Contrairement à ce qu’on l’on pense depuis 20 ans, l’Europe a encore un potentiel minier important. C’est ce qui explique l’arrivée de sociétés minières junior, qui prospectent actuellement en Allemagne, en France ou encore en Espagne. D’ailleurs, la relance de la mine est parfois simplement une opportunité d’investissement juteux. Les minières européennes, voici l’opportunité du moment.
▪ Un géant minier en Europe, la Pologne
L’Europe ne compte qu’un seul pays dont la production est conséquente au niveau international, la Pologne. Souvent ignorée, la Pologne est le 11ème producteur de cuivre au monde selon l’USGS en 2011. Avec les neuvièmes réserves mondiales de cuivre, Varsovie restera un acteur majeur du marché.
Son champion national, c’est le groupe KGHM, dont l’Etat polonais est un important actionnaire. Pesant plus de 1,2 milliard de dollars (3,8 milliards de zloty) en bourse, le groupe a même lancé au printemps 2012 une grosse OPA sur le producteur de cuivre canadien Quadra FMX, devenant le huitième producteur de cuivre au monde. Egalement troisième producteur mondial d’argent, la croissance fulgurante de la Pologne ces dernières années, et son étonnante résistance cette année, doivent probablement beaucoup au maintien à des prix élevés de la tonne de cuivre.
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Avec Quadra, KGHM suit résolument la stratégie de devenir une « compagnie internationale », selon les termes de son directeur général Herbert Wirth. Il profitera également de la diversification géographique de Quadra, qui est présente au Canada mais aussi au Chili et aux Etats-Unis, pour réduire ses coûts de production. Il coûte 5 000 $ à KGHM pour produire une tonne de cuivre en Pologne, contre 1 500 $ en moyenne pour Quadra.
▪ L’Allemagne et la France relancent la mine
Les deux premières économies de la Zone euro ont également amorcé leur retour à la mine. La stratégie des deux pays a suivi une étonnante similarité, notamment dans la sécurisation d’approvisionnement à l’étranger. Les deux capitales ont frappé à la porte du même pays, le Kazakhstan. Dans les deux cas, ce sont les industriels français qui ont poussé à la mise en place de telles stratégies, notamment, en Allemagne, à travers l’alliance formée au sein de la German Industrial Association BDI.
Mais les sols français et allemands intéressent également les entreprises. En France, c’est la société Variscan, société fondée par deux anciens membres du BRGM, qui s’est fixée l’objectif de creuser à nouveau le sous-sol français. Leur objectif est en premier lieu le cuivre, l’or, ainsi que le tungstène et l’étain. Des opérations ont déjà commencé dans la Sarthe, et bientôt en Bretagne. Mais pour l’instant, la société est encore suspendue au bon vouloir du ministère de l’Industrie sur l’attribution d’un permis.
En Allemagne, les projets sont bien plus avancés.
▪ La Saxe, eldorado minier
La chute du mur de Berlin n’a pas seulement permis la réunification de l’Allemagne, mais a apporté également d’importants gisements miniers aux industriels occidentaux. Avec la montée des prix et les besoins de sécuriser les approvisionnements, certains länder sont devenus de nouveaux eldorados miniers. C’est le cas du petit land de Saxe, qui voit se multiplier ces dernières années les demandes de permis, au point que l’on peut parler de véritable rush minier. Voici un petit passage en revu non exhaustif des principaux projets :
– Terres rares
Un des projets les plus en vue a été le projet d’exploitation d’un gisement de 38 000 tonnes de terres rares dans l’est de l’Allemagne, dans la région de Delitzsch. Du cérium, du lanthane, du néodyme et de l’europium pourraient être produits. Le chef d’orchestre de cette politique est Deutsche Rohstoffagentur (DERA), l’équivalent du BRGM en Allemagne (Bureau de Recherche Géologique et Minière).
– Etain
Le groupe Deutsche Rohstoff, avec sa filiale Tin International Limited, espère quant à lui produire du tungstène et de l’étain toujours en Saxe.
– Lithium
La compagnie d’énergie solaire Geos GmbH associée à d’autres acteurs, veut produire du lithium à Zinnwald, au sud de Dresde.
– Molybdène
C’est le groupe canadien Tinco Exploration qui s’est intéresse au molybdène de la Saxe, alors que d’importantes réserves sont soupçonnées par l’autorité minière du land.
– Cuivre
C’est le land de Brandebourg qui a accueilli le projet du groupe Kupferschiefer Lausitz d’exploiter un gisement de 200 millions de tonnes à partir de 2017.
▪ La Grèce, premier producteur d’or… d’Europe
La sécurisation des métaux n’est pas la seule motivation pour prospecter en Europe. Le profit en est un autre. C’est ce qui explique que la Grèce a récemment donné un coup de fouet à sa production.
Engluée dans les lourdeurs de l’administration grecque, la société Goldfield European attendait depuis cinq ans qu’Athènes l’autorise à exploiter un gisement d’or. En chute libre à la bourse, son titre minier a fini par aiguiser l’appétit de nombreux investisseurs, dont notamment le fonds souverain qatari.
C’est finalement Eldorado Gold qui a racheté la junior. Le timing était parfait. Depuis que la Grèce fait les gros titres des journaux pour d’autres raisons que les colonnes de l’Acropole, le gouvernement a accéléré l’obtention de permis. Avec la relance de la mine, la Grèce devrait ainsi doubler en 2016 la Finlande et devenir le premier producteur d’or d’Europe.
▪ Mon conseil
Il existe bien d’autres projets miniers en Europe, comme les gisements de terres rares au Groenland, sans parler du nickel de Nouvelle-Calédonie. Ce rapide exposé avait d’abord pour but de vous montrer que les opportunités de miser sur la mine en Europe sont nombreuses. Peu de grandes sociétés y sont présentes par contre, fautes de gisements géants, et il faudra miser sur des petites minières juniors.
La seule exception est KGHM, cotée sur la Bourse de Varsovie. Ainsi pour les aventuriers qui ne veulent pas s’éloigner trop loin non plus, vous pouvez regarder du côté de la Grèce, où les choses changent actuellement, avec Hecla Mining. Cette petite minière produit de l’or et de l’argent-métal dans le pays.
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