Pour un investisseur à la recherche de rendement au tournant de l’année, les actions ou l’immobilier ne semblent pas être le choix le plus judicieux. Un type de fonds en particulier pourrait offrir de meilleures possibilités…
Et si la hausse des taux directeurs, qui tire inexorablement le rendement des obligations d’Etat, touchait à sa fin ?
L’hypothèse, qui aurait pu sembler farfelue cet été, semble de moins en moins improbable avec la multiplication des signaux de détente de la part des banques centrales, Fed en tête. Il faut dire que la hausse brutale des taux directeurs dans un contexte d’inflation causée par un choc de l’offre a surpris plus d’un économiste… et mis les budgets publics dans une situation inextricable.
Comme l’expliquait très justement Porter Stansberry la semaine dernière dans un entretien avec Bill Bonner, les USA doivent respecter d’une manière ou d’une autre un plafond de verre quant au rendement de leur dette car « si le gouvernement américain devait payer un taux d’intérêt de 6% sur l’ensemble de la dette qu’il a contracté jusqu’à présent, ce montant serait supérieur à l’ensemble des recettes fiscales ».
Bien sûr, ce calcul « toutes choses égales par ailleurs » oublie un élément-clé : l’inflation. Une inflation lissée dans le temps permet de s’assurer que les revenus des ménages suivent la hausse des prix. Dans un contexte d’inflation forte et stable dans le temps, par exemple 10 % par an comme ce que nous connaissons actuellement, les négociations annuelles sont l’occasion pour les salariés de voir leurs revenus réévalués à la hausse.
Or, 10 % de salaire en plus quand les prix ont augmenté de 10 % n’est pas une opération neutre, car les impôts sur les revenus sont non-linéaires dans la plupart des pays et l’indexation des grilles d’imposition joue toujours en faveur de l’État. Résultat des courses : lorsque l’inflation est forte et stable dans le temps, les épargnants et retraités sont sacrifiés ; les actifs tirent (plus ou moins) leur épingle du jeu… et l’État gagne sur tous les tableaux.
Mais, même si l’inflation lissée sur plusieurs années permet de remonter le niveau soutenable du rendement de la dette étatique, il existe bien un plafond au-delà duquel les Etats ne peuvent pas aller.
Partant de ce constat, le rendement de la dette publique passera mécaniquement par un sommet avant de se stabiliser, et de refluer. Or, le prix de l’argent sans risque fixe également la rentabilité de tous les placements financiers.
Après la période de hausse brutale des taux que nous avons connue, il faut envisager que nous puissions avoir atteint un maximum de rendement sur la dette publique et privée pour les années à venir.
Dans ce cas de figure, les investisseurs ont tout intérêt à sécuriser les rendements actuels avant leur possible chute. C’est ce que permettent de faire les fonds à terme, de plus en plus nombreux à voir le jour.
Pourquoi sécuriser du rendement ?
Certains analystes continuent de prétendre que, dans un contexte d’inflation à 10%, le rendement des obligations d’Etat à long terme (2,6% pour le 10 ans français fin octobre, 3,7% pour son pendant américain), est notoirement insuffisant et fait perdre de l’argent aux investisseurs.
C’est vrai, mais c’est aussi prendre le problème à l’envers : les investisseurs subissent l’inflation quoiqu’ils fassent, et la question qui les taraude est de savoir comment maximiser le couple rendement/risque de leur épargne.
Or, les alternatives sont de moins en moins nombreuses.
Le rendement des actions reste insuffisant : le CAC 40 sert un coupon de l’ordre de 3%, tandis que les actions qui composent le S&P 500 servent un ridicule 1,6%… Un investisseur à la recherche de revenus réguliers n’a donc que peu d’intérêt à se tourner vers les actions.
Même l’immobilier, qui peut être considéré par les investisseurs prudents dans une optique de génération de rendement, fait pâle figure face aux obligations d’Etat. Traditionnellement première cible des gouvernements en mal d’argent frais, faisant peser un risque considérable aux propriétaires du fait de l’inflation des normes, et offrant dans les grandes villes des rendements locatifs ridicules, il est désormais un outil de spéculation plus que d’investissement.
Pour qui veut faire fructifier son capital, les obligations d’Etat et d’entreprises solides offrent actuellement l’un des meilleurs couple rendement/risque.
Avec des signaux faibles qui indiquent que la hausse des taux d’intérêt pourrait bientôt toucher à sa fin, il est temps pour ceux d’entre vous qui souhaitent valoriser leurs économies sur 2, 3 ou 5 ans, de verrouiller les rendements actuels.
L’ingénierie financière au service des particuliers
La bonne nouvelle pour les investisseurs que nous sommes est que nous vivons une époque où l’ingénierie financière n’est plus réservée aux hedge funds pesant des dizaines ou des centaines de milliards de dollars.
Désormais, les produits financiers complexes sont accessibles au plus grand nombre sous la forme de titres qui peuvent être achetés et vendus chez la plupart des courtiers.
Vous connaissez certainement les ETF indiciels qui permettent, en quelques clics, « d’acheter le marché ». Toutes les publications le prouvent : l’écrasante majorité des particuliers auraient de meilleures performances de long terme en achetant (et oubliant) des ETF indiciels qu’en essayant de s’adonner à l’achat de titres vifs.
Il est, de la même manière, possible d’acheter des fonds « à terme » qui permettent de sécuriser les rendements actuels à échéance donnée. Les émetteurs l’ont bien compris et ce sont, selon un décompte des Echos, pas moins de 17 fonds à échéance qui sont nés au cours des deux derniers mois.
Il est ainsi aisé de trouver des fonds qui prévoient une liquidation entre 2025 et 2028, un horizon de temps qui est compatible avec la plupart des projets de vie des investisseurs ayant des sommes à placer en cette fin d’année.
Avec la garantie d’une liquidation du fond à échéance, leur prix et leur rendement est plus lisible pour les investisseurs que les ETF basés sur les obligations d’Etat. Et contrairement aux assurances-vie en euros, ils n’ont pas à s’encombrer d’un douloureux passif d’obligations à taux négatifs achetées durant les dix dernières années.
Le LMdG Float-To-Fix 2027 (FR0013370988), par exemple, investit sur les obligations d’émetteurs privés ou souveraines de catégorie Investment Grade (de notation supérieure ou égale à la note BBB- de Standard & Poor’s) dont la maturité est au 31 décembre 2027.
De son côté, Sanso Objectif Durable 2024 est le premier fonds obligataire à échéance labellisé ISR. Fondé en 2019, son échéance proche en fait un bon support de placement à court terme. Libellé en euro (FR0010813329) ou en dollar (FR0010917245), il permet même de s’exposer à l’évolution de la parité EUR/USD.
Bien sûr, le rendement supérieur des fonds à échéance par rapport aux assurances-vie se fait au prix d’un risque supérieur. Ces fonds restent soumis au risque de défaut des prêteurs, contrairement aux contrats en euros qui sont, en théorie, garantis… mais chacun sait que cette garantie n’est que théorique et ne résisterait pas à un choc systémique et à des défauts en cascade de prêteurs souverains.
Sécuriser un rendement annuel entre 3% et 4% avec des emprunts d’Etat ou d’entreprises à la situation financière saine pourrait donc s’avérer une des meilleures stratégies pour les prochaines années. D’autant que l’investissement obligataire a l’avantage, par rapport au placement en actions, de garantir (sauf en cas de faillite) le remboursement intégral du principal à échéance.
Une différence de taille lorsque les marchés risquent de corriger de plusieurs dizaines de pourcents sur la même période.