** "Trop de locaux, pas assez d’occupants…" rapporte le Wall Street Journal. Oui, cher lecteur, nous avions vu venir les choses. Les problèmes de l’immobilier individuel deviennent les problèmes de l’immobilier commercial. Les consommateurs n’ont pas assez d’argent. Ils dépensent moins… et les détaillants souffrent.
* "De plus en plus d’Américains puisent dans leurs épargne retraite", continue le Wall Street Journal. Même logique. Les gens ont moins d’argent à dépenser ; ils regardent sous les coussins du canapé… utilisent plus de cartes de crédit… et cassent leur tirelire-retraite.
* "Les mises aux enchères de maisons ont grimpé de 47% depuis 2003", ajoute USA Today. Là encore, l’histoire sous-jacente est la même. Les gens mettent simplement les choses en ordre. Ils ont trop dépensé durant les années de fête. Bon nombre d’entre eux ont acheté des maisons qu’ils ne pouvaient pas vraiment se permettre. A présent, ils doivent réduire leurs dépenses et se débarrasser de leurs demeures aussi démesurées que leurs dépenses. Mais lorsqu’on trouve tant de gens dans la même situation, le marché pour les maisons démesurées se fait quelque peu encombré. Les acheteurs se retrouvent avec bien plus de choix qu’ils n’avaient il y a quelques années de ça. Et puisque les prix chutent, pourquoi se presser ? Mais bon nombre de vendeurs ont besoin de se débarrasser de leur maison — même à perte. Ils divorcent, par exemple… ou déménagent dans une autre région du pays… ou sont tout simplement incapables d’assurer le paiement. Que peuvent-ils faire ? Ils mettent leur domicile aux enchères et touchent du bois.
** "Fannie et Freddie ont dépensé 170 millions de dollars en lobbying", rapporte l’agence Associated Press.
* Qu’est-ce qu’on croyait ? Fannie et Freddie ne sont pas des anges. Ils savaient qu’avoir des amis bien placés ne peut pas faire de mal — surtout quand on a des relations si compromettantes. Avoir des amis à Washington coûte cher… mais les deux sociétés de crédit hypothécaire avaient les poches les plus profondes du pays — payant généreusement les honoraires et les dépenses d’une longue liste d’anciens membres du Congrès et de ronds-de-cuir de Capitol Hill. Les 170 millions versés aux lobbyistes n’étaient qu’un début. Les cadres des deux sociétés faisaient également partie des plus gros contributeurs aux campagnes électorales, aux programmes préférés des politiciens et à leurs bonnes œuvres de complaisance.
* Quelle magnifique arnaque ! Les deux firmes prétendaient être des parts importantes de la libre entreprise… participant au grand cycle risque/rendement avec toutes les autres sociétés capitalistes… alors qu’elles avaient le plus grand gouvernement au monde derrière eux ; ce n’était que récompense sans le moindre risque, dès le départ. Fannie et Freddie pouvaient canaliser des millions de dollars de profits, les faisant passer des propriétaires aux politiciens… puis, lorsque les ennuis arrivaient, mettre les pertes sur le dos des actionnaires et des contribuables.
** Qui est le plus bête : l’électeur ou l’actionnaire ? Nous n’en savons rien, mais les deux sont amusants à regarder — surtout quand ils sont nouveaux venus. Les néophytes prennent tout ça très au sérieux. Au Pakistan, par exemple, les investisseurs se sont révoltés la semaine dernière — brisant les vitres de la Bourse de Karachi et accueillant les officiels avec des jets de pierres.
* Le déclencheur de ce soulèvement populaire était le 15ème jour de baisse des cours — qui met la perte totale des investisseurs pakistanais à 35%. Cela nous semble plutôt léger, comme perte. Sur les grands marchés, les baisses peuvent laminer jusqu’à 80%-90% des positions boursières des investisseurs. Mais les Pakistanais sont relativement inexpérimentés, en termes de marchés modernes. Ils ne semblent pas réaliser que les prix baissent aussi bien qu’ils grimpent. Ils ne semblent pas non plus comprendre que les marchés sont censés être hors de portée des autorités publiques.
* "Nous exigeons que tous les cours boursiers soient gelés à leurs niveaux actuels", a déclaré un représentant de l’Association des petits porteurs — s’exprimant peut-être au nom de tous les investisseurs individuels de la planète. Bien entendu, il ne parlait pas pour les vendeurs à découvert — qui se sont régalés en début de semaine dernière.
* "On ne va pas tarder à entendre parler de suicides", continuait le porte-parole des investisseurs individuels, sans tout à fait comprendre le but du jeu — et puis les écailles ont semblé lui tomber des yeux :
* "Les législateurs privilégient toujours les gros courtiers et les grands investisseurs".
* Evidemment. Que pensait-il ? Combien d’investisseurs individuels invitent les législateurs à déjeuner ? Combien de capitalistes miniatures leur offrent des emplois… et leur glissent des enveloppes sous la table ? Combien d’individus louent des lobbyistes et de grands cabinets juridiques pour frayer avec les grands de ce monde, les flatter et leur passer la brosse à reluire ?