▪ Le problème, avec le système financier actuel, avons-nous dit à un reporter de Bloomberg, c’est qu’il est basé sur la fraude.
A la base, on y trouve la devise papier — qui est elle-même une forme de tromperie. Elle fait semblant d’être de l’argent réel. Ce qui est vrai — dans le sens où on peut l’utiliser pour acheter des choses. Mais elle a tendance à mentir. Tout ce que les autorités ont à faire, c’est d’actionner la planche à billets : elle vous dira que vous êtes bien plus riche que ce que vous êtes vraiment.
Cette sorte de sottise dure depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les autorités américaines, entre autres, ont systématiquement augmenté la quantité de devise papier… menant les gens à croire qu’ils avaient plus de pouvoir d’achat qu’ils n’en avaient vraiment. Aujourd’hui, un dollar ne vaut plus que 3% de ce qu’il valait il y a 100 ans.
Mais ce n’est que le début de l’escroquerie. Les autorités ont également systématiquement sous-valorisé le crédit — convaincues que la clé de la prospérité réside dans le crédit et les dépenses de consommation, plutôt que dans l’épargne et la production.
Le système a ses architectes et ses opérateurs — tous des escrocs et des charlatans. Ils font semblant de pouvoir gérer la devise et l’économie. Pourtant, ils ne comprennent pas comment fonctionnent les éléments les plus basiques d’une vraie économie. La richesse ne naît pas de la consommation… elle naît de la production.
Les gestionnaires affirment pouvoir manipuler si bien l’économie qu’ils peuvent améliorer ses performances… En d’autres termes, selon eux, ils peuvent faire en sorte que l’économie se comporte mieux qu’elle ne le ferait seule… mieux qu’elle a fonctionné naturellement ces 2000 dernières années. En éliminant les retournements cycliques, les autorités nous ont dit que nous serions tous plus riches… et libres de la volatilité qui nous affligeait jusqu’à maintenant.
▪ Les dirigeants bidouillent et simulent donc… improvisant… et inventant au fil des événements. Ils augmentent les taux… puis les baissent. Ils introduisent plus de devise papier quand ça leur convient, et changent les règles bancaires selon ce que suggèrent leurs théories.
Quand il se passe quelque chose de "mauvais" — défini comme une chose qu’ils n’apprécient pas, ils se précipitent pour régler le problème. Mais avec quoi peuvent-ils le faire ? Un peu de sparadrap monétaire. Un peu de fil de fer budgétaire, aussi.
Leurs remèdes ne sont pas entièrement aléatoires ou hasardeux. Ils sont biaisés — vers plus de crédit, plus de dépense, plus de liquidités et plus de spéculation. S’ils resserrent les taux un mois, ils les desserrent ensuite pendant deux mois. S’ils enregistrent un surplus dans les comptes de la nation une année, ils enregistrent des déficits durant les cinq suivantes.
Peu à peu, de plus en plus de dette, d’erreurs, de mauvais jugements et de spéculations insensées s’accumulent. Puis les autorités se retrouvent sous pression… passant d’une crise à une autre… fournissant du crédit à un zombie… un renflouage à un autre… et de la viande crue à un troisième.
Puis, soudain, la discipline et les contraintes qu’elles s’imposaient cèdent comme une corde usée. Les banques centrales et les autorités financières prennent alors le mors aux dents… s’abandonnant aux trucages et à la fraude inhérents à leur profession. La Banque centrale européenne annonce qu’elle fournira "des liquidités illimitées" à ceux qui en ont besoin pour lutter contre une crise de la dette sur le Vieux Continent. Dans le Nouveau Monde, la Banque de Ben Bernanke renfloue déjà des grandes banques en Amérique du Nord en plus de celles de l’Europe. Et partout, les autorités sont prêtes à se soutenir les unes les autres… et à financer le FMI… avec encore plus de monnaie papier et de crédit…
… tous tentant désespérément de maintenir l’intégrité du système.
Et les voilà bras dessus-bras dessous — la Fed, la BCE, l’Europe et les Etats-Unis… sans oublier le Japon et la Bank of Japan. En route… vers le précipice.