La Fed vient de réaffirmer qu’elle raréfierait le crédit. Les probabilités de krach augmentent.
Aujourd’hui, nous allons parler de choses ennuyeuses, sérieuses et ridicules : Janet Yellen, la Fed et sa prétention à contrôler l’économie, le chômage, l’inflation.
La présidente de la Fed a tenu des propos « faucons » hier. Dans le jargon financier, un « faucon » est partisan de taux plus élevés (on crée moins de crédit) tandis qu’une « colombe » est partisane de taux moins élevés (on crée plus de crédit).
La teneur des propos de Janet Yellen était étrangement humble alors que d’habitude la Fed prétend savoir tout sur tout.
« Il serait imprudent de ne pas intervenir avant que l’inflation soit revenue à 2%. […]
Mes collègues et moi-même avons peut-être méjugé la force du marché du travail, le degré de consistance entre les attentes d’inflation à long terme et nos objectifs d’inflation, ou même les forces fondamentales guidant l’inflation«
Je suis désolée de vous imposer la lecture de ces phrases indigestes. Mais la qualité de la matière première dont je pars est pitoyable et la langue de bois française est encore plus lourde que la langue de bois anglo-saxonne…
« It would be imprudent to keep monetary policy on hold until inflation is back to 2 percent. […]
My colleagues and I may have misjudged the strength of the labor market, the degree to which longer-run inflation expectations are consistent with our inflation objective, or even the fundamental forces driving inflation.«
Imaginez le commandant de bord de votre avion vous disant :
« Il est imprudent de prolonger ce vol jusqu’à la destination prévue.
L’équipage et moi-même avons peut-être mal interprété les informations des instruments de bord, qui d’ailleurs ne sont pas adaptés à ces vols commerciaux ».
Pas rassurant, n’est-ce pas ? Vous vous penchez peut-être pour tâter sous votre siège la présence du gilet de sauvetage promis dans le cas où le crash se produirait en mer.
Pourtant, les marchés, eux, n’ont pas été terrifiés.
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La Fed avoue qu’elle ne comprend rien, que ses statistiques sont bidons et qu’elle ne sait pas ce qui fait naître l’inflation, mais M. le Marché s’en fiche !
Pourtant, M. le Marché sait que les valorisations actuelles sont soufflées par les taux bas, comme le soulignait Bill Bonner.
« La Fed a créé 3 600 Mds$ d’argent frais… qu’elle a injecté sur les marchés financiers pour acheter des obligations. En abaissant les taux d’intérêt… en grugeant les épargnants… et en permettant à des sociétés comme Toys « R » Us, et beaucoup d’autres, d’emprunter démesurément… Cet argent a provoqué le marché haussier à Wall Street et multiplié par trois les performances du Dow Jones. »
Remonter les taux produira donc l’effet inverse.
Moins d’argent (de crédit) ? Krach en vue !
Quel sang-froid, quel héroïsme ! A moins que… M. le Marché aurait-il un parachute que nous n’avons pas, nous qui n’avons droit qu’au gilet de sauvetage au cas (improbable) où nous survivrions au crash ?
Oui, bien sûr !
M. Le Marché achète toujours car il sait – on lui a promis – qu’il trouverait toujours preneur lorsqu’il serait vendeur. Il saura le moment où il faudra appuyer sur le bouton « vendre » et alors il trouvera quelqu’un à un très bon prix.
Toujours.
C’est pour cela que les banques centrales existent. M. le Marché vendra à sa banque centrale qui lui fournira « de la liquidité ».
Cette option de vente, les spécialistes l’appellent le « put Greenspan ».
Mais vous, cher lecteur, vous n’avez pas ce parachute magique. Vous ne croquez pas des petits fours à l’Eurogroupe, à Jacksonville ou à Davos aux côtés des banquiers centraux.
Vous, vous savez aussi que les valorisations sont excessives selon tous les critères habituels de mesure. Les obligations sont à un plus haut de 5 000 ans. Oui, 5 000 ans que les taux d’intérêt n’avaient pas été si bas.
Que fait le gérant de votre assurance-vie ? Saura-t-il appuyer sur le bouton à temps ?
Le parachute du pauvre, l’assurance qui vous permettra de protéger une partie de votre patrimoine financier contre la débâcle qui s’annonce, c’est l’or.
[NDLR : de l’or mais pas n’importe lequel. Cette pièce bénéficie d’un statut qui lui permet d’avoir une fiscalité quasi-nulle. La connaissez-vous ? La réponse est ici.]
Chose bizarre et curieuse, globalement, les banques centrales en achètent depuis 2008 alors qu’elles étaient vendeuses depuis 1966.
Voilà qui donne à réfléchir…