Jusque-là, l’échéance de la faillite des finances publiques des pays a été repoussée par le « soutien abusif » de la BCE. Mais les banquiers centraux se méfient.
Hier, je vous présentais un graphique vous montrant que le service de la dette française absorbait près de 15% du PIB de notre pays. En d’autres termes, pour payer les intérêts et rembourser ce qui vient à échéance des emprunts que nos gouvernements successifs ont contracté, il faudrait ponctionner tous les ans l’équivalent d’une « petite TVA ».
Evidemment, le service de la dette ne doit pas être confondu avec la charge de la dette, qui correspond aux seuls intérêts.
Nous ne remboursons pas la portion de la dette qui chaque année arrive à échéance, nous en serions financièrement incapables. Nous la roulons, c’est-à-dire que nous contractons un autre emprunt pour rembourser celui qui vient à échéance. Nous nous contentons donc de payer les intérêts et, année après année, de grossir la dette puisque tous nos gouvernements empilent les déficits.
Comme vous le voyez aussi, nous figurons en bonne place parmi les pays de l’Europe du Sud, encadrés par la Grèce et le Portugal.
Je ne sais pas ce que vous en pensez, cher contribuable solidaire, mais 15% de super TVA-dette en plus de la TVA, c’est musclé et dur à avaler. C’est pourtant ce que nous devrions acquitter pour réduire la dette.
Dans ces conditions, la promulgation de la la taxe sur les carburants ne doit pas vous étonner.
Il y a urgence puisque le déficit s’agrandit telle une gueule de crocodile entrevoyant une proie facile.
Le déficit rapporté à la pression fiscale
En réalité, la situation des finances publiques est bien plus désastreuse que ce qu’on vous laisse croire. La présentation du déficit public rapporté au PIB est mensongère et trompeuse. L’Etat ne possède pas (encore) la totalité de l’économie.
Les rentrées financières de l’Etat, ce sont ses recettes fiscales, censées couvrir les dépenses. Exactement comme dans la comptabilité de madame Michu ou recettes = dépenses. Sinon, tôt ou tard, l’huissier frappe à la porte. Mais comme l’Etat se considère au dessus de la comptabilité normale applicable aux Michu, il recourt au déficit, le découvert, les dépenses qui ne sont pas financées par les recettes.
Mais en comptabilité ordinaire, celle des Michu, le déficit devrait être rapporté aux recettes et donc aux impôts. Dans ce cas, le vrai déficit de notre pays, à 83 Mds€, doit être comparé aux 245 Mds€ de recettes fiscales ; il s’établit donc à plus de 30%. (*)
Dit autrement, un budget équilibré nécessiterait d’augmenter de 30% la pression fiscale dans le pays champion mondial des impôts.
Jusque-là, l’horizon de la faillite s’éloigne toujours. Le découvert reste autorisé. Car contrairement à M. et Mme Michu qui ont recours à une banque ordinaire, l’Etat bénéficie des largesses (autorisations de découvert) d’une banque centrale. On peut même dire que la BCE, avec ses rachats de dettes publiques, pratique le « soutien abusif »…
En langage bancaire, le soutien abusif consiste à accorder un crédit à une entreprise dans une situation irrémédiablement compromise. C’est une pratique sanctionnée par le Code civil.
Le simple fait que des banquiers centraux achètent de l’or est un signal d’alerte : l’horizon de la faillite ne reculera pas éternellement. Des dettes ne seront pas honorées. De l’épargne – que ce soit l’épargne privée ou les réserves de change, c’est-à-dire de l’épargne publique – sera alors détruite. Si des banquiers centraux éprouvent le besoin de couvrir ce risque avec de l’or, pourquoi pas vous ?
(*)https://fr.wikipedia.org/wiki/Budget_de_l%27%C3%89tat_fran%C3%A7ais_en_2018
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» En réalité, la situation des finances publiques est bien plus désastreuse que ce qu’on vous laisse croire. La présentation du déficit public rapporté au PIB est mensongère et trompeuse. L’Etat ne possède pas (encore) la totalité de l’économie (…)
Mais en comptabilité ordinaire, celle des Michu, le déficit devrait être rapporté aux recettes et donc aux impôts. Dans ce cas, le vrai déficit de notre pays, à 83 Mds€, doit être comparé aux 245 Mds€ de recettes fiscales ; il s’établit donc à plus de 30%. »
Non mais il possède la capacité de la taxer (certes pas jusqu’à 100% compte tenu de la courbe de Laffer).
Pays n°1 : PIB National = 100 ; Recettes de l’Etat = 60 ; Déficit public = 6.
On a donc déficit/pib = 6% et déficit/recettes = 10%.
Pays n°2 : PIB National = 100 ; Recettes de l’Etat = 20 ; Déficit public = 3.
On a donc déficit/pib = 3% et déficit recettes = 15%.
Je ne sais pas pour vous, mais moi, je préfère être dans la situation du pays n°2 (indépendamment du fait que les impôts y sont beaucoup plus bas).
Le déficit y est objectivement beaucoup plus faible (pourtant le ratio déficit/recettes est plus élevé), ainsi que la ponction nécessaire sur les revenus privés pour revenir à l’équilibre.
La conclusion de la démonstration est encore plus évidente si vous posez le même problème mais dans le cas du ratio d’endettement.
Par ailleurs, même si on souhaitait retenir cet indicateur, pour allez jusqu’au bout de la logique, il faudrait rapporter le déficit total aux revenus totaux (sécurité sociale et revenus non fiscaux inclus), dans ce cas on est largement en dessous de 10% (sauf erreur de ma part le déficit 2017 s’est établi à 60 milliards d’euros, 2,7% du PIB et le taux de prélèvement obligatoires est autour de 45%).