Même les meilleurs scénaristes d’Hollywood n’avaient pas imaginé voir flamber leur maison à Malibu !
Les scénaristes d’Hollywood ont beaucoup d’imagination concernant leur ville fétiche ; bien des films catastrophe ont eu comme décors ou comme thème la chute de Los Angeles.
Parmi les plus remarquables péplums des temps modernes, avec des scénarios de destructions apocalyptiques, souvenons-nous de 2012 (la fin du monde, L.A. d’abord détruite par des tornades géantes, puis engloutie dans les entrailles de la terre), de Volcano (éruption de type Kilauea et coulées de lave massive en plein centre de L.A., stoppée par les lances d’incendie puis déviée vers l’océan par des pompiers héroïques), de World Invasion-Battle Los Angeles (de méchants aliens tentent d’anéantir L.A. et Hollywood, mais ils se heurtent à la résistance d’indomptables Marines qui leur mettent une déculottée)… Ensuite, la ville est quasi anéantie par un méga-séisme dans San Andreas, puis on retrouve L.A. comme décors dans plusieurs Terminator, et une fois de plus ravagée par une éruption dans Destruction Los Angeles, un nanar de série Z de 2017.
A part dans 2012, où la planète entière y passe (Londres, Paris, Pékin, Tokyo, etc.), ou dans San Andreas (qui anéantit surtout San Francisco), Los Angeles triomphe à chaque fois de l’adversité grâce à l’imagination des scénaristes hollywoodiens, qui n’ont jamais imaginé un réseau hydraulique obsolète, des pompiers sans leurs matériel d’intervention (de nombreux camions avec lance à haut débit ont été envoyés en Ukraine), des bornes pompier hors d’usage, des réservoirs qui auraient dû être remplis à ras-bord laissés vides depuis presque un an (malgré les pluies torrentielles de début février 2024), l’absence surréaliste de pompes pour extraire l’eau du Pacifique et protéger les maisons construites au-dessus de l’océan sur la plage de Malibu, ou celles toutes proche des plages de Pacific Palisades (un copieux arrosage préventif à l’eau de mer aurait peut-être « grillé » les pelouses, mais aurait considérablement limité les dégâts sur les maisons et protégé les palmiers).
Les scénariste d’Hollywood n’ont jamais envisagé plusieurs départs de feu (probablement d’origine criminelle) simultanés qui grimpent à une vitesse folle le long de la colline, dévastant des quartiers des entiers sans que les pompiers aient le temps d’intervenir, ni des phénomènes plus troublants comme des centaines de maisons calcinées alors que pratiquement tous les arbres aux alentours sont intacts (les mêmes qui sont accusés d’être archi-secs et de s’enflammer à la moindre étincelle).
Les scénaristes d’Hollywood n’ont jamais imaginé le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, se désintéressant de la gestion du réseau d’adduction d’eau à l’échelle de l’Etat, se focalisant sur de meilleures conditions d’accueil des migrants illégaux ou prenant des décisions absurdes de rejet de l’eau dans l’océan. Ni imaginé la maire démocrate de la ville, Karen Bass, réduisant le budget de la prévention des incendies de 18 M$, ce qui a entraîné une baisse de la fréquence d’entretien du matériel, le report d’achat des fameuses pompes qui ont tant manqué et des dizaines de suppressions de postes.
Et ils n’avaient pas non plus imaginé les compagnies d’assurances résiliant unilatéralement et par milliers les contrats d’assurance, et leurs clauses « incendies », des résidents de Los Angeles quelques semaines avant la catastrophe.
Pour du flair, ça c’est du flair…
Mais les assureurs pourront facilement arguer qu’ils étaient parfaitement au courant de la déliquescence de la gestion de l’eau (si précieuse) par les autorités, qu’elle ne circulait plus dans de nombreuses canalisations, que les pompiers manquaient de matériel et d’effectifs, que quelques canadairs seulement étaient opérationnels alors qu’il en faudrait des dizaines pour une région aussi fréquemment victime de feux de broussailles (manque d’entretien des espaces sauvages) et de forêt.
En ce qui concerne les dégâts, ils sont d’ores et déjà chiffrés entre 100 Mds$ et 150 Mds$, mais les compagnies d’assurance ne vont pas devoir verser de telles sommes, car les résiliations ont été très nombreuses, ces derniers mois.
Selon une étude de LendingTree, environ 10% des maisons à Los Angeles ne sont pas assurées et selon le magazine Fortune, 75% des propriétaires touchés par les incendies pourraient découvrir que certaines exclusions en matière d’incendies « généralisés » ne leur permettront pas d’être indemnisés des pertes qu’ils ont subies. Ils devront donc se tourner vers l’Etat de Californie qui peut ou non faire jouer des mécanismes d’indemnisation en déclarant l’état de catastrophe naturelle.
Mais l’Etat de Californie va faire l’objet de nombreuses attaques pour ses manquements à la sécurité collective des habitants de Los Angeles et de sa région et la priorité accordée à des sujets comme l’inclusivité et la diversité, avec des recrutements basés sur certains « particularismes » et non plus la compétence, notamment dans le corps des pompiers.
Le fonds d’indemnisation des catastrophes en Californie ne rassemble que des sommes symboliques alors qu’il va probablement falloir trouver 24 Mds$ dans l’urgence.
En ce qui concerne les compagnies d’assurance, elles vont devoir verser au moins 20 Mds$ d’indemnités aux particuliers (pour des dégâts en réalité cinq fois plus importants au vu des premières estimations) et peut-être autant aux entreprises, notamment à celles qui distribuent l’électricité. Le réseau a été très endommagé par les flammes (pylônes effondrés, lignes coupées, court-circuits et transformateurs détruits par milliers, etc.).
Et c’est sans compter toutes les entreprises qui vont se retrouver au chômage technique, faute de courant ou d’eau potable (indispensable dans les bureaux). La chute d’activité à Hollywood pourrait également coûter très cher (on ne compte plus les stars qui ont perdu leur maison), sans oublier les pertes de recettes dans l’hôtellerie et la restauration qui vont être abyssales.
Autrement dit, ces incendies qui vont – c’est une certitude – s’avérer les plus coûteux de l’Histoire pourraient affecter profondément la santé économique de la Californie et pénaliser lourdement les entreprises impliquées (assureurs, énergéticiens) ou affectées par cette catastrophe sans précédent.
La réouverture en baisse de Wall Street ce lundi pourrait confirmer une inflexion baissière (-1,5% vendredi) provoquée par des chiffres de l’emploi jugés trop vigoureux vendredi et la persistance de pressions inflationnistes : les incendies ravageant la Californie sont de nature à faire flamber le prix des aliments, cet Etat étant le premier fournisseur de légumes frais et le verger de l’Amérique.
1 commentaire
Eh oui, il aurait sans doute mieux valu s’occuper de la Californie que de l’Ukraine.