▪ Comme on pouvait s’y attendre, la Fed de Bernanke est pleinement, carrément, à 1 000% engagée dans l’argent facile. Pourquoi ? Parce qu’un vrai désastre politique gigantesque ne s’arrête pas avant d’être allé jusqu’au bout. Comme un vrai marché baissier… un feu de forêt… ou une histoire d’amour… il doit se consumer jusqu’au bout.
Comme nous l’expliquons depuis quelques jours, en 1971, l’administration américaine a mené la monnaie mondiale dans une nouvelle direction. Elle est revenue à l’argent basé sur le crédit… plutôt que sur l’or physique.
La monnaie basée sur le crédit permettait d’étendre quasiment à l’infini la quantité, eh bien, de crédit. De 150% avant le changement à plus de 350% aujourd’hui aux Etats-Unis… la dette en tant que pourcentage du PIB est devenue folle.
L’or est limité. Le crédit, non. Avec leur nouvelle carte de crédit en poche, les gens pouvaient dépenser de l’argent qu’ils n’avaient pas encore gagné… de l’argent qu’ils pourraient bien ne jamais gagner. Ils réalisèrent aussi qu’ils pouvaient dépenser les revenus de leurs enfants et petits-enfants loin dans l’avenir.
Une devise basée sur ce système fonctionne bien dans de petites sociétés primitives. Dans certaines tribus étudiées par les anthropologues, le crédit peut être extrêmement subtil et étendu. Un homme peut faire une erreur ou prendre une décision. Tous ses descendants, pendant des générations, peuvent en porter le fardeau.
Dans une petite tribu, les gens peuvent suivre les crédits et les débits. Ils connaissent les créditeurs. Ils connaissent les débiteurs. Ils savent ce que vaut un morceau de viande… ou une épouse.
▪ Qui décide, dans ce système ?
Mais que vaut un dollar ? On est dans un système basé sur le crédit… sauf que personne n’est très sûr de ce que vaut le crédit en question. Qui décide qu’on a un T-Bond US arrivant à maturité en 2020 ? Qu’est-ce que ça vaut ? Qui dit que ça financera votre retraite ?
En êtes-vous sûr ?
Ou disons que les Argentins ont promis de verser en 2015 un paiement sur une obligation en dollar US. Cette obligation fait partie d’un instrument dérivé sophistiqué… qui est l’un des actifs clé du hedge fund A. Il a emprunté l’argent pour acheter le dérivé de la banque B. A présent, la dette du hedge fund A constitue une partie essentielle du capital de la banque B. Que se passe-t-il si les Argentins ne paient pas ?
Le nantissement, dans un système de crédit, c’est la dette. Et quand la dette tourne mal… tout le système se fissure. La seule chose qui puisse mettre fin à cet effritement, c’est une giclée de nouveau crédit. C’est ce qui s’est passé en 2008-2009. Mais cette sorte de remède n’est que temporaire… et toujours désastreuse. Parce qu’il ne fait qu’étendre plus encore plus le réseau de ces liens insoutenables.
Et vous… détenteur de cet argent basé sur le crédit… vous ne savez jamais ce que valent vos positions… ou quand elles pourraient perdre toute valeur.
C’est pourquoi nos ancêtres, à l’aube de la civilisation, ont trouvé une meilleure idée : la devise basée sur le métal précieux. Quand on a une pièce d’or en main, on se soucie peu de savoir si l’Argentine paiera ou non. Votre crétin de voisin ne peut pas payer son prêt immobilier ? Dommage pour lui ! Votre gouvernement ne peut continuer à faire couler l’argent vers les zombies ? Dommage pour les zombies !
1 commentaire
C’est vrai que les positions de forcené des responsables politiques fait froid dans le dos… étant donné les masses en jeu….
Car c’est l’accélération (par analogie avec la physique classique) du crédit qui fonctionne et non plus la dose constante qui elle ne suffira pas à contrer le retournement, enfin il me semble.
Par ailleurs, bien que votre analyse fasse toujours montre d’une grande intelligence de la situation, je suis toujours étonné de voir la « relique barbare » présentée comme alternative… Baser la monnaie sur l’or physique pose d’énormes problèmes dont l’histoire témoigne !
Alors est-ce vraiment une option à laquelle vous « croyez » ?
Qu’elle soit un refuge en tempête ok, mais un retour général et long, personnellement je n’y crois pas.