▪ J’aime les changements de saisons, cela me met toujours dans une humeur méditative. Je pense que c’est parce que cela me rend plus conscient du temps qui passe, chose que l’on peut facilement perdre dans le train-train des occupations de la vie courante.
De telles pensées ont également tendance à m’obliger à regarder l’avenir. Je pense que le monde est rempli d’opportunités. Je pense que nous vivons une époque formidable pour les investisseurs. Naturellement, avec le matraquage constant de mauvaises nouvelles qui nous arrivent, il n’est pas toujours facile de rester vigilant sur ces opportunités.
J’ai dernièrement reçu le mail d’un lecteur de ma newsletter Capital & Crisis. Ce mail reflétait très bien certaines inquiétudes que les investisseurs partagent en ce moment. C’est pourquoi je me propose d’aborder certains de ces points ici.
« Si les valeurs bancaires connaissent des problèmes et qu’il y a moins de liquidité sur le marché, cela n’impactera-t-il pas l’économie en général ? Cela n’affectera-t-il pas les entreprises, par ailleurs bien gérées et en bonne santé ? Cela ne provoquera-t-il pas une contraction générale ? »
Pour répondre rapidement : oui, oui et oui. Mais il est difficile de prévoir ce genre de choses. En fait, je dirais qu’il est impossible d’en faire des prévisions fiables et de gagner de l’argent. Si ce que je dis n’était pas vrai, alors beaucoup plus d’économistes seraient des investisseurs plus riches. Pourtant les meilleurs investisseurs — Graham, Buffett, Klarman, Greenblatt, Whitman, Lynch et bien d’autres –, non seulement ne sont pas des économistes mais aucun ne tient vraiment compte des prévisions économiques.
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Des gains de 84%… 68%… 62%… 100%… et même 102%…
… depuis le début de l’été !
Comment avons-nous fait pour engranger des gains à deux ou trois chiffres même en pleine débâcle ?
Simple : nous avons la bonne méthode… et les bons outils.
Qu’attendez-vous pour vous joindre à nous ?
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▪ Selon mon expérience, il ne sert à rien d’avancer dans la vie en pensant que chaque année sera une redite de 1929. En tant qu’investisseur, vous devez investir dans les périodes fastes comme dans les périodes de contraction. Je vous donne mon exemple personnel : j’ai géré mon propre argent au cours de deux périodes, lorsque le marché a chuté de moitié entre son point le plus haut et son plancher (en 2000-2002 et en 2007-2009) et pourtant à chaque fois la valeur de mon compte augmentait bien plus qu’il ne chutait en investissant. Même chose lors du dernier krach pour Capital & Crisis (qui n’existait pas lors du premier.) Je pense que cet épisode de 2011 donnera le même résultat.
« Maintenant, je sais que vous croyez en l’idée de trouver des entreprises dont tous les fondamentaux sont bons. Mais certainement ces fondamentaux aussi seront impactés négativement si le scénario décrit ci-dessus se déroule. Vous avez cité Buffett concernant le facteur peur — ‘Ayez peur lorsque les autres sont cupides et soyez cupide lorsque les autres ont peur’ — mais n’est-ce pas seulement le début ? Ne pensez-vous pas que le facteur peur augmentera encore plus si le scénario ci-dessus a lieu ? »
Nous ne savons pas si nous n’en sommes qu’au début. La situation pourrait empirer ou s’améliorer. Je la considère d’un point de vue historique. Je peux vous montrer comment, à chaque décennie, il y a des gens qui croient que la fin du monde est proche. Et pourtant, à chaque fois, l’humanité trouve le moyen d’avancer et les marchés rebondissent. Puis le cycle du marché se répète, sans fin, au fil des ans.
Ce qui est intéressant dans l’époque que nous vivons actuellement est que nous avons connu plusieurs crises proches les unes des autres. De plus, les événements semblent se dérouler à toute vitesse. Mais à part cela, je pense que nous vivons juste un autre tour de la roue du marché dans une longue histoire de retournements de ce genre.
▪ L’humanité a souvent un comportement auto-destructeur. Et pourtant, d’une manière ou d’une autre, nous sommes arrivés au point où nous en sommes. Malgré tout ce que le 20e siècle lui a fait subir, le marché produit encore beaucoup de pépites, une longue liste de franchises iconiques — Wal-Mart, Microsoft, McDonald’s, Home Depot, Apple et beaucoup d’autres. Selon moi, le 21e siècle ne sera guère différent. Nous connaîtrons beaucoup de malheurs mais nous créerons également beaucoup d’opportunités.
Je crois en l’homme et en ses motivations. Je crois aussi en l’idée que l’économie réelle d’une entreprise sera prépondérante dans le temps. Je crois aux principes classiques d’investissement sur le long terme qui ont toujours si bien fonctionné. Je crois en la patience et en la discipline.
« Par conséquent, j’aimerais vraiment savoir si vous pensez que nous sommes au début d’une crise ou juste dans un ralentissement temporaire. »
Je vais donner la seule réponse honnête possible : je ne le sais pas. Mais voici ce que certains vous répondront : il n’est pas utile de connaître la réponse à cette question pour réussir en tant qu’investisseur. Le spéculateur milliardaire George Soros a un jour déclaré : « Ma réussite financière contraste fortement avec ma capacité à prévoir les événements. » Quant à Warren Buffett, il a affirmé : « Les prévisions peuvent vous en apprendre beaucoup sur le prévisionniste mais rien sur l’avenir. »
Cela relève du mythe que les grands investisseurs sont de grands prévisionnistes. Ils ne le sont pas — et le savent bien. Ils se contentent de mettre toutes les chances de leur côté, en achetant des titres bon marché dans les bonnes entreprises, en soutenant les gens talentueux et en ne changeant pas leur philosophie d’investissement gagnante même lorsque (surtout lorsque) les temps deviennent durs.
▪ Je n’investirais pas à moins de le faire sur le long terme, à moins de pouvoir m’accrocher à des titres pendant quelques années. Ce n’est pas la peine d’acheter des actions si vous n’êtes pas engagé en tant que propriétaire. Considérez les actions comme de l’immobilier. Vous ne sauriez acheter un bien immobilier au hasard. Pourquoi ? Parce que vous savez que ce n’est pas facile à revendre. C’est beaucoup de complications. C’est pourquoi vous faites attention à ce que vous achetez.
C’est pourquoi, pour revenir au sujet initial de mon lecteur, le très vanté bénéfice de la « liquidité » — la capacité d’acheter et de vendre facilement sans impacter le prix de l’actif — est l’idée la plus exagérée au monde — concernant la finance. En 1960, le marché a fait tourner environ 14% de ses titres. Cela veut dire que les gens gardaient leurs actions pendant, en moyenne, sept ans. Personne ne se plaignait de la liquidité. Aujourd’hui, le marché entier tourne en moins de huit mois. Il n’existe plus que quelques propriétaires.
Au final, il y aura toujours des gens qui vous diront ce qui ne peut pas être fait. J’entends ce refrain depuis que j’ai commencé à écrire Capital & Crisis pour le public en 2004. Mais, étrangement, je suis optimiste. Je pense qu’aujourd’hui est l’une de ces époques — comme le creux de 2008 et début 2009 — où, plus tard, lorsque nous y repenserons, nous serons heureux d’être resté dans le jeu.
Naturellement, seul le temps nous le dira. En attendant, n’oubliez pas de profiter du présent — les savoureuses bières d’automne, la compagnie de vos amis et de votre famille et « l’automne féconde, chargée de riches moissons » comme le dit le grand Shakespeare.
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