Des indicateurs « jamais vus depuis 2007 », c’est devenu récemment une rengaine. Mais que valent ces indicateurs pour prédire un krach — et finalement, que faire ?
C’est la rengaine… Le nombre d’indicateurs « à des niveaux qu’on n’avait plus vus depuis 2007 » ne cesse d’augmenter.
Tous les voyants signalent que nous nous dirigeons vers un krach qui frappera toutes les classes d’actifs… sauf une. J’y reviendrai plus loin.
Mais d’abord, les signaux d’alerte signifient-ils nécessairement qu’il faut chercher à se mettre aux abris ?
Autrement dit, quelles alertes faut-il prendre au sérieux ?
En premier lieu, nous examinerons les derniers indicateurs qui sont dans le rouge. Cela nous mettra de mauvaise humeur vu qu’il n’y a pas de réponses définitives sur ce qu’il convient de faire.
Mais cela nous permettra de conclure en étudiant une opportunité d’investissement qui se présente aujourd’hui.
Fin janvier 2017, la probabilité d’une baisse de 2% des actions en février 2018 n’était que de 10%
A la liste des indicateurs (déjà nombreux) dans le rouge, on peut ajouter les prix des options à fin janvier. Les options sont de précieux indicateurs du futur ainsi que des outils d’investissement fort utiles.
Sur le marché des options, l’indicateur à surveiller est le prix des options de vente par rapport aux options d’achat. Les options de vente américaines sont aujourd’hui meilleur marché qu’en 2007. Cela signifie que parier sur la hausse des actions n’a jamais été aussi populaire et qu’il n’y a que peu de spéculateurs à la baisse. Autrement dit, les gens ne s’attendent pas à une chute des actions mais bien au contraire, à une hausse. Et ils sont plus confiants qu’en 2007. C’est justement avant un krach que la confiance est à son paroxysme.
Grâce à la formule de l’établissement du prix des options, on peut calculer la probabilité implicite d’une chute du marché actions. Bizarre ? Je m’explique. Au vu du prix des options, la probabilité d’une baisse de 2% sur le marché le mois prochain est inférieure à 10%. Les plus-bas précédents étaient d’environ 15%.
Les options et le VIX : des signes inquiétants
Vous êtes un peu perdu ? Alors considérez les options comme une assurance. Acheter une assurance contre le vol au Japon n’est pas cher, car le taux de criminalité y est faible. De la même manière, si acheter une assurance contre le vol chez vous est aussi abordable, vous pouvez en déduire que le taux de criminalité est bas dans votre coin. En revanche, une assurance contre les catastrophes naturelles au Japon… Bref, vous avez compris l’idée.
Une option fonctionne comme une assurance. Les gens les achètent pour se protéger d’un krach, ou pour bénéficier d’une hausse. L’établissement du prix des options au 22 janvier nous informe que le niveau d’optimisme et l’absence de peur sont à des niveaux alarmants, des niveaux auxquels ils se situent en général avant un krach.
[NDLR : Savez-vous que vous pouvez profiter très tranquillement du marché des options ? Vous pouvez même vous constituer une rente. Pour connaître cette méthode méconnue qui n’a rien de spéculatif, c’est ici.]
Mais il n’y a pas que les options qui sont inquiétantes.
L’indice de volatilité, le CBOE Volatility Index (VIX), s’est effondré à un plus-bas historique début janvier. Le plus-bas atteint par le VIX tout comme la forte hausse des actions ont rendu une correction plus probable. Ils sont des indicateurs supplémentaires d’un krach à venir.
Soit dit en passant, la confusion qui règne sur le marché obligataire n’a pas ranimé la faible volatilité record des bons du Trésor américain. Là aussi, un retour à des niveaux normaux de volatilité arrivera probablement avec un krach.
D’autres records moins visibles mais aussi inquiétants
Le nombre de candidats pour un même poste atteint des plus-hauts records au Japon. Si l’inflation surgit dans le pays de la déflation, le marché obligataire japonais pourrait connaître quelques turbulences.
Les introductions en Bourse au niveau mondial ont atteint des plus-hauts qu’on n’avait plus vus depuis la crise de 2008. C’est là un indicateur à la baisse, parce que les entreprises préfèrent lever des fonds lorsque leurs actions sont chères. Cela dilue moins leurs actionnaires existants.
Et puis il y a les valorisations boursières. L’expert britannique Tim Price a alerté à ce propos. Les deux dernières fois que nous avons atteint ces niveaux de valorisation, les actions ont lourdement chuté.
Tout comme on peut déduire la probabilité d’un krach boursier à partir du prix des options, on peut déduire le rendement attendu du marché à partir des valorisations.
L’arbre se reconnaît à son fruit
Si vous achetez une nouvelle voiture avec un rabais de 10% et essayez de la vendre un an plus tard parce que votre patron veut que vous déménagiez à Londres, vous savez que la chute habituelle de 19% de la valeur d’une voiture neuve sera finalement bien plus limitée. Vous déplorerez environ 9% de pertes au lieu de 19%.
De la même manière, acheter des actions bon marché améliore votre rendement. Si vous achetez des actions lorsqu’elles sont surévaluées, vous êtes certain d’enregistrer des pertes – du moins pendant un temps, étant donné que les actions sont censées monter sur le long terme.
L’arbre se reconnaît à son fruit. Si vous aviez acheté des actions en 2000, alors qu’elles étaient extraordinairement surévaluées, vous n’êtes pas encore rentré dans vos frais.
A partir d’une analyse de ce type, lors d’une conférence organisée par la Société Générale, le gestionnaire de portefeuille Dylan Grice a récemment expliqué les prévisions qu’on pouvait faire sur l’évolution du prix des actions.
Selon lui, le modèle de valorisation Shiller CAPE, également utilisé par Tim Price, suggère que l’investisseur en actions américaines au prix d’aujourd’hui enregistrera une perte de 2% au cours des 10 prochaines années, après inflation. Ce n’est pas aussi mauvais que d’acheter une voiture neuve… mais une perte de 2% sur dix ans, ce n’est pas très engageant.
Concrètement, sur quoi investir ?
Mais dix ans c’est long. Et 2% n’est que le résultat attendu. Traditionnellement, le même genre de prévisions suggérait plutôt jusqu’à 8% de gains. Le chiffre de -2% n’est que le rendement implicite que vous acceptez en achetant aujourd’hui.
Le hic est dans la nature des rendements comparés. Certes, les actions pourraient bien offrir des rendements minables sur dix ans. Mais les obligations semblent tout aussi mauvaises, si ce n’est pires.
Je pense savoir dans quoi songe investir Grice au lieu de ces deux actifs. Nous y reviendrons.
Au lieu d’éviter les classes d’actifs surévalués, il faut inverser sa réflexion : investir dans les meilleurs investissements possibles quel que soit le moment – ceux qui présentent les valorisations les meilleures marché.
En ce moment même, ce sont les matières premières.
1 commentaire
Une seule remarque. Toutes les dettes se paient, avec ou sans artifice comptable, même digital.