▪ L’étau se resserre… le piège se referme… les dominos commencent à tomber… bref, ajoutez la métaphore de votre choix, en tout cas, la "reprise" prend chaque jour un peu de plomb dans l’aile — et les marchés apprécient de moins en moins.
Hier, c’était au tour de l’immobilier américain : selon l’Association américaine des agents immobiliers, les ventes de logements anciens ont chuté de 27,7% en juillet, à 3,83 millions d’unités en rythme annualisé. C’est leur plus bas niveau depuis 1995. Et juste pour l’anecdote, le consensus s’attendait à un recul de… 12,0%.
En voilà une surprise…
Les marchés, en tout cas, n’attendaient qu’une excuse pour recommencer à baisser — ce qu’ils ont fait de manière tout à fait respectable : une baisse de 1,75% pour le CAC 40, qui a clôturé ainsi à 3 491,11 points, passant sous la barre des 3 500. A Londres, le Footsie a abandonné 1,51%, et à Francfort, le DAX a reculé de 1,26%.
Aux Etats-Unis, le Dow Jones a baissé de 1,32%, à 10 040,45 points ; le Nasdaq enregistrait quant à lui une chute de 1,66%, à 2 123,76 points. Enfin, le S&P 500 a terminé la journée à 1 051,87 points, soit une baisse de 1,45%.
▪ Et que voyons-nous là ? Comme nous l’avons vu hier, le temps se gâte sur l’Irlande : après l’intervention de la BCE sur le marché obligataire irlandais, c’est au tour de Standard & Poor’s de porter un coup à l’Ile d’Emeraude. L’agence de notation a en effet abaissé la note de la dette souveraine irlandaise d’un cran. Elle passe à AA-, et est placée sous "surveillance négative" — en d’autres termes, un autre abaissement est possible dans les temps qui viennent.
Notez que la France n’a rien à envier à l’Irlande. L’agence Moody’s envisage déjà une dégradation de la note française. Elle n’est certes pas pour demain… mais comme l’explique aujourd’hui Frédéric Laurent dans Vos Finances, "nous pouvons d’ores et déjà nous demander quelles seraient les conséquences financière d’une dégradation. Tout d’abord, les taux à payer au niveau des remboursements seraient plus élevés. Sachant que nous avons déjà certaines difficultés à nous acquitter des intérêts actuels, inutile de préciser qu’une augmentation nous poserait certains problèmes financiers. Jugez du peu".
"En France notre dette représente aujourd’hui 77,6% du PIB pour un déficit de 7,5%. Actuellement les intérêts de notre dette s’élèvent à 43 milliards d’euros par an. Si une dégradation de notre note survenait, cela pourrait entraîner une augmentation de 0,5% de taux d’intérêt en plus par an. C’est-à-dire 8 milliards d’euros supplémentaires juste pour les intérêts. Sans commencer à rembourser la dette. Colossal ! De ce point de vue, l’opération ‘mesure de réduction des déficits’ prend du fait tout son sens. D’où la récente convocation de Nicolas Sarkozy à ses ministres du Budget et des Finances en période estivale. En clair, la période est critique".
Et quoi d’autre encore ? Ah oui : le président de la Réserve fédérale de Chicago, Charles Evans, a des doutes sur la solidité de la reprise, et pense que l’économie américaine pourrait à nouveau basculer dans la récession. "Un ‘double dip’ n’est pas l’issue la plus probable mais la vigueur de la reprise me préoccupe", a-t-il déclaré.
▪ Les autres marchés confirment une fois encore la marche négative de l’économie. Les chiffres de l’immobilier ont notamment influé sur le pétrole, qui recule, recule et recule. Le baril de brent a perdu 1,24 $ sur la journée d’hier, terminant à 72,38 $.
Le dollar a lui aussi perdu un peu de vigueur par rapport à la devise européenne. Enfin, l’or a grignoté hier un peu du terrain perdu au cours des séances précédentes : l’once était à 1 222 $ au second fixing londonien, contre 1 218 $ le matin.