▪ Le Dow Jones a perdu du terrain. Pourquoi ?
Frappes aériennes en Syrie… Ebola… ralentissement de l’immobilier… sommets record… Alibaba…
L’argent intelligent sait quoi faire : il fuit !
Selon le proverbe, il ne faut pas faire sonner la cloche lorsqu’un marché est à son plus haut |
Selon le proverbe, il ne faut pas faire sonner la cloche lorsqu’un marché est à son plus haut. Mais nous entendons des alarmes se déclencher un peu partout.
Les initiés utilisent l’argent des actionnaires pour racheter des actions. Ensuite, ces mêmes actions sont attribuées aux dirigeants — comme primes de performance. Et que font-ils avec ? Ils s’en débarrassent.
Gonflez le marché avec de l’argent facile et du crédit à taux zéro. Les valeurs grimpent, faisant passer des milliers de milliards de dollars dans les poches des personnes les plus riches du monde… ce qui attire de plus en plus d’investisseurs naïfs sur les marchés. Pendant ce temps, les initiés rachètent leurs propres actions — ce qui fait grimper plus encore leurs cours. Ils sont récompensés de cette merveilleuse manoeuvre avec encore plus d’actions, qu’ils vendent aussitôt.
Mais mettons ça de côté et continuons notre série sur "comment devenir riche". Nous en sommes encore à la première partie, intitulée "Hommage à la pauvreté".
Hier, nous avons souligné que souvent, une personne devient riche et s’aperçoit qu’elle ne fait plus ce qu’elle aime. Dans l’exemple d’hier, nous parlions d’un cuisinier. Son restaurant est bondé tous les soirs. Il ouvre donc une chaîne de restaurants ; maintenant, il gagne vraiment beaucoup d’argent. Mais il ne cuisine plus.
Dans d’autres cas, il prend simplement sa retraite… ou vend son affaire. A présent, c’est pire encore — il n’a rien à faire !
▪ Débrouille et roulotte
En ce qui nous concerne, nous avons continué à travailler. Mais nos passe-temps ont souffert. Maçon amateur depuis 40 ans, notre activité favorite était de récupérer des matériaux de construction pour créer des espaces de vie agréables avec très peu d’argent. Nous le faisions parce que cela nous plaisait. Mais nous n’avions pas le choix aussi ; nous devions nous "débrouiller" avec ce que nous pouvions trouver.
A présent nous n’avons plus besoin de nous "débrouiller", il est donc difficile de justifier le fait d’aller fouiller dans des bennes ou de ramasser des meubles inutilisés sur le trottoir. Il est également difficile de décider de faire nous-même le travail — alors que nous savons que nous pouvons embaucher un professionnel qui fera mieux.
Nous bâtissons encore des choses… mais une partie du plaisir s’est évaporée.
Il y a quelques années, par exemple, nous avons décidé de construire une roulotte en bois. On peut les décorer comme on veut, elles sont jolies et peuvent être très confortables, selon la quantité de travail qu’on y investit. On peut en mettre une dans son jardin comme décoration… ou la faire fonctionner comme bureau ou chambre d’amis.
J’ai trouvé une charrette utilisable comme base. Mais avant de nous y mettre, inévitablement, la question s’est posée : ne vaudrait-il pas mieux en acheter une directement ?
Sauf que cela nous aurait privé du plaisir de la construire nous-mêmes.
Nous avons donc choisi cette solution (nos enfants ont aidé), et nous sommes ravis de l’avoir fait. Tout de même, sans un besoin pressant pour nous motiver, cela semblait un peu frivole. Ce n’était qu’un passe-temps.
L’argent vous libère de la nécessité de faire quoi que ce soit. Mais lorsqu’on se débarrasse de Mère Nécessité, on devient orphelin |
L’argent vous libère de la nécessité de faire quoi que ce soit. Mais lorsqu’on se débarrasse de Mère Nécessité, on devient orphelin. On est seul au monde, sans personne pour vous dire de vous lever le matin, de vous tenir droit et de cirer vos chaussures. On peut vite finir par ressembler à un clochard.
Lorsqu’on n’a personne d’autre à qui rendre des comptes que soi-même… il arrive que le patron soit un crétin. On peut alors glisser dans un abîme existentiel. Sans but précis, peu importe ce que l’on fait : on peut avoir l’impression de ne rien avoir à faire qui en vaille la peine. La vie elle-même peut sembler vide et inutile.
Et ensuite ? On peut faire de sa richesse un style de vie. On peut traîner avec d’autres riches… acheter une grande maison à Aspen… donner de l’argent à des artistes et à des associations caritatives… et se faire sauter le caisson. Aspen a un taux de suicide quatre fois supérieur à la moyenne nationale des Etats-Unis.
La suite demain…
2 commentaires
Bill, voilà des années que je suis ta chronique sans être tout a fait passionné par son côté économique. Depuis une vingtaine d’années, je suis en attente d’une décision de justice qui pourrait m’accorder quelques sous, devant être rendue dans un pays qui prend son temps, et je n’ai donc aucune réserve me permettant d’acheter de l’or, de l’argent ou des actions. Donc, souvent, je baille un peu (mais suis admiratif) devant la technicité de tes propos. Ainsi, n’étant pas ‘riche’, ton aptitude a surmonter ta position de ‘riche’, tes commentaires philosophiques trouvent un écho dans mon oreille ! Voilà beaucoup de mots pour te dire (j’habite actuellement dans un pays ou l’on parle le ‘castellano’) : OLE.
Vraiment très belle allocution !
Je vais la poser sur l’armoire de rangement de la vaiselle, avec les prières…