ou deux.
Mais notre véritable sympathie va aux PDG aux doigts crochus. Après tout, ils ont volé cet argent honnêtement. On devrait leur permettre de le garder. Les autorités voulaient faire grimper le secteur financier en donnant de l’argent aux banques. A quoi s’attendaient les politiques ? Les banquiers l’ont pris.
Oui, on verse aux financiers des quantités d’argent scandaleuses — bien au-delà de ce qu’ils valent. En fait, si on étudiait la situation de près, on découvrirait probablement que leur contribution nette à l’amélioration de l’humanité est désormais négative.
Les banquiers parient que l’argent qui leur a été donné par les autorités vaudra moins l’an prochain que cette année. Ils l’échangent donc contre tout et n’importe quoi, assurés du fait que lorsque le temps viendra de rembourser, il sera encore plus facile à obtenir que maintenant.
Pour l’instant, le pari se passe bien pour eux. Le cuivre a doublé. L’or a grimpé de 20%. Les marchés partout dans le monde ont pris 60%. Les devises étrangères ont elles aussi battu le dollar.
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Le pari contre le dollar continuera-t-il de payer ? Telle est la grande question. Si oui, vous devriez rester dans les actions, l’or et les matières premières. Si non, restez dans les liquidités.
Mais tout ça importe à peine aux joueurs. Ils jouent avec l’argent de quelqu’un d’autre ! Si les paris se passent bien, ils s’attribuent de gigantesques primes. S’ils tournent mal… ma foi… il y a toujours le renflouage ! A long terme, les paris contre le dollar sont quasiment assurés de finir gagnants. Toutes les devises papier finissent par atteindre le zéro. Mais à court terme, qui sait ? Le monde entier parie contre le billet vert. Avec une position à découvert si considérable contre le dollar, il serait typique de M. le Marché — alias M. Zizanie — de faire grimper le dollar.
Mais on ne peut en vouloir aux banquiers. Ils rendent un service extrêmement précieux. Ils aident à séparer les imbéciles de leur argent. Dommage que les imbéciles en question soient les contribuables…
Parmi tous ceux qui râlent et les rouspètent sur les gigantesques bonus des banquiers, rares sont ceux qui parviennent à la conclusion évidente :
On devrait laisser faire faillite ceux qui le méritent.
▪ Les gros titres nous renvoient un autre message : l’économie réelle ne s’améliore pas. Quelques bonnes statistiques sont sorties. Mais les nouvelles qui comptent vraiment — les prix de l’immobilier et l’emploi — étaient mauvaises.
"Rien ne va. C’est tout ce qu’on sait", a déclaré John Stepek, rédacteur de la version anglaise du magazine MoneyWeek. "Les gens demandent si on aura de l’inflation ou de la déflation. Les haussiers pensent qu’on aura de l’inflation. Les baissiers parient sur la déflation. Je ne suis pas certain que cela importe. Nous aurons probablement les deux".
"Le principal, c’est que quel que soit le scénario, ce sera mauvais. Ni l’inflation ni la déflation ne sont nécessairement mauvaises. Les prix doivent s’ajuster. C’est ainsi que le marché transmet ses signaux. Lorsque les prix grimpent, le marché indique aux producteurs de se mettre au travail et d’augmenter la production. Lorsque les prix chutent, il dit aux producteurs de ralentir. Dans l’ordre naturel des choses, les prix baissent généralement. Ou ils devraient baisser. C’est là de la ‘bonne’ déflation. Elle signifie simplement que les producteurs deviennent plus efficaces, comme ils le devraient. Il y a également de la bonne inflation — lorsque les prix grimpent à cause d’une augmentation de la demande réelle. Lorsque les gens gagnent plus d’argent, ils peuvent acheter plus de choses ; les prix grimpent".
"Mais ce à quoi nous allons assister est mauvais. Une mauvaise inflation. Une mauvaise déflation. C’est le résultat de problèmes monétaires et d’une gestion malsaine. Cela enverra tous les mauvais signaux, et aggravera inévitablement les choses. Pour commencer, la déflation est mauvaise parce qu’elle est le résultat d’un désendettement majeur, associé à une liquidation de la dette et des actifs. C’est une dépression. Ou une récession majeure. Ou une ‘grande contraction’. Appelez ça comme vous voulez. C’est une déflation dans laquelle les prix chutent… et ce ne sera pas amusant".
"Ensuite, on verra très probablement de la mauvaise inflation — causée par l’impression excessive d’argent par les banques centrales. C’est de la mauvaise inflation parce que ce n’est qu’une augmentation de la quantité de papier monnaie, non une augmentation de la demande réelle".
"Nous ne savons pas exactement ce qui nous attend. Mais quoi qu’il arrive, ce sera mauvais".