Chercher à prévoir l’orientation des marchés au quotidien pour investir en conséquence est un bon moyen de perdre du temps et de l’argent.
Il n’est pas payant d’écouter ce que racontent les pronostiqueurs, ou market timers, sur l’orientation que va prendre le marché.
Pourquoi ? Parce que personne ne peut le savoir.
Les analystes de Wall Street et les chroniqueurs des chaînes d’information financière le savent parfaitement. Et pourtant, ils sont payés pour donner des opinions. Alors c’est ce qu’ils font.
Les investisseurs expérimentés ne leur prêtent aucune attention. Ils savent que les conseils de market-timing ne valent pas plus cher que ce que l’on paye pour les entendre. C’est-à-dire rien.
Il est important de comprendre pourquoi c’est ainsi…
Bonne nouvelle pour l’un…
Les marchés sont assez efficients : les investisseurs rationnels et intéressés intègrent immédiatement dans le cours des actions toutes les informations connues.
Les événements positifs ont un impact positif sur le cours des actions, et les événements négatifs ont un impact négatif. Mais ce qui est positif pour une entreprise peut être négatif pour une autre.
Si les cours du pétrole et du gaz grimpent, par exemple, c’est bon pour les entreprises du secteur de l’énergie, mais mauvais pour les compagnies aériennes et le transport routier.
Un dollar fort – comme c’est le cas depuis plusieurs mois – est négatif pour les exportateurs américains, car il augmente le coût de leurs produits dans le reste du monde. Mais il est positif pour les importateurs, car il réduit le coût de leurs produits sur le marché américain.
Chaque jour, des circonstances changeantes sont continuellement prises en compte sur le marché, ce qui explique l’existence de ce vieux dicton : « Si c’est dans les journaux, c’est déjà dans les cours. »
Et pourtant, les market-timers racontent quotidiennement que ce n’est pas le cas…
Si vous écoutez les chroniqueurs de CNBC, par exemple, ils vous racontent qu’ils sont baissiers à l’égard du marché pour les raisons suivantes : l’inflation est élevée, la Réserve fédérale relève agressivement les taux d’intérêt, les chaines d’approvisionnement sont toujours perturbées, il y a une guerre en Ukraine, et une récession nous guette probablement.
Pourtant, tout le monde est déjà au courant de tout cela. Et les investisseurs du monde entier ont déjà acheté et vendu en conséquence.
L’importance des surprises
Les vieilles informations ne vont pas faire grimper ou baisser le marché la semaine prochaine ou le mois prochain. Ce qui animera le marché, ce sont des choses que tout le monde n’a pas anticipées.
Par exemple, on s’attendait à ce que la Réserve fédérale relève les taux d’intérêt de 75 points de bases le 2 novembre dernier, et c’est ce qu’il s’est passé.
En revanche, les commentaires de la Fed ont un impact sur le marché (surtout ceux auxquels on ne s’attend pas), comme on a pu le constater lors de la conférence de presse de Jerome Powell suivant l’annonce de la hausse.
Mais cette hausse de 75 points de base allait pratiquement de soi. Et elle avait déjà été intégrée dans les cours des actions et des obligations.
D’autres pronostiqueurs de marché commettent une erreur différente, toutefois. Ils offrent des indications – plus communément appelées « suppositions » – sur ce que réserve l’avenir.
Imaginez un peu cette prétention. Combien de personnes savaient à l’avance qu’il y aurait une pandémie ? Ou une crise financière en 2008 ? Ou les attentats du 11 septembre ? Ou l’invasion de l’Ukraine ? Personne. (Sauf, dans certains cas, ceux qui ont perpétré ces actes.)
Et malgré tout, un stratège de Wall Street va vous exposer ce que réserve l’avenir ?
Cela me rappelle une vieille citation de Woody Allen : « Si vous voulez faire rire Dieu, exposez-lui vos projets. »
A ce stade, quelqu’un doit se demander ceci : « Si ce qui est connu de tous se reflète déjà dans le cours des actions, et si ce qui va arriver ne peut être connu avec certitude, comment dois-je gérer mon portefeuille ? »
Comment surperformer les marchés ?
Vous devez le gérer en ayant compris que rien ne surpasse la performance des actions, sur le long terme, mais en ayant conscience qu’elles peuvent être soumises à une extrême volatilité, sur le court terme.
Alors il est fondamental de vous diversifier en dehors du marché actions – avec des obligations et de l’immobilier, par exemple – mais également au sein même du marché actions, entre actions axées sur la croissance et actions « value » [NDLR : décotées par rapport à leurs fondamentaux], petites et grandes capitalisations, et marchés nationaux et internationaux.
Est-il vraiment possible de surperformer, ainsi ? Oui.
Mais c’est en analysant les entreprises – comme tous les grands investisseurs de l’histoire – que l’on y parvient, et pas en essayant d’être plus malin que le marché.
Cela peut avoir l’air réconfortant, de quitter le marché actions et de se replier vers les liquidités ou les obligations, lorsque le marché est ébranlé. Mais plus tard, vous aurez l’impression d’avoir été idiot, quand vous constaterez à quelle vitesse les actions peuvent grimper.
De plus, une fois que les investisseurs ont raté le début d’un rally, ils hésitent à investir à nouveau. Ayant raté le potentiel de hausse, ils n’ont pas envie de subir le potentiel de baisse.
Et pourtant, à un moment donné, les actions décollent énergiquement. Et plus le marché évolue à la hausse, plus il est difficile de s’y repositionner.
Certains de mes amis ont quitté le marché actions pendant la crise financière car ils ne supportaient plus de souffrir. L’Indice Dow Jones Industrial Average a fini par atteindre un plus bas aux environs de 6 500 points. Et ils ont souffert en regardant le marché s’apprécier plus de cinq fois au cours des 13 années suivantes. Et je ne parle pas des dividendes ratés.
Les market timers agissent comme s’ils vous donnaient un coup de main. Mais quel est l’intérêt d’entendre un assortiment de choses que tout le monde connait déjà et de choses que personne ne peut savoir ?
Ce n’est que du temps, de l’argent et des rendements élevés perdus. Or ce sont précisément les trois choses qu’il vous faut pour atteindre vos objectifs financiers les plus importants.