▪ Une consolidation « à plat » entre 4 240 et 4 300 points (soit 1,5% d’écart) qui dure depuis 21 séances ? Ne cherchez pas, cela se passe à Paris… et vous avez naturellement identifié le CAC 40.
Cela s’est-il déjà produit ? Ne cherchez pas là non plus, la réponse est non.
Par défaut, avons nous déjà pu observer quelque chose d’approchant ?
La réponse est oui : une stagnation de 21 séances (tiens, tiens) entre le 3 et le 31 mai 2007, au sein d’un corridor délimité par 6 000 et 6 120 points — soit très exactement 2% d’amplitude. Et comment cela s’était-il terminé ?
Par une fausse sortie haussière le 1er juin 2007. Le CAC 40 avait inscrit un record annuel — sans lendemain — de 6 168 points avant de décrocher de 5% en quatre séances.
Le pic d’euphorie du 1er juin 2007 a été un magnifique exemple de bull trap. Il en avait été de même — dans une version beaucoup plus violente — pour la fausse sortie au-delà des 6 700 points les 1er et 4 septembre 2000 (envolée entre 6 650 et 6 944 en 48 heures). Cela à l’issue d’une période de stagnation sans précédent et jamais égalée à ce jour : 13 semaines au sein d’un corridor 6 400/6 700 entre le 1er juin et le 31 août 2000.
Les séances pièges des 1er juin 2007 et 4 septembre 2000 pourraient bien trouver leur équivalence dans le pic intraday des 4 356 points du 7 novembre — le CAC 40 en avait terminé à 4 280 points.
▪ Le vrai moteur des marchés ?
Si nous pouvons effectivement identifier une concordance graphique, le climat conjoncturel et le taux de participation des épargnants n’ont absolument rien à voir.
Ils sont même aux antipodes en 2013 : nous avons une fausse croissance à crédit, péniblement ressuscitée par des torrents de liquidités sorties du néant — la survalorisation des actifs étant orchestrée par un acheteur unique, la Fed, docilement épaulée par la Banque du Japon et la Banque d’Angleterre.
Contrairement à 2000 ou 2007, il n’y a aucune psychologie des foules à analyser ; seulement celle des membres de la Fed… lesquels dansent comme des pantins ou bout des ficelles manipulées par Goldman Sachs (GS) — c’est tout du moins le message implicite véhiculé par les personnages les plus influents de « La Firme ».
Goldman Sachs a en effet placé une multitude de ses hommes (ou ex-directeurs associés) comme « conseillers spéciaux » auprès de Barack Obama et dans l’entourage de tous les secrétaires au Trésor qui ont succédé à Hank Paulson (ex-PDG de GS, tout comme Robert Rubin l’avait été avant lui).
Ils se pressent désormais dans les couloirs menant au bureau de Jacob Lew, l’actuel secrétaire au Trésor (ancien directeur de Citigroup). Plusieurs « ex » sont également présents au conseil de la Fed ou agissent comme conseillers techniques des collaborateurs de Ben Bernanke.
GS ne manque pas de se poser comme l’intermédiaire incontournable entre les attentes de Wall Street — ou de la City — et les décideurs de la politique monétaire mondiale (Mark Carney ou Mario Draghi étant issus de ses rangs).
▪ Que dit la Fed exactement ?
Refermons la parenthèse Goldman Sachs pour nous concentrer sur la communication embrouillée de la Fed depuis plusieurs semaines. David Lockhart, président de la Fed d’Atlanta, a infléchi son discours de vendredi. Il se disait dubitatif sur la vigueur de la reprise… mais il annonce que la question du tapering sera sur la table lors de la prochaine réunion de la Fed en décembre (d’où l’accélération du repli à Wall Street hier vers 17h45).
Les propos de Narayana Kocherlakota, président de la Fed de Minneapolis, qui s’exprimait une heure plus tard, étaient beaucoup plus emberlificotés au sujet de l’opportunité de rediscuter d’un tapering lors des prochains FOMC.
Nous rappelons qu’il est le principal partisan d’un projet visant à abaisser à 5,5% l’objectif de taux de chômage avant d’envisager de relever les taux… ce qui équivaut à instaurer une politique de taux zéro quasi-éternelle, à la japonaise.
Les opérateurs n’attendent guère d’éclaircissements de la part de Janet Yellen devant les membres du Congrès US (sénateurs) jeudi. Ils sont bien convaincus qu’elle évitera de trop s’avancer en termes de future stratégie monétaire afin de ne pas se voir reprocher d’avoir cherché à imprimer sa marque sur Wall Street avant que Ben Bernanke n’ait achevé son mandat.
Wall Street n’a pas fait grand chose qui vaille la peine que l’on s’y attarde mardi soir. Les indices américains affichaient en clôture un biais légèrement négatif. Les pertes de la mi-séance (-0,4% en moyenne) avaient été réduites de moitié — grâce au brouillard conceptuel répandu par M. Kocherlakota ? Au final, le Dow Jones a consolidé de -0,21%, le S&P 500 de -0,24% tandis que le Russell 2000 et le Nasdaq Composite terminaient strictement inchangés.
Nous avons surtout remarqué une nouvelle bouffée d’euphorie sur le Dow Transport : il grimpait de 0,69% alors que le pétrole chutait de 2,2% à 93 $, au plus bas depuis les 3 et 21 juin dernier.
Et devinez quoi ? Les grandes corrections boursières de septembre 2008, août 2011 et mai 2012 avaient toutes été précédées par un décrochage des prix de l’énergie et des matières premières exactement 10 à 12 semaines avant que les actions ne plongent à leur tour…