Les Etats-Unis menacent d’enflammer l’ordre économique mondial qu’ils ont eux-mêmes bâti. Avec Donald Trump aux commandes, faut-il s’attendre à un incendie généralisé ?
Quelqu’un aurait dû faire preuve de plus de prudence. A-t-on jeté un mégot de cigarette dans une poubelle ? Ou laissé une bougie trop près d’un rideau ? Personne ne le sait. Mais le grand incendie de Baltimore, en 1904, est rapidement devenu incontrôlable.
Les pompiers, la police et la garde nationale de Baltimore se sont battus pour l’arrêter. Des pâtés de maisons entiers ont été démolis pour créer un « coupe-feu ». Les postiers bravaient les flammes pour évacuer le courrier, tandis que des équipes de pompiers accouraient en urgence de Washington et de Philadelphie.
Mais chaque ville utilisait ses propres raccords de tuyaux d’incendie. Ceux de Washington et de Philadelphie n’étaient pas compatibles avec les bouches d’incendie de Baltimore. Un atelier d’usinage de Locust Point a donc travaillé toute la nuit pour fabriquer des adaptateurs. Pendant ce temps, le feu progressait, bloc après bloc. A la fin, une grande partie du centre-ville avait été réduite en cendres, du Hurst Building à l’ouest jusqu’à la « Petite Italie » à l’est.
1 500 bâtiments avaient été détruits et 150 M$ (en dollars de 1904 !) de valeur immobilière avaient été incinérés.
Et attendez… est-ce Donald Trump que l’on aperçoit avec un bidon d’essence et un paquet d’allumettes ?
Sa « guerre commerciale » pourrait-elle déclencher une plus grande conflagration… alors que les politiciens tentent d’attiser les flammes avec des propos incendiaires ? La ville entière pourrait-elle brûler ? Jetons un coup d’œil au bourg avant qu’il ne parte en fumée.
L’ordre financier fondé sur des règles a été conçu par les Etats-Unis eux-mêmes. Il reposait sur trois piliers essentiels : la libre circulation des marchandises, des capitaux et des personnes.
La libre circulation des personnes a été la plus difficile à instaurer. Les hommes ont toujours migré. Mais les mouvements de population massifs s’accompagnaient souvent de conquêtes, de famines, de viols, de pillages et de meurtres de masse. Après la Seconde Guerre mondiale, les démocraties éclairées ont tenté d’assainir ces déplacements. L’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme affirme :
« Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. »
Dans les années 1930, les Californiens ont tenté de bloquer les immigrants en provenance de l’Oklahoma. Les « Okies » prenaient leurs emplois ! A l’échelle nationale, les gouvernements continuent de restreindre l’immigration, chacun selon ses objectifs et ses préjugés.
Mais aujourd’hui, presque tout le monde s’accorde à dire que les gens devraient être libres de se déplacer à l’intérieur des Etats-Unis. Personne ne s’oppose à ce que des retraités du Michigan fassent grimper les prix de l’immobilier à Miami… ou que des ouvriers de Gary, dans l’Indiana, servent des pina coladas dans les bars chics de Houston.
Donald Trump suggère pourtant que les autorités fédérales devraient décider de la destination d’au moins une partie de la population. Il rêve apparemment de l’époque glorieuse où le tsar exilait ses opposants en Sibérie, où la France envoyait ses criminels sur l’île du Diable et où l’Angleterre expédiait ses citoyens indésirables en Australie.
Nous ignorons où il compte déporter les Américains, mais nous ne pensons pas avoir envie d’y aller.
Les efforts déployés après la Seconde Guerre mondiale pour réduire les barrières commerciales et financières ont été largement couronnés de succès. Aujourd’hui, la plupart des échanges transfrontaliers sont soumis à des droits de douane inférieurs à 2 %. L’argent circule à peu près librement.
Trump a déjà annoncé ses projets de réduction de l’immigration (mesure largement soutenue). Sa guerre commerciale, elle, vise à remplacer le libre-échange par un commerce administré, géré par des planificateurs centraux et des bureaucrates. Et les mouvements de capitaux, déjà restreints par des sanctions et diverses obligations de déclaration, affrontent désormais une nouvelle menace.
Voici ce que rapporte Politico :
« Nouveau front de la guerre commerciale : Washington envisage de retirer les entreprises chinoises de Wall Street
Washington explore… une nouvelle arme : la possibilité de retirer de la cote les quelque 300 entreprises chinoises présentes sur les marchés boursiers américains. »
Le sénateur Rick Scott (R-Fla.) déclare :
« Les marchés de capitaux américains font l’envie du monde entier, car ils offrent aux entreprises un accès inégalé au financement. Mais ce privilège s’accompagne de responsabilités […] Les entreprises chinoises continuent de bénéficier de cet accès tout en refusant de respecter nos règles. »
Bien entendu, toutes les sociétés cotées aux Etats-Unis sont soumises à la SEC… et leurs activités américaines doivent respecter une myriade de règles locales, étatiques et fédérales. Même si elles emploient des travailleurs esclaves dans leur pays d’origine, elles doivent, sur le sol américain, payer des salaires d’esclave… avec heures supplémentaires !
Personne ne s’attend à ce qu’une entreprise chinoise applique le droit du travail chinois aux Etats-Unis… mais le pauvre Rick Scott pense qu’elle devrait respecter les normes américaines, même à Shanghai.
S’il est déjà difficile de contrôler les mouvements de personnes et de marchandises, il est encore plus difficile de contrôler ceux des capitaux. L’argent va là où l’herbe est plus verte. Et si les bonnes entreprises chinoises sont chassées des Etats-Unis, alors l’herbe sera soudain beaucoup plus verte en Europe et au Japon.
1 commentaire
L’Ordre économique Mondial ? Ou l’Ordre économique US-Occidental ? Qui règne sur le monde depuis deux siècles.
Ou l’ordre économique Chinois ?
Fin du Mondialisme, idéologie occidentale.
Début de la Mondialisation, réalité internationale.
Trump dérange les élites Marchandes ? Occidentales et bien évidemment Chinoises.
Même si l’Occident parvient à l’éliminer Trump, il devra, à terme, accepter sa politique: renoncer à dominer le monde, ce qui implique de faire du protectionnisme.
Sinon ce sera l’Ordre économique Chinois.