Il faut augmenter la quantité de monnaie en circulation – par tous les moyens. Après les mesures de relance monétaire, les gouvernements passent aux mesures de relance budgétaires… et c’est dangereux.
Ces derniers jours, nous réalisons que nous voyons arriver l’inflation quasiment partout.
Nous nous hâtons d’expliquer que nous ne parlons pas de l’inflation des prix à la consommation, mais de l’inflation de la masse monétaire, qui pourrait apparaître presque n’importe où.
Toujours plus de fausse monnaie
Afin de vous faire gagner du temps, cher lecteur, voici notre hypothèse : toutes les grandes économies de la planète sont prises dans un piège « l’inflation ou la mort »… et ce qui est arrivé au Zimbabwe, à l’Argentine et au Venezuela affectera bientôt une économie près de chez vous.
Les banques centrales et les gouvernements réduisent les taux, creusent les déficits et trouvent des manières d’éviter les plafonds de dette. L’idée est toujours la même – augmenter la quantité de monnaie en circulation. Bloomberg nous donne la dernière innovation en date :
« Le président Donald Trump a déclaré jeudi qu’il prévoyait une baisse d’impôts destinée à la classe moyenne, et qui sera annoncée l’année prochaine.
‘Ce sera une baisse d’impôts très substantielle’, a déclaré Trump à des membres républicains du Congrès US lors d’une retraite à Baltimore. Il a annoncé que cette baisse serait ‘très très inspirante’, sans fournir d’autres détails. »
Réduire les impôts sans réduire les dépenses donne aux contribuables comme aux autorités plus d’argent à dépenser.
Généralement, cette sorte d’inflation – par le biais de déficits plus profonds – produit un afflux de prospérité à mesure que le nouvel argent inonde les artères de l’économie et fait grimper les salaires, les ventes et les investissements des entreprises (tout cela étant basé sur l’illusion d’une augmentation de la demande réelle).
Par la suite, l’argent revient par les veines, produisant la sorte d’augmentation des prix à la consommation que l’on constate dans les rayons du supermarché.
L’inflation, version bricolage
L’une de nos découvertes récentes, dans ces lignes, est que tous ces efforts de relance ne sont que différentes formes de fraudes – toutes basées sur le fait d’induire en erreur les consommateurs, les investisseurs et les entreprises avec de « l’inflation », c’est-à-dire avec de l’argent factice que personne n’a jamais gagné ni épargné.
La fausse monnaie est une version « bricolée » de l’inflation. Elle est illégale… pour une bonne raison. C’est une escroquerie que de prétendre que ce nouvel argent représente de la richesse réelle.
Les seuls qui peuvent s’en sortir avec ce genre d’arnaque sont ceux qui travaillent pour le gouvernement ; ils affirment que leur fausse monnaie stimule l’économie.
Cette fausse monnaie peut être introduite dans l’économie de plusieurs manières. Aux Etats-Unis, ces 30 dernières années, elle s’est surtout faufilée dans les ruelles monétaires, comme un voleur, et est principalement restée dans les actifs financiarisés.
C’était excellent pour les gens qui détiennent des actions et des obligations, naturellement. Les 10% les plus riches de la population, par exemple, ont vu leur patrimoine passer de quelque 20 000 Mds$ il y a 30 ans à environ 75 000 Mds$ aujourd’hui.
Sur la même période, le PIB US n’a grimpé que de 15 000 Mds$ – soit environ ce que les 90% les moins riches ont gagné sur la même période.
Il y a une autre manière d’envisager cela : comparer la valeur nette totale des ménages au PIB. Généralement, les ménages ont une valeur nette totale équivalant à environ 3,5 fois le PIB.
Actuellement, ce chiffre dépasse cinq fois le PIB. Les ménages ont environ 30 000 Mds$ de plus, dont la quasi-totalité appartient aux 10% les plus riches… et est basée non pas sur l’augmentation de la richesse réelle (augmentation du PIB), mais sur la contrefaçon monétaire susmentionnée.
La BCE recommence son trafic
Quand on peut gagner de telles sommes sans rien faire, c’est une habitude difficile à perdre.
Ainsi, alors même que toutes ses principales obligations sont à des taux négatifs, la Banque centrale européenne (BCE) n’a pas pu résister.
Notre collègue Dan Denning, co-auteur de la Bonner Denning Letter, commente :
« La BCE recommence à trafiquer sa monnaie ! A partir du 1er novembre, la banque commencera à accélérer son programme de QE [quantitative easing, assouplissement quantitatif] au rythme de 20 Mds€ par mois. Elle a annoncé qu’elle achèterait ‘des titres’ avec ces 20 Mds€. Elle n’a cependant pas indiqué lesquels.
La banque a également abaissé le taux d’intérêt négatif sur les excédents de liquidités détenus par les banques commerciales, de -0,4% à -0,5%. Les banques commerciales européennes peuvent stocker des liquidités à la BCE, mais elles doivent payer pour ce privilège – et ce prix vient de grimper. »
Cependant, avec des taux déjà proches du zéro, voire carrément négatifs, il ne reste guère d’inflation dans le canal monétaire. Dan continue :
« Plus le rendement sur les liquidités et l’épargne est bas, plus le comportement des investisseurs et des banques devient conservateur et frileux. Si les banques centrales veulent l’inflation des prix à la consommation – que ce soit au Japon, en Europe ou aux Etats-Unis – il va leur falloir augmenter les taux. »
Nous connaissons au moins une personne qui n’aimera pas cette idée : le président américain Donald J. Trump. Il veut un dollar plus faible. C’est le seul moyen d’obtenir une renaissance des exportations US, une vraie croissance du PIB US supérieure à 3% et la réélection du président en 2020.
Cela n’a pas manqué. Quelques minutes après l’annonce de la BCE, M. Trump était sur Twitter :
« La Banque centrale européenne, qui agit rapidement, a Baissé les Taux de 10 Points de Base. Ils essaient de déprécier l’Euro – et ça marche – face au Dollar TRES fort, nuisant aux exportations US… Et la Fed ne fait rien, rien et rien. Ils sont payés pour emprunter de l’argent pendant que nous payons des intérêts ! »
M. Trump vise l’inflation monétaire… l’inflation budgétaire… et probablement des sortes d’inflation dont nous n’avons encore jamais entendu parler.
Il est très probable que, durant la panique qui s’annonce, ses vœux se réaliseront.
1 commentaire
M. Bonner,
Depuis le début de la crise des subprimes, la posture des gouvernements et des banques centrales est d’injecter de la monnaie dans le système (baisse des taux, QE, etc.). Ceci a conduit à l’inflation du prix des actifs (notamment des actions/ les indices ont atteint des sommets jamais atteints auparavant). En revanche, l’inflation des prix à la consommation comme ce fut le cas au Zimbabwe, en Argentine et au Vénézuéla n’a pas eu lieu. Alors, pourquoi maintenant? Qu’est-ce qui a changé ou va changer la donne pour que les US ou les pays de la zone Euro connaissent le sort Zimbabwe?