A force de tricher, les autorités monétaires en viennent à croire en leurs propres mensonges, dans un jeu de miroirs vertigineux… et dangereux.
La Fed est prise dans un imaginaire vertigineux, dans un jeu de miroirs sans fin qui la fait s’éloigner de plus en plus du monde réel et s‘enfoncer dans le terrier du lapin blanc d’Alice au Pays des Merveilles.
Chez Alice, il y a des taux négatifs, des demandes de dépôts négatives, etc.… mais il y a aussi la Reine Rouge qui nous dit que, dans le monde, il faut courir de plus en plus vite pour rester à la même place !
C’est sans fin et c’est vertigineux de stupidité.
Tout cela est pure folie et mène à la catastrophe. Les hommes se surévaluent ; à force de tricher et mentir, ils finissent par croire à l’univers bidon qu’ils ont créé – et comme ils ont la toute-puissance des mots/récits, ils en arrivent à croire qu’ils ont la toute-puissance de transformer le monde réel !
Hélas, quand on chasse le naturel, disait le bon vieil Aristote, un jour il revient au galop.
Et cela n’augure rien de bon pour les marchés…
Illusion de pouvoir et réunion virtuelle
Au cours de la semaine à venir, les « responsables » de la Fed se réuniront virtuellement pour leur symposium annuel, qui se tient normalement à Jackson Hole, Wyoming.
Le sujet brûlant sera l’intention de nombreux responsables de la Fed de s’éloigner d’une politique monétaire accommodante.
La Fed pourrait maintenir les tensions sur les marchés à un niveau élevé. Les actions ont réagi négativement aux dernières minutes de la Fed selon lesquelles la plupart des membres soutiennent un ralentissement des achats d’obligations dès cette année.
Les efforts de la Réserve fédérale pour renverser sa politique accommodante seront donc le thème dominant pour les marchés au cours de la semaine à venir.
Plutôt que de se réunir au pied des Grands Tetons, dans l’air vif de la fin août, les banquiers centraux tiendront leur symposium annuel de politique économique de Jackson Hole en ligne, en raison des risques liés au Covid.
Les responsables de la Fed seront sous pression pour se diriger doucement vers moins de soutien monétaire, sans créer une crise sur le marché.
Les responsables de la Réserve fédérale, dans de nombreux discours et entretiens récents, ont déjà réussi à accélérer les attentes quant au moment où ils pourraient commencer à réduire lentement leurs 120 Mds$ d’achats obligataires par mois.
Un discours crucial ?
Le discours du président de la Fed est généralement le point culminant de l’événement annuel, et plusieurs présidents de la Fed ont utilisé la réunion de Jackson Hole pour envoyer des messages importants.
La question est de savoir si Jerome Powell utilisera son discours vendredi matin pour fournir plus de détails sur la façon dont la Fed pourrait commencer à dénouer ses achats d’obligations, et même s’il est personnellement prêt à l’accepter.
Personnellement, je ne m’attends pas à une grande révélation politique lors de cette réunion. Je ne pense pas que ce soit le moment où Powell veut vraiment faire sensation.
Il serait stupide de se lier les mains et de trancher : son intérêt personnel pour sa crédibilité est de gérer les oscillations des anticipations plutôt que de faire pencher la balance. Mais on ne sait jamais.
Powell ne devrait pas annoncer le taper magique ; il va parler des progrès qui ont été réalisés depuis le début de l’épidémie de Covid, et dire que l’incertitude demeure cependant.
La publication, mardi dernier, du compte-rendu de la dernière réunion officielle a secoué les investisseurs. Le procès-verbal décrit la plupart des membres du Federal Open Market Committee comme étant prêts à diminuer les achats dès cette année si l’économie est suffisamment forte.
On acclimate à l’idée du taper
Le dernier procès-verbal a provoqué des hoquets sur les marchés : les investisseurs ont réagi à l’idée que la Fed ferait ses premiers pas pour réduire la politique qu’elle a utilisée pour lutter contre l’impact de la pandémie.
La réduction du programme d’obligations pourrait prendre des mois, mais une fois qu’il se terminera, cela pourrait annoncer le début de hausses de taux.
Ce procès-verbal fait bien entendu partie de la gestion des opinions et des anticipations du jury dont nous avons parlé hier.
On introduit du continu, des affirmations et des dénégations sur du fractal, sur du « tout ou rien ». C’est l’un des outils de la Fed : mettre du pseudo-continu sur du fractal.
L’obsession qui transparaît est de désamorcer la colère du marché.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]