Le spectre des années 1970 ressurgit : stagnation économique, flambée des prix et marché actions qui s’effrite en termes réels.
« Les valorisations actuelles des actions sont aussi extrêmes qu’en 1929 et 2000 – parmi les plus surévaluées de l’histoire. » – John P. Hussman
Comme prévu… près d’un million d’emplois viennent de disparaître aux Etats-Unis. The Washington Post rapporte :
« Le BLS révise à la baisse les chiffres de l’emploi de 911 000 dans sa révision annuelle
Selon le Bureau of Labor Statistics, les employeurs américains ont créé 911 000 emplois de moins qu’indiqué dans les rapports initiaux entre avril 2024 et mars 2025 – la plus importante révision initiale des données fédérales sur l’emploi depuis 2000. Ces chiffres sont préliminaires et seront finalisés au début de l’année prochaine. »
Dans le même temps, l’or a atteint un nouveau sommet. Reuters :
« L’or atteint un nouveau record, porté par les paris sur une baisse des taux de la Fed »
Biden et Trump ont tous deux affirmé que l’économie était florissante. Mais elle était loin de l’être autant qu’ils le pensaient.
Moins d’emplois. Des prix plus élevés. Cela ressemble à de la stagflation : une économie chancelante accompagnée d’une inflation persistante. C’est la pire combinaison pour les citoyens ordinaires, pris en étau entre des prix en hausse et des revenus (généralement) en baisse.
La Fed est elle aussi prise au piège. Elle brûle d’envie de rejouer son rôle de sauveur… en volant au secours de l’économie par des baisses de taux et un nouvel assouplissement quantitatif. MarketWatch écrit :
« Après neuf mois d’inaction, la Réserve fédérale va très certainement baisser ses taux d’intérêt d’un quart de point lors de sa prochaine réunion. Mais cette décision imminente a suscité beaucoup d’angoisse et de débats. Qu’est-ce qui se cache derrière cette agitation ?
Dans ce contexte, les économistes sont divisés en deux camps opposés quant à la question de savoir ce qui est le plus important pour la Fed : lutter contre le ralentissement de la croissance ou contre la hausse de l’inflation. »
La baisse des taux ne suffit pas à sortir de la stagflation. En termes réels, le taux directeur de la Fed est resté négatif pendant une grande partie de ce siècle. Son bilan – qui mesure les montants injectés dans l’économie – a été multiplié par huit, tandis que l’indice des transferts gouvernementaux a triplé depuis 1999.
Pourtant, malgré toutes ces « mesures de relance », le taux de croissance du PIB a été divisé par deux.
Les baisses de taux ont surtout gonflé les prix des actifs… et fait exploser l’endettement… sans réellement renforcer l’économie.
Aujourd’hui, le problème se situe dans l’autre moitié du mot : la « flation ». Abaisser encore les taux, alors que la hausse des prix liée à la « guerre commerciale » est déjà largement anticipée, risque de placer la Fed « en retard », comme ce fut le cas dans les années 1970.
A l’époque, la Fed avait amorcé la décennie par de fortes baisses de taux : de 9 % en 1969, le taux des fonds fédéraux est tombé à 3,3 % en 1972. Cela a déclenché une flambée de l’inflation, les taux hypothécaires grimpant jusqu’à 20 %. La Fed a passé le reste de la décennie à courir derrière l’inflation, sans jamais la rattraper complètement.
Et que s’est-il passé pour les marchés boursiers ? Le Dow Jones avait commencé les années 1970 autour de 815 points. Il a ensuite légèrement progressé, puis légèrement reculé, pour se retrouver, à la fin de la décennie, toujours autour de 815 points.
On pourrait en conclure que les investisseurs ne s’en sont pas sortis plus mal ?
En réalité, l’investisseur qui ne s’est pas « appauvri » était celui qui était… absent du marché boursier. Car si les prix nominaux des actions sont restés stables, leurs prix réels – corrigés de l’inflation – se sont effondrés.
Officiellement, l’inflation des prix à la consommation a fait perdre environ la moitié de leur valeur aux actions. L’or, en revanche, est passé de 35 $ au début des années 1970 à 540 $ à la fin — un gain multiplié par 14. Autrement dit, l’acheteur d’or a vu son capital s’envoler, tandis que l’actionnaire a perdu du pouvoir d’achat.
(Sur le long terme, de 1969 à aujourd’hui, le Dow Jones est passé de 815 à 45 500 points, soit une multiplication par 55. Mais l’or, de 35 $ à 3 600 $, a connu une hausse presque deux fois plus importante.)
Pourrait-on assister à une répétition de ce scénario des années 1970 ? Ou à quelque chose de comparable ?