Des poids lourds de l’économie française expriment de plus en plus ouvertement leur frustration face à l’environnement fiscal et réglementaire hexagonal.
TotalEnergies affiche des bénéfices records, dépassant les 15 milliards d’euros sur l’année. Depuis la réouverture post-pandémie, ses profits restent près du double des niveaux de 2019.
Cette performance attire les investisseurs de Wall Street, qui renforcent leur emprise sur le capital de la multinationale. Selon Les Echos, les Américains détiennent désormais 40% des parts. Face à cet engouement, le groupe envisage une cotation à New York pour élargir l’accès aux fonds et traders internationaux, tout en maintenant pour l’instant son siège à Paris.
L’attractivité du marché américain
Les Etats-Unis offrent un environnement plus favorable aux entreprises : une base d’investisseurs plus large et une régulation moins contraignante.
Comme le montre le baromètre Ernst & Young, l’écart entre les Etats-Unis et le reste du monde, en matière de levées de fonds en Bourse, est abyssal. En 2024, les introductions en Bourse ont permis de lever :
- 38 milliards de dollars aux Etats-Unis ;
- 4,14 milliards en Europe ;
- 3,82 milliards en Chine ;
- 1,14 milliard pour le reste du monde.
Aux Etats-Unis, la cotation en Bourse n’est pas seulement un moyen d’attirer des capitaux, mais aussi un levier stratégique : elle facilite l’émission de stock-options, un puissant incitatif pour les salariés.
Quand les rameurs aux gros bras quittent la galère
L’environnement européen devient de plus en plus hostile aux grandes entreprises. Entre la multiplication des taxes sous prétexte de la transition écologique et l’instauration de nouvelles normes de reporting, les incitations au départ s’accumulent.
Dans ce contexte, l’hypothèse d’un exil de TotalEnergies vers des territoires plus cléments semble gagner en pertinence.
Déjà en avril 2024, Patrick Pouyanné, le P-DG de TotalEnergies, confiait à Bloomberg qu’il envisageait de coter sa société à New York et non plus à Paris, en indiquant cependant lors de son audition ultérieure au Sénat qu’il ne déménagerait pas le siège.
Florent Menegaux de Michelin, auditionné par le Sénat le 22 janvier 2025, ferme deux usines à Cholet et Vannes, déplore le manque de compétitivité de la France, chiffres à l’appui, et parle de « cauchemar administratif ».
Bernard Arnault de LVMH monte au créneau sur la surtaxe dans une conférence de presse le 29 janvier 2025.
Dernier en date : Eric Trappier de Dassault Aviation le 4 février évoque une vague de désindustrialisation.
Si des bons rameurs du capitalisme de connivence lâchent la galère France, c’est qu’ils n’y trouvent plus leur compte. TotalEnergies, Michelin, Dassault Aviation ne se plaignaient jusque-là pas beaucoup et semblaient toujours s’accommoder de plus d’impôts et de contraintes étatiques.
TotalEnergies, au lieu de se consacrer pleinement à son métier de pétrolier, chasse les subventions des énergies dites renouvelables et de la transition énergétique. Michelin, entravé par les exigences écologistes, a cependant été consolé en France par la Loi montagne ; rentrée en vigueur en 2024, elle oblige les automobilistes de 34 départements à s’équiper de pneus neiges de novembre à mars. Dassault Aviation n’existerait pas sans commandes publiques. En revanche, personne ne vous subventionne ou ne vous rackette fiscalement pour acheter des produits LVMH…
La fuite d’entreprises crée aussi plus d’ennuis pour les projets de levées de taxes, comme solution aux déficits.
La menace du marché obligataire
Nous continuons à penser qu’il existe aujourd’hui une double menace : que les actions décrochent brutalement, mais aussi que le marché obligataire – donc les grandes devises des pays lourdement endettés – chute aussi.
Nous ne sommes pas les seuls à le penser ; la hausse de l’or, que nous considérons comme le flic des monnaies, est significative.
Si un pays porte une dette publique équivalente à la taille de son économie et que la croissance de son activité économique devient inférieure à son taux d’emprunt moyen, ça sent le roussi.
Pour payer la charge de la dette, il faut que l’Etat surendetté prélève tous les fruits de la croissance et encore plus.
L’activité économique baissera puisque les entrepreneurs n’ont plus de quoi investir. La charge de la dette montera et… c’est la ruine. Ce processus se déroule maintenant sous nos yeux en France.
Aujourd’hui, la dette publique de la France représente plus de 112% de son économie. Son taux d’emprunt moyen sur ces 3 220 Mds€ d’emprunts est de 2,92% (source). La prévision de croissance est de 0,9% (source). Par conséquent, il faut amputer la croissance pour garantir le paiement des intérêts.
Le budget du Premier ministre prévoit 37 milliards de dépenses publiques supplémentaires et, bien entendu, aucune économie ; 21 milliards d’impôts nouveaux s’abattront sur la population, dont 8 milliards seront pris par une surtaxe des grandes entreprises qui verront l’impôt sur les sociétés passer de 25% à 40%.
Pour ces grandes entreprises, le ressenti, comme on dit de nos jours, est mauvais. De plus en plus mauvais. Ce budget aggrave la situation.
Récapitulons…
Les dépenses publiques flambent, le matraquage fiscal s’intensifie et la désindustrialisation s’accélère, la croissance économique est plombée.
Mais tout ceci n’affole pas les marchés obligataires pour le moment. Les taux sur la dette baissent depuis janvier.
Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, comme disait le Candide de Voltaire. La faillite de la France, le haircut (ponction sur les dépôts bancaires) ou l’impôt patriotique pour sauver la dette française ne semblent pas se profiler pour le mois prochain.
Pourtant, comme déjà dit, l’or poursuit sa tendance haussière face au dollar comme à l’euro, ce qui tend à montrer que tout n’est pas normal.
Que faire de son argent ?
Nous voyons l’or comme une assurance contre une débâcle monétaire. Tant que ce niveau de dettes publiques persiste, tant que des actions ne sont pas prises pour diminuer drastiquement les dépenses publiques, l’or doit se voir comme la devise ultime.
Le dollar et les entreprises américaines présentent de meilleures perspectives que l’euro et les entreprises européennes. C’est pitoyable car il existe de belles entreprises françaises mais avec le niveau d’impôt sur les sociétés qu’elles vont devoir acquitter, il leur restera beaucoup moins pour investir et rester les meilleures ou récompenser en dividendes leurs actionnaires.
Certes, les Etats-Unis sont également surendettés. Mais leurs perspectives de croissance sont meilleures (2,5% pour 2025) et l’Etat fédéral a déjà commencé à couper dans ses dépenses. On peut donc envisager d’investir une petite partie de ses avoirs financiers en zone dollar dans de robustes entreprises américaines. En étant cependant conscient qu’en cas de sévère correction, il vous faudrait entre 2 ans et 10 ans pour récupérer votre mise.
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1 commentaire
C’est scandaleux ! Même dominés par cet idiot de Trump les USA seraient plus efficaces que l’Europe de Van Layen et Macron ? Où va le monde ?