Les riches sont-ils tous des voleurs ? Pourquoi sont-ils plus riches ? D’où vient cette nouvelle fortune ? Bill Bonner mène l’enquête… et campe sur ses positions.
L’un de nos lecteurs, Mario P., nous met au défi…
« Bill, franchement, vous racontez des c***eries. ‘De l’argent volé au public’… Arrêtez avec ça ! Oui, il y a des gens qui gagnent beaucoup d’argent de manière illégale ou peu scrupuleuse, mais tous les riches ne sont pas des voleurs. Reprenez-vous. »
Très bien – revoyons cela en détails. Les riches sont devenus beaucoup plus riches. Nous voulons savoir d’où vient l’argent.
Mais avant de commencer notre enquête, clarifions les choses. Nous n’accusons pas les riches de voler l’argent… nous avons dit qu’ils étaient les « destinataires » du butin. Il y a une grosse différence.
Nous apprécions peut-être un bon film policier, mais cela ne veut pas dire que nous voulons tuer qui que ce soit.
Double choix
Nous en arrivons là à une question importante. Si l’on réduit la question à l’essentiel, il n’y a que deux choix : l’argent est obtenu soit honnêtement… soit malhonnêtement.
Dans quel cas sommes-nous ?
Pour encadrer un peu plus précisément la discussion : nous avons vu que la Réserve fédérale est en mesure de faire grimper les cours boursiers à volonté.
Nous avons calculé que, sur les 30 dernières années, les interventions de la Fed sur les marchés ont apporté à une famille moyenne de quatre personnes, faisant partie des 10% les plus riches de la population, un million de dollars supplémentaires.
Cette famille n’a rien fait de mal – mais l’argent qu’elle a touché était fondamentalement malhonnête. Il venait du programme de contrefaçon de la Fed, pas du travail honnête.
Une longue attente
Prenons un exemple pour voir si cela a un sens.
La semaine dernière, la capitalisation boursière du géant technologique Apple a dépassé les 2 000 Mds$. De l’agence Reuters :
« Apple est devenue mercredi la première entreprise américaine cotée ayant une valeur boursière de 2 000 Mds$, les investisseurs de Wall Street ayant choisi d’ignorer les défis posés à l’écosystème iPhone, et de parier qu’elle ne fera que prospérer plus encore dans le monde post-coronavirus. »
Cela rend la capitalisation boursière d’Apple supérieure au PIB de 178 pays étrangers. Même le Canada – sur une année entière – n’enregistre pas ce genre de somme.
Cela met aussi le PER de la société à 35. Ainsi, en se basant sur les bénéfices actuels, si vous achetiez toute l’entreprise et empochiez chaque dollar de revenus, il vous faudrait attendre 2055 pour récupérer votre mise.
Richesse réelle
Le problème avec la technologie, c’est qu’elle ne reste pas immobile longtemps. Apple est une excellente entreprise aujourd’hui. Demain, qui sait ?
Dans 30 ans, les gens utiliseront-ils encore les téléphones et tablettes Apple ? Ou, tout comme Digital Equipment, Kodak, Wang, Sperry, Control Data… la liste est longue… seront-ils oubliés ?
On ne peut pas en vouloir aux investisseurs d’acheter Apple. Mais l’entreprise vaut désormais 1 000 Mds$ de plus qu’il y a cinq mois. D’où vient cet argent ?
Les ventes « grimpent en flèche », répond l’industrie financière, grâce à l’effet d’aubaine technologique qui s’est produit durant le confinement. Cela permettrait aux investisseurs d’anticiper un flux de futurs revenus encore plus important.
Ces revenus, bien sûr, sont de la richesse réelle… de l’argent honnête ! En d’autres termes, ils disent que l’entreprise vaut en réalité plus.
Weimar, toute !
Cependant, le prix actuel d’Apple ne reflète pas de manière plausible les revenus attendus réduits à la valeur actuelle. Les revenus de l’entreprise grimpent de moins de 3% par an, en moyenne, depuis quatre ans. Même avec l’envolée du dernier trimestre, ses profits sont à un niveau inférieur au même trimestre il y a deux ans.
Nous soupçonnons que la majeure partie des investisseurs ne font pas d’analyse poussée. Il est plus probable que bon nombre des 10 millions d’investisseurs qui ont ouvert des comptes sur l’appli de trading Robinhood sont des admirateurs des produits Apple… et ne se posent pas plus de questions.
Nous soupçonnons aussi que la lévitation du marché boursier en général, et d’Apple en particulier, est l’œuvre des magiciens de la Fed…
Cela fait 30 ans qu’ils y travaillent – prudemment au début… avant de passer en mode « Weimar, toute » actuellement.
Très efficace
Cette « inflation » monétaire de la part de la Fed semble être très efficace sur les marchés boursiers. La Fed injecte de l’argent dans l’industrie financière – prêté à des taux inférieurs au niveau d’inflation des prix à la consommation. Les prix grimpent.
Si la Fed n’avait pas soutenu le marché obligataire en septembre… et plus encore durant le confinement… Apple serait probablement à moins de la moitié de ce qu’elle est aujourd’hui. Les 1 000 Mds$ supplémentaires s’envoleraient.
Cela vous conduit peut-être à dire que les prix boursiers actuels sont « factices »… qu’ils ne sont pas réels… ou qu’ils pourraient être divisés par deux d’ici demain.
Vous auriez raison.
Mais tant que la Fed continue d’intervenir, un investisseur peut vendre ses actions à leurs prix « factices »… et utiliser l’argent pour acheter de vraies choses.
C’est-à-dire qu’il peut acheter les services d’un plombier… une Corvette 1967… ou le pain que le boulanger vient de sortir du four.
Un système pourri
Notre investisseur a-t-il « volé » ces choses ? Bien sûr que non.
Mais le système entier est pourri.
Les investisseurs boursiers finissent avec de la richesse gagnée par quelqu’un d’autre. Dans les faits, il s’agit d’une propriété volée au public avec de la fausse monnaie.
Le vendeur a peut-être le sentiment d’avoir fait une bonne affaire. L’acheteur est peut-être content aussi. Personne ne fera de procès à personne. Personne ne finira en prison.
Mais, en fin de compte, des milliers de milliards de dollars de richesse réelle changent de main – achetés avec de l’argent immérité et contrefait.
Quelqu’un se fait arnaquer, en d’autres termes…
… Même s’il ne comprendra peut-être jamais pourquoi.