Les dettes s’accumulent et s’accumulent – et désormais, les autorités ont désespérément besoin d’inflation pour faire baisser la facture. Malheureusement, elles sont également incapables de gérer la situation…
Le grand thème, c’est celui de l’inflation. J’ai traduit la dernière intervention de Jerome Powell – ce texte est disponible ici.
Vous pourrez vous rendre compte que cet homme ne mérite pas la confiance : il est incompétent et en plus, il en est moralement indigne. Je suis sévère, mais je n’apprécie pas qu’en ces matières on trompe en faisant de la rhétorique et en alignant les tautologies cafouillantes. Le monde mérite mieux.
Le débat sur l’inflation est d’une complexité extrême qui dépasse aussi bien la Fed, que Powell, que les économistes et que les marchés. L’inflation, c’est une sorte de nœud bien serré où les contraires s’emmêlent et on ne sait plus par quel bout dénouer.
On a bénéficié trop longtemps des délices de l’inflation modérée ou de la désinflation – et ce bénéfice, on le paie cher. L’inflation modérée dont s’est gargarisé le maestro Greenspan a coûté et va coûter cher.
L’inflation modérée a fait baisser le prix de l’argent et produit des taux du crédit bas. Ces derniers ont autorisé une demande sans cesse croissante de crédits, de dettes, d’actifs financiers.
L’inflation basse, les taux bas sont comme la langue d’Esope (et la dette) : la meilleure et la pire des choses.
Des dettes à éliminer, et vite
En fait le système a un besoin vital d’inflation afin de réduire relativement le poids de ses dettes.
L’inflation, c’est ce qui efface les traces du passé – et le passé s’est quant à lui cristallisé dans les bilans par des dettes excessives que l’on ne peut honorer sans plonger dans la déflation, la déflation bilancielle.
L’inflation et son absence sont au cœur des contradictions du système capitaliste car ils ont à voir avec ce qui est l’essence du capitalisme : l’accumulation, les intérêts composés, la possibilité de toujours accumuler.
La dette, voilà le mistigri dont il faut se débarrasser – et sans tarder, car il y en a trop. On a épuisé le cycle long du crédit ; au lieu d’être un atout, le crédit s’est retourné en son contraire, un handicap.
La dette, c’est du Ionesco : Amédée ou comment s’en débarrasser !
Pour repousser les échéances, puisque l’on n’a pas d’inflation suffisante qui érode la dette, on la rend soutenable par la baisse continue des taux d’intérêt.
En abaissant les taux, hélas, on augmente la demande de dette mais on fait en sorte que son service soit supportable. On construit un mur dans le futur, mais dans le présent, cela tient… tant que l’on peut baisser les taux.
Or il y a un moment terrible : celui ou les taux arrivent à la borne du zéro !
Menteurs et médiocres
Jerome Powell, à la tête de la Fed, est dans une situation absurde.
D’un côté il voudrait une accélération durable de l’inflation pour réduire la dette en relatif et en réel. De l’autre, il ne veut pas que les taux montent car cela alourdirait le poids des dettes et disloquerait les Bourses, et il ne peut plus manipuler les taux administrés car on est collé à la borne du zéro.
Il est donc contraint à dire n’importe quoi puisqu’il veut une chose et son contraire.
Il a besoin d‘inflation mais l’inflation faisant monter les taux de marché et chuter les Bourses, il ne peut se la permettre.
Sa solution ? Mentir et dire n’importe quoi maladroitement.
Faute de sortir de l’impasse du réel, il faut truquer les perceptions et espérer que cela marche.
Pour sortir du dilemme énoncé ci-dessus, à savoir vouloir l’inflation tout en ne pouvant en supporter les conséquences, il faut un génie, un grand dialecticien, pas un menteur ou un incapable. Nos systèmes ne génèrent que des médiocres.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]