Comme vous le savez, je suis sceptique quant à la survie de l’euro. Certes, il n’y a pas eu « mort à Venise » du côté des banques italiennes mais la crise n’est pas terminée et les élections allemandes seront décisives.
Certains de mes collègues américains, tel Jim Rickards, croient à la survie de l’euro car c’est une monnaie politique, et la volonté politique sera plus forte que les vicissitudes financières et la peste des banques.
En apparence, les derniers sondages de l’institut Sentix donnent raison à cette thèse.
Pour consulter la « Carte au Trésor » — et vous positionner –, c’est par ici. |
L’indice de crainte d’éclatement de la Zone euro (en bleu) est retombé à 8,6% (contre 11,4% le mois dernier). C’est le plus bas niveau depuis septembre 2014.
Depuis les élections françaises, les investisseurs pensent donc que le risque politique a considérablement diminué et même la Grèce ou l’Italie ne font plus peur…
Le sondage a été fait du 22 au 24 juin, juste avant les développements récents de la crise bancaire italienne.
En dépit de ces courbes rassurantes, je suis nettement moins optimiste sur le futur de l’euro, pour cinq raisons.
- Les contribuables commencent à réaliser que ce sont eux qui sont systématiquement les garants en dernier ressort. Eux et non pas — comme on l’entend trop souvent — l’État ou la Banque centrale européenne. Les contribuables italiens vont payer pour que Mario Draghi n’encaisse pas de pertes sur son portefeuille d’obligations italiennes qui aurait été mis à mal par les faillites.
- Les manoeuvres des banquiers centraux, Mario Draghi en tête, n’ont donné aucun résultat palpable dans l’économie réelle : pas d’augmentation du niveau de vie, pas de réduction du chômage dans les pays qui le connaissent.
- Ces manoeuvres des banquiers centraux ont en revanche fait gonfler des bulles financières et immobilières, et privé les épargnants de rendement.
- Les électeurs deviennent de plus en plus versatiles comme le montre l’expérience post-Brexit de la Grande-Bretagne.
- Électeurs, épargnants et contribuables commencent à réaliser qu’ils ont été bernés : l’euro leur a été politiquement imposé par en haut, par une élite qu’ils ont prise en grippe.
Les accords de Maastricht qui contenaient les critères de convergence économique ont été pris dans leur dos. La règle des 3% de déficit par rapport au PIB est un non-sens technocratique.
L’adoption de la règle d’or par chaque pays aurait dû être le préalable à l’euro et non pas des critères abscons, sournoisement distillés dans des traités incompréhensibles et d’ailleurs souvent rejetés.
La règle d’or énonce simplement que le déficit public n’est pas possible et qu’il faut taxer avant de dépenser, qu’on redistribue ce que l’on a et non pas ce qu’on pense qu’on aura peut-être dans 10 ans ou 20 ans si tout va bien.
Insoutenable « austérité » pour beaucoup, notamment la France en déficit chronique depuis 43 ans malgré sa fiscalité record…
Pourtant, une fois la règle d’or adoptée, la concurrence fiscale aurait pu jouer au sein de la Zone euro, les pays les mieux gérés attirant plus d’investissements que les autres. Les pays les moins bien gérés, plutôt que de continuer à massacrer leurs contribuables, se seraient naturellement réformés. Avec la règle d’or, personne au sein de la Zone euro n’aurait pu être accusé de vivre au crochet des autres.
Cette occasion historique a été ratée.
Pour camoufler la mauvaise gestion et l’insolvabilité des tombereaux de mauvais crédits ont été accordés. Ces dettes ne seront jamais remboursées. N’oubliez pas le seul garant en dernier ressort : le contribuable. La pyramide de mauvaises dettes excède ses capacités.
Regardez maintenant l’allure de la courbe en rouge du premier graphique.
Elle indique la perception des investisseurs sur un risque de contagion possible du risque financier en Zone euro.
Comme vous le constatez, ce risque est perçu comme grandissant…
Les choses sérieuses vont commencer à l’automne avec l’enjeu des finances publiques françaises et les élections allemandes.
Comment prendre vos dispositions pour que votre épargne ne fasse pas les frais d’une nouvelle crise ? Tout est ici.
2 commentaires
Ce qui sauve l’euro c’est qu’on est arrivé à convaincre le citoyen que sa fin serait l’Armageddon et qu’il perdrait tout. En conséquence ils est prêt à beaucoup de sacrifices car cela reste moins que la totalité de son épargne
Mme Wapler :
Je réalise depuis peu que de nombreux articles sur la Chronique traduisent une vision mécaniste de l’économie. Certes les rouages en sont complexes et les équilibres fragiles. Cependant l’hypothèse de départ serait que si certains éléments créent une situation donnée, les conséquences en sont inévitables.
Hors, il semble bien que, année après année, malgré des analyses correctes, les conséquences qui en découlent défient vos lois . Sans doute vos lois se vérifient-elles en Bourse, mais au niveau de l’économie mondiale, les pires situations se redressent sans cesse miraculeusement.
Cela me conduit à croire qu’il existe une « gouvernance supérieure» d’essence supra nationale qui redresse sans cesse la barre. Une politique générale qui corrige les excès les plus dangereux pour que le système perdure.
Bien sûr, avec le créditisme, les assouplissements monétaires, le taux zéro, le traitement social du chômage … on ne fait que reculer pour mieux sauter. On retarde le déclenchement de la bombe, mais son horloge continue à avancer.
Cependant, pour que, d’un mauvais remède à un pire remède, on continue à sauver le moribond, il faut bien une « gouvernance » qui contrarie la mécanique. La question devient alors, qui a intérêt à cet acharnement thérapeutique ?
Qui, sinon ceux qui en tirent d’immenses profits aux dépens des peuples ?
Si on s’interroge sur la politique mondiale, on constate alors, qu’après l’élection de Trump et le Brexit, il semblait que la France basculerait aussi dans le camp populiste. Il n’en fut rien, au prix d’une campagne hors norme. D’autre part, Trump n’arrive pas vraiment à gouverner et le Brexit pose de plus en plus de problèmes. Tout se passe comme si la volonté des peuples restait lettre morte et que seuls les Parasites gouvernaient.
Existe-t-il une gouvernance mondiale qui détourne les lois économiques à son profit ?