Le patron de la Fed veut que Wall Street passe de bonnes vacances et compte bien que ceux qui l’écoutent dans les salles marchés aient déjà l’esprit qui musarde vers Hawaï, le Costa-Rica, les Seychelles ou Bali.
Jerome Powell privilégie le scénario d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine !
Le parachute principal est déjà en torche et la sangle du « ventral » est cassée… mais ça va bien se passer.
Le patron de la Fed veut que Wall Street passe de bonnes vacances et compte bien que ceux qui l’écoutent dans les salles marchés aient déjà l’esprit qui musarde vers Hawaï, le Costa-Rica, les Seychelles ou Bali.
Il vaudra mieux en effet que ses auditeurs favoris ne creusent pas trop du côté des dernières « stats » publiées aux États-Unis, car le premier commentaire qui nous vient en les découvrant est juste : « oups ! ».
Après les avoir décortiquées puis rapprochées les uns des autres, le sentiment est que s’il s’agissait du Titanic, il y aurait déjà de l’eau au pied des 2 premières cheminées, la 3ème venant de cesser d’émettre de la fumée.
Pour ce qui est de « l’atterrissage en douceur », ce pourrait en effet concerner quelques assiettes en porcelaine et plateaux en argent se posant – façon feuilles mortes – au fond de l’océan.
Pour ce qui est de l’ensemble de l’économie US, l’inversion de cycle frappant ses diverses composantes est plutôt brutale et aucun secteur n’est épargné.
A commencer par l’immobilier : les demandes de crédit hypothécaires – et de refinancement de prêts – se sont effondrées de plus de 70% par rapport à juillet 2021, à un plus bas depuis l’an 2000.
Les reventes de logements anciens aux États-Unis ont plongé de -5,4% en juin, les ventes de maison neuves de -16%, leurs prix s’effondrent de – 12% en 2 mois (plus forte chute au 21ème siècle, loin devant le retournement de fin 2006).
Les dépenses de construction/remise en état ont également baissé de -1,1% en juin, et 20% de propriétaires consentent déjà des rabais.
Vous voyez, ça se passe tout en douceur !
Pour rester dans le registre de l’économie concrète, l’activité manufacturière et industrielle ne cesse d’accuser le coup des pénuries (production au ralenti) et de la hausse des matières premières (qui dissuade les acheteurs, comme pour le carrelage ou les engrais, devenus intouchables).
Aux États-Unis, 2 baromètres mesurent l’évolution de la situation : l’indice « PMI » de S&P Global et l’indice « ISM ».
Les deux affichaient des valeurs négatives en juillet : le PMI est retombé à 52,2 contre 52,7 en juin (à son plus bas niveau depuis deux ans), et les nouvelles commandes ont connu leur plus forte chute depuis mai 2020.
En ce qui concerne l’indice « ISM » (des directeurs d’achat du secteur manufacturier), il semble avoir mieux résisté avec un léger repli à 52,8 contre 53 au mois de juin mais cette illusion de dissipe en découvrant le sous-indice des commandes nouvelles en baisse de 49,2 vers 48 tandis que celui mesurant la production s’est tassé de 54,9 vers 53,5.
Vendredi dernier, le PMI de Chicago ressortait lui aussi en forte baisse de -3Pts vers 52,1 (contre 55 attendus).
La seule composante un peu rassurante se situe au niveau des dépenses des ménages qui ont progressé de 1,1% en juin, mais cela s’explique par un « effet de sur stockage », les consommateurs s’empressant d’acheter ce qui a de grand risque de valoir plus cher ces prochains mois.
Et ces achats « de précaution » sont plus que jamais financés à crédit comme le démontre l’envol (+6% en rythme annuel) des encours sur les cartes de crédit.
La barre des 900Mds$ vient d’être dépassée avec une dette moyenne de 5.300$ par détenteur : c’est un peu moins élevé qu’en 2019 mais des taux d’emprunt « revolving » compris entre 15 et 17% deviennent dissuasifs.
Et les banques s’attendent à une forte hausse des taux défaut dès cet automne aussi bien sur l’hypothécaire, que le crédit auto ou le crédit « conso ».
Tout ceci combiné nous a valu une hausse de +9% du S&P500 en juillet et de +12% du Nasdaq : ce sont des « hausses du siècle » pour un mois de juillet (du jamais vu depuis 1997 pour le 1er, 2009 pour le second).
Wall Street se serait enflammé sur l’hypothèse d’un plafonnement des taux US sous 3,5% d’ici janvier 2023 et – l’inflation étant rapidement terrassée par on ne sait trop par quel miracle – d’une amorce d’assouplissement monétaire à l’initiative de la Fed avant la fin du 1er semestre 2023.
Et voilà, après la pluie viendra le beau temps, après le gel reviendra le printemps, puis un été 2023 tout en douceur.
En attendant, les chinois se demande s’ils doivent arraisonner l’avion qui emmène Nancy Pélosi à Taïwan avant son atterrissage (en douceur) ou au redécollage… ou déclencher un embargo sur tout ce dont les États-Unis ont besoin vital provenant de Chine !
Un été tout en douceur, on vous dit !