Déficit grandissant et ralentissement économique à l’horizon : un ouragan de dette arrive. Mais après moi le déluge, pense Donald Trump.
Nous sommes en Floride, pour faire la connaissance d’un petit-enfant nouvellement arrivé.
Le monde est différent ici — différent de l’Irlande, du Maryland, de la France, de l’Argentine… nos lieux de prédilection.
La Floride est plate. Et tout juste au-dessus du niveau de la mer. Si le Pôle Nord continue de se réchauffer, une bonne partie de la Floride du sud sera bientôt sous l’eau.
Les gens aussi sont différents. Ils sont jeunes, bronzés et sveltes… musclés et souples. Ou bien ce sont des retraités, vieux et usés. Il ne semble pas y avoir beaucoup de gens au milieu… des gens ordinaires.
Par ailleurs, ils semblent tous avoir adopté un point de vue de plus court terme, comme s’ils étaient conscients qu’ils allaient bientôt être emportés par les vagues. Les gens d’ici sont plus enclins à sortir… se montrer… et dépenser.
Les voitures, par exemples, sont plus neuves et plus propres que celles qu’on voit dans les rues de Baltimore. Elles sont également plus grosses et plus tape-à-l’œil que celles qui circulent sur les routes de campagne en Irlande. Les maisons aussi — du moins ici, le long de la côte — sont plus grandes et plus sophistiquées.
Il y a aussi bien plus de boutiques et de restaurants. Partout où l’on va, on trouve des centres commerciaux, des boutiques, des chaînes et des franchises… avec des dizaines… des centaines… des milliers d’endroits où dépenser de l’argent.
Considérant la quantité de magasins qu’il faut faire vivre, il est stupéfiant que les gens aient encore de l’argent.
Et qu’arrivera-t-il lorsque les ouragans viendront et que l’argent disparaîtra ?
Les disputes continuent
En attendant, les insultes, les disputes et les bisbilles continuent. Trump a promis de punir General Motors (GM), qui souhaite fermer ses usines en perte. Le président américain a même annoncé qu’il exigerait le remboursement de précédents renflouages si GM concrétisait son plan de supprimer 14 000 emplois aux Etats-Unis.
Il a également dit aux Chinois comment mener leurs affaires — insistant pour qu’ils réduisent leurs taxes douanières sur les automobiles fabriquées à l’étranger.
Il a ensuite affirmé une fois encore que « le Mexique financerait le mur », tout comme il l’avait promis durant sa campagne électorale. Sauf que le Mexique n’a aucune intention de payer le mur en question. M. Trump a donc improvisé, affirmant qu’il pourrait être financé grâce à « de l’épargne » provenant d’ici ou là.
La vraie bataille
En coulisses de la scène politique, la vraie bataille a commencé — celle qui affectera toutes nos vies pendant de nombreuses années. Bloomberg :
« Les Etats-Unis ont annoncé le déficit budgétaire le plus profond jamais enregistré pour un mois de novembre, les dépenses représentant le double des revenus.
Les dépenses ont grimpé de 18%, à 411 Mds$, le mois dernier — tandis que les recettes restaient plus ou moins inchangées à 206 Mds$, a déclaré le département du Trésor dans un rapport mensuel publié jeudi. Cela laisse un manque à gagner de 205 Mds$, par rapport à 139 Mds$ une année auparavant ».
Vous vous rappellerez, cher lecteur, que les déficits ne sont pas censés augmenter. La réduction d’impôts de Noël dernier était censée stimuler la croissance ; les recettes fiscales supplémentaires ainsi engendrées réduiraient les déficits, nous avait-on dit.
Jusqu’à présent, la dette a grimpé… et va très probablement doubler d’ici 2018. Bloomberg à nouveau :
« La loi sur les réductions d’impôts et l’emploi signée par le président Trump il y a un an semble avoir stimulé la croissance économique en 2018. Cependant, on n’enregistre jusqu’à présent que peu de preuves qu’elle ait mis l’économie sur le chemin d’une croissance plus rapide à plus long terme, ce qu’avaient promis la Maison Blanche et les partisans de la législation au Congrès.
EN BREF — Trump et ses partisans au Congrès ont promis que les baisses d’impôts stimuleraient le potentiel de croissance à long terme de l’économie américaine. Pour l’instant, les données ne confirment pas cette affirmation. »
Déficits galopants
La dette américaine grimpe… à peu près deux fois plus vite que le PIB.
Les choses vont aller en empirant. Avec une majorité démocrate à la Chambre des représentants, il n’y a aucune chance de voir approuver un programme de réduction des dépenses ou d’augmentation des impôts. Les allocations sociales et les dépenses militaires sont donc libres de prendre le mors aux dents.
Le Comité pour un budget responsable estime que les déficits américains atteindront les 2 000 Mds$ d’ici 2027.
Mais comme nous l’avons souligné la semaine dernière, ces chiffres ne tiennent pas compte d’une récession économique. Lorsque la prochaine crise arrivera… le problème s’intensifiera. Les revenus fiscaux chuteront à pic et les appels à dépenser plus se feront plus forts. Les déficits pourraient atteindre les 2 000 Mds$ par an dès 2019 ou 2020.
Que se passera-t-il ensuite ? L’ancien directeur de la Fed (et le dernier honnête) Paul Volcker, 91 ans, prédit l’avenir :
« Un jour, la confiance est perdue… Elle finit par se briser…
… Ensuite, l’ouragan frappe… et le pays fait faillite. »
[NDLR : Les élites internationales pourraient intervenir avant, cependant… et mettre en place un remède radical. L’or sera le premier bénéficiaire : voici pourquoi… et comment en profiter.]
Mais au moins le président ne s’en inquiète-t-il pas. Dans le Fiscal Times :
« Alors qu’il était candidat, Donald Trump a annoncé qu’il pouvait éliminer la dette nationale en huit ans, principalement en se concentrant sur de meilleurs accords commerciaux. Mais depuis son arrivée au pouvoir, Trump a présidé à une augmentation considérable de la dette, les déficits annuels devant dépasser les 1 000 Mds$ dès 2019. La dette globale augmente de même, la dette nationale détenue par le public ayant dépassé les 16 000 Mds$ pour la première fois la semaine dernière. La dette totale en cours approche désormais les 22 000 Mds$.
Trump ne s’en inquiète pas beaucoup, cependant, selon The Daily Beast.
Une présentation faite début 2017 par de hauts responsables sur l’explosion projetée de la dette aurait été accueillie par une réponse brutale de Trump : ‘ouais mais je serai pas là’. »
Il ne sera peut-être pas là. Il se peut que nous non plus. Dommage pour notre nouveau petit-fils, tout de même.
1 commentaire
J’aurai bien aimé connaitre la « source » du « Daily Beast. »