Une femme et son bitcoin.
« L’or est la seule vraie forme d’argent. Tout le reste, c’est du crédit. » – J.P. Morgan
« Est-il sûr ? »
« Oui… en quelque sorte. »
« Est-il fiable ? »
« Oui… en quelque sorte. »
« Est-ce une forme d’argent valide ? »
« Oui… en quelque sorte. »
Voilà, d’une « source bien informée », nous avons eu notre réponse. Le bitcoin n’est plus une espèce de jouet excentrique, farfelu et high-tech. Aujourd’hui, il est aussi respectable que l’or… en quelque sorte.
Parti de rien, le BTC a gagné plus de 70 000 dollars par coin – un gain infini. Tout au long de sa course, il a croisé des sceptiques et des négationnistes. Et pourtant, les HODLers (qui s’accrochent pour survivre) ont été récompensés… du moins, jusqu’à maintenant. Même les investisseurs qui pensaient avoir perdu des milliards dans l’escroquerie de Sam Bankman-Fried vont maintenant – apparemment – être remboursés grâce à la récente hausse des cryptomonnaies.
Marc Faber affirme qu’il connaît des gens dans le nord de la Thaïlande (où il vit) qui gagnent de l’argent en négociant des bitcoins. De même, partout dans le monde, il existe des millionnaires en bitcoins, qui doivent leur richesse entièrement à la cryptomonnaie. Les escrocs ne manquent pas non plus.
Aujourd’hui, nous allons nous pencher sur l’un d’entre eux.
Zéro… ou plusieurs zéros
Ce qui est intéressant avec le BTC, c’est son manque de substance. Ce n’est ni un poisson, ni une saleté, ni de la chair, ni de la pierre. A ses débuts, il n’était « rien » ; et c’est toujours le cas. Nous supposons qu’il redeviendra rien, un jour ou l’autre… mais nous ne savons pas quand.
« Le code peut-il être déchiffré ? » avons-nous demandé à notre source.
« Non. »
Mais quelle est sa valeur ? Il pourrait valoir 70 000 dollars… ou rien du tout.
Nous avons vu que lorsque les Espagnols se sont emparés de l’or et de l’argent du Nouveau Monde, ils ont augmenté de 500% les prix à la consommation dans l’Ancien Monde. La nouvelle « monnaie » a augmenté le pouvoir d’achat, mais pas la production.
De même, lorsque les Etats-Unis sont passés à une nouvelle monnaie – en 1971 – cela a ajouté un énorme pouvoir d’achat (centré sur l’économie de Wall Street) mais peu de production supplémentaire dans l’économie de Main Street. Les prix ont été multipliés par 7. Le marché boursier a été multiplié par 43. La dette américaine a été multipliée par 86.
Et la dette totale – le résultat du nouveau crédit mis à disposition à des taux bas – y compris la dette des ménages, des entreprises et du gouvernement, s’approche maintenant des 100 000 milliards de dollars. Chaque dollar de cette dette – tel un moustique piégé dans de l’ambre – rappelle l’énorme bulle de crédit, gracieuseté du gouvernement fédéral.
Depuis 2014, il existe une autre nouvelle source d’argent : les cryptomonnaies. Là encore, elle permet au pouvoir d’achat d’être plus élevé… mais n’apporte aucun bien ou service réel – à part la crypto même.
Mais tout comme vous ne savez pas ce qu’elle vaut, vous ne savez pas non plus à quel point elle peut être rentable. Il y a seulement trois ans, les promoteurs offraient 17% d’intérêts sur les dépôts en cryptomonnaies. Comment était-ce possible ? Ça ne l’était pas. Ce n’était qu’un pari déguisé en « intérêt ». Et cela n’a fonctionné que tant que les prix des crypto-monnaies ont augmenté.
Mais si les investisseurs sont prêts à croire qu’il est possible de gagner 17% d’intérêts, pourquoi pas 300% ?
Richesse et émerveillement
C’est ainsi que Zhimin Qian a réussi à escroquer 5 milliards de dollars à des investisseurs, selon un procès qui s’est déroulé à Londres et dont le Financial Times s’est fait l’écho. Mme Qian – une Chinoise qui utilisait plusieurs pseudonymes et plusieurs passeports frauduleux – aurait promis des rendements allant jusqu’à 300% aux acheteurs de ses produits d’investissement.
L’un d’entre eux était une opération de minage de bitcoins. Elle a bricolé ce qui a été décrit comme du matériel informatique « presque obsolète » pour pouvoir faire visiter le site de « minage » à des investisseurs potentiels.
Ce spectacle a été si convaincant que quelque 128 000 investisseurs lui ont confié leur argent. Une grande partie de cet argent a apparemment été converti en bitcoins ; lorsque la justice est venue fouiner, Mme Qian s’est enfuie avec. Elle n’a pas été revue depuis 2020 ; on ne sait pas où elle se trouve.
Un article paru ultérieurement dans le Financial Times révèle que ses efforts pour convertir sa fortune en BTC n’ont pas été aussi fructueux que la fraude qui l’a engendrée.
Les escrocs attirent les escrocs. Mme Qian essayait d’acheter une maison de ville à Londres d’une valeur de 14 millions de dollars. Mais les banques se sont montrées réticentes. Elles voulaient savoir d’où venait son argent. La situation était délicate pour Mme Qian. Elle aurait peut-être pu simplement dire la vérité : « Je l’ai volé à des investisseurs chinois. » Et peut-être que les vendeurs et leurs banques s’en seraient contentés. Au lieu de cela, ils se sont retrouvés pris dans un tissu de mensonges et la vente a été bloquée.
Pas d’écossais véritable
C’est alors qu’elle est tombée sur une crapule écossaise du nom de Michael James Burke. Pour ce qui est de la source de l’argent, « je trouverai quelque chose », a-t-il assuré à Qian.
Burke avait son propre stratagème. Il a « joué avec l’évaluation et le prix d’achat », a-t-il expliqué. « Cela nous permet d’offrir à nos clients un rendement de 100% sur le papier. »
Burke : « Les gens nous donnent de l’argent en espèces ou en bitcoins, puis nous leur accordons un prêt de leur propre argent qu’ils utilisent pour réaliser un bénéfice de 100% sur deux ans. C’est vraiment ce que nous faisons pour vivre. »
300% ? 100% ? C’est de l’argent bien placé si vous pouvez l’obtenir. Mais pas facile… pas sûr… et pas susceptible d’être honnête, pas quand le taux de rendement d’un bon du Trésor américain à 10 ans n’est que de 4,3%.
L’accord avec Burke ne s’est pas déroulé comme prévu. Lorsque les policiers ont perquisitionné le siège de Mme Qian à Londres, ils ont saisi des bitcoins pour une valeur de 3,5 milliards de dollars.
Aujourd’hui, la pauvre Mme Qian est en fuite. Pire encore, elle serait en mauvaise posture. « Elle faisait des cauchemars et se réveillait en hurlant la nuit, a déclaré son assistante. Elle est restée au lit tout le temps. »
Peut-être rêve-t-elle encore. Ou qu’elle hurle. Elle espérait financer un énorme projet d’infrastructure au Liberland, un lieu de villégiature libertaire méconnu sur le Danube. Elle voulait que le Dalaï Lama la nomme « déesse réincarnée » et qu’elle devienne la reine du Liberland.
Cela n’a pas fonctionné comme prévu. Mais qui sait ? Il y aura toujours un lendemain.
En attendant…
Aux Publications Agora, nous avons longtemps maintenu une allocation de 1% en BTC. Non pas parce que nous en savons quelque chose, mais parce que nous n’en savons rien. Théoriquement, le BTC peut être une bonne affaire. Peut-être qu’un jour, il s’avérera être un bon moyen de détenir de la richesse.
Mais il y a beaucoup de dérapages entre la coupe et la lèvre, et les tâches ne manquent pas pour le prouver. Pour l’instant, nous utilisons le bitcoin davantage comme une source d’émerveillement que comme une source de richesse.
3 commentaires
Nous devons toutefois ne pas exclure que le fondamental du bitcoin est peut-être un emprisonnement monétaire de l’humanité dans le numérique, en sus d’autres services. L’illusion et l’avidité sont les carottes plus efficaces que le bâton de la coercition pour entrainer vers l’enclos définitif. De plus ce Satoshi Nakamoto me semble bien trop mystérieux depuis le temps pour être un ou des particuliers en dehors du système.
Il (ou ils) a (ont) pourtant créé le BTC en réaction au sauvetage de banques s’étant livrées à des opérations à la limite de la fraude… Sauvetage effectué par le « système ». Le bloc « genèse » du BTC contient le texte d’un article du NY Times qui fait référence à ce sauvetage.
Le génie que fut Henri Ford avait déjà imaginé, en son temps, une monnaie basée sur l’énergie ou l’électricité. Il aurait sans doute été heureux de constater que quelqu’un a fini par rendre cela concret.
Certains n’hésitent pas à avancer que le BTC étant la seule monnaie basée sur l’électricité (et qui ne repose donc pas sur « rien » : l’électricité, comme l’air, ne sont « rien », en ce qu’ils ne sont pas palpables, mais essayez de vous passer de l’un des deux…surtout l’air) et que le BTC seront donc la forme la plus pure de la monnaie.
C’est aussi la raison pour laquelle il faut distinguer le BTC de toutes les cryptomonnaies à preuve d’enjeu (99,9 % d’entre elles) qui, nécessitent l’intervention d’humains pour la validation des blocs. Humain = faillible par définition.
Et il convient aussi de distinguer le BTC de toutes les fraudes « périphériques » qui ternissent sa réputation. Un dollar, un euro, ou un lingot d’or, même acquis frauduleusement, n’en perdent pas pour autant leur valeur ni n’entraînent une perte de confiance de ceux qui les utilisent en toute légalité. Pourquoi les choses seraient-elles différentes en ce qui concernent le BTC ?
Il est aussi probable que ceux qui créent une situation problèmatique pour imposer leur solution, anticipent la réaction des masses. Alors comme il n’est pas question pour diverses raisons que le cours de l’or ou de l’argent explose, on oriente le public vers une direction plus ou moins contrôlable comme on le ferait en politique vers une opposition ou un syndicat également contrôlés.
Ce n’est que supposition qui n’est pas forcément réalité, car j’imiterais Socrate en disant que la seule chose que je sais, c’est que je ne sais rien. Je pense mais je peux me tromper qu’il faudrait peut-être une monnaie adossée à l’intelligence humaine globale et non pas limitée dans tous les sens du terme y compris élitiste, si toutefois nous pouvons définir ce qu’est l’intelligence, la vraie, originelle, infinie, l’ultime remède qui, je pense, n’écarte pas vérité et justice, celle qui ferait que la monnaie ne soit plus un problème également dans tous les sens de sa définition et dans l’épreuve de la matière, la corporalité ainsi que l’adversité.