▪ Que nous disent les marchés financiers ? Les actions montent, l’or baisse. MtGox a explosé comme le Krakatoa. Quant à Janet Yellen, elle soutient mordicus que c’est la météo qui ralentit l’économie américaine, rien de plus. Sauf que ce n’est pas nécessairement le cas.
Officiellement, le PIB US a grimpé de 1,9% l’année passée. Officieusement, les chiffres sont tellement bidouillés qu’une chèvre n’y retrouverait pas ses petits. Les Etats-Unis pourraient très bien être en récession, pour autant que nous puissions en juger. Il y a moins de gens au travail qu’à n’importe quel moment depuis les années 70. Les ventes des entreprises du S&P 500 n’ont grimpé que de 1,8%. Une telle proportion de cette croissance provient des ventes étrangères qu’on peut se dire que les ventes US à elles seules n’ont même pas suivi la croissance démographique.
D’ici 10 ans, il est probable que les Etats-Unis ne seront plus n°1 ni même n°2. |
▪ Qu’est-ce qui ne va pas ?
Lorsque le 21ème siècle a commencé, il y a seulement 13 ans, les Etats-Unis représentaient 25% du total de la production mondiale. A présent, ce chiffre a été nettement réduit — à 17% du PIB mondial. D’ici 10 ans, il est probable que les Etats-Unis ne seront plus n°1 ni même n°2. Ils devront plutôt se contenter de la médaille de bronze — à la troisième position derrière l’Union européenne et la Chine.
Pourquoi ? C’est en partie dû à un retour normal à la moyenne… mais c’est aussi dû à de monumentales erreurs de politique. Les autorités américaines semblent penser :
– Qu’on peut emprunter jusqu’à se sortir d’un problème de dette.
– Qu’on peut maintenir les taux d’intérêt artificiellement bas sans endommager l’économie réelle.
– Qu’on peut gaspiller la précieuse production du pays dans des activités zombies — dont des guerres, un système fiscal inefficace, des subventions, des renflouages et des programmes que personne ne comprend…
Nous avons parlé d’un exemple de distorsion économique causée par des taux ultra-bas — les robots. Avec un taux zéro, une entreprise peut emprunter de l’argent et remplacer un employé par un robot. Les coûts de main-d’oeuvre baissent. Les profits grimpent. La dette grimpe aussi… mais qui se soucie de ça ?
La presse parle d’une nouvelle « révolution énergétique » aux Etats-Unis, censée donner à l’empire un second souffle. |
Autre exemple, avec des taux ultra-bas, les producteurs d’énergie peuvent forer dans des régions difficiles pour une production marginale de pétrole et de gaz. Tant que les coûts du capital sont maintenus sous contrôle par les taux bas, quasiment n’importe quel retour sur investissement semble avantageux. Suite à quoi la presse parle d’une nouvelle « révolution énergétique » aux Etats-Unis, censée donner à l’empire un second souffle.
Le problème… c’est que ce n’est pas nécessairement le cas. Selon Bloomberg :
« Le chemin vers l’indépendance énergétique américaine, rendue possible par un boom du gaz de schiste, sera bien plus difficile qu’il n’y paraît.
Voici seulement quelques-uns des obstacles qui barrent son chemin : les producteurs indépendants vont dépenser 1,50 $ en forage cette année pour chaque dollar qu’ils récupèrent.
La production de ces gisements chute plus rapidement que la production de méthodes conventionnelles. Il faudra 2 500 nouveaux puits par an rien que pour soutenir la production d’un million de barils par jour dans le gisement de Bakken, dans le Dakota du Nord, selon l’Agence internationale de l’énergie, basée à Paris.
L’Irak pourrait parvenir au même résultat avec 60 puits.
Les foreurs poussent pour qu’on maintienne le rythme sans précédent des 39% de gains de production pétrolière américaine depuis la fin 2011. Cependant, atteindre l’indépendance énergétique américaine dépend du crédit facile et de prix pétroliers assez hauts pour couvrir les coûts des puits.
Même avec le brut à plus de 100 $ le baril, les producteurs de pétrole de schiste dépensent de l’argent plus rapidement qu’ils n’en gagnent ».
Un second souffle pour l’empire ? Une reprise aux Etats-Unis ? Peut-être pas.