Entre distorsions des marchés, manipulations des taux et bulle d’actifs déconnectée du réel, l’avenir reste incertain pour les Etats-Unis.
Les Etats-Unis sont désormais un empire en dégénérescence, assis sur une bulle de dettes prête à exploser, dirigé par des individus qui profitent de l’inflation et des déficits.
Il existe une solution paisible, un « atterrissage en douceur », qui permettrait de maîtriser la dette sans affronter de dépression, d’éviter l’effondrement et de contrôler l’inflation.
Javier Milei, en Argentine, semble se diriger vers cette solution. L’inflation a diminué de 90%. Les effectifs du gouvernement ont été réduits de 30 000 personnes. Et le pays a dégagé son premier excédent budgétaire en 123 ans.
Mais Milei n’est pas parti de la même ligne sur laquelle se trouvent les Etats-Unis. Il est parti d’un endroit bien différent, avec une inflation de 250% et la moitié de la population vivant dans la pauvreté.
Il est agréable de penser que des dirigeants sérieux pourraient suivre son exemple. Mais les choses ne se produisent pas simplement parce qu’on le souhaite.
Les empires s’élèvent et s’effondrent. Il n’y a pas d’exception à la règle. Ils ont de « bons » dirigeants et de « mauvais » dirigeants… mais la plupart du temps, ils ont des dirigeants qui font ce qu’ils doivent faire pour mener l’Empire là où il doit se diriger.
L’Empire romain a été l’organisation politique la plus réussie depuis que l’homme a quitté les gorges d’Olduvai. Il a duré 450 ans. Les empereurs avaient pour habitude d’étendre la portée de leur pouvoir jusqu’à la mort de Trajan en 117. Par la suite, le mieux qu’ils ont pu faire a été de tenir bon… jusqu’à ce qu’ils n’y parviennent plus.
La grande perte était évidente. Les Wisigoths ont mis Rome à sac en 410 ; 66 ans plus tard, Rome était en ruines.
Où se trouvait alors le grand gain ?
D’une manière générale, le centre de gravité de la civilisation occidentale s’est déplacé vers les villes du Nord, d’abord vers celles du nord de l’Italie – Florence et Venise – puis, au-delà des Alpes, vers Paris, Londres, Amsterdam et New York. Un minuscule terrain à Manhattan, qui ne valait rien au XVe siècle, se vend aujourd’hui à des millions d’euros…
Mais nous ne disposons pas d’un millénaire pour réaliser nos prévisions en matière d’investissement. Notre horizon n’est que de dix ans. Et pour savoir où l’on va, il faut savoir où l’on se trouve aujourd’hui.
Et aux Etats-Unis, en 2025, les choses deviennent de plus en plus étranges. Mais la situation n’est pas encore désespérée.
Les prix des actifs augmentent. Puis ils baissent. La tendance primaire ne nous a donné que trois sommets majeurs au cours du XXe siècle : 1929, 1966 et 1999. Chacun de ces sommets a été suivi d’une forte chute prévisible. Des hausses, des baisses, des hausses à nouveau, c’est ainsi que cela fonctionne.
Mais après un bref effondrement en 2000-2003, les actions sont entrées dans une phase étrange, et contre nature.
Après l’énorme ascension du marché boursier entre 1982 et 1999, la tendance primaire, logiquement et historiquement déterminée, aurait dû être à la baisse. Elle aurait dû ramener le Dow à un ratio de cinq onces d’or par point du Dow/or.
Au lieu de cela, la Fed a manipulé les taux d’intérêt en les réduisant de 500 points de base pour tenter d’inverser la tendance à la baisse, et a réussi à faire repartir les actions à la hausse. Dès lors, la trajectoire a été ascendante, ayant seulement connu une brève pause en 2008, suivie d’une nouvelle baisse de 500 points de base… et de plus de dix ans de taux d’intérêt réels négatifs (inférieurs au taux d’inflation).
Les taux d’intérêt réels, c’est-à-dire le taux effectif des fonds fédéraux moins la variation officielle des prix à la consommation d’une année sur l’autre, ont été négatifs pendant la majeure partie du XXIe siècle.
Au cours de cette période également (de 2000 à aujourd’hui), les autorités fédérales ont ajouté plus de 30 000 milliards de dollars à la dette américaine, ce qui constitue la plus grande mesure de relance jamais initiée. Même ces interventions extrêmes n’ont pas pu arrêter la tendance primaire… qui, en termes d’or, a réduit de moitié la valeur des actions du Dow Jones. Mais en essayant de déformer la « normalité », les autorités fédérales ont rendu les choses étranges.
C’est comme si elles avaient suspendu la gravité. Les prix des actifs se sont mis à flotter librement, sans lien avec le monde réel de l’économie, les biens et les services, les revenus ou les coûts.
Sans carte ni boussole, les investisseurs se sont perdus. Ils ne savaient pas s’ils allaient ou venaient, s’ils montaient ou s’ils descendaient. Cryptos, NFT, actifs fractionnés… et puis MicroStrategy (dont la seule valeur réelle est le Bitcoin qu’elle possède, mais dont le cours de l’action suggère que son BTC vaut deux fois sa valeur réelle sur le marché)… Le Fartcoin, et même une nouvelle cryptomonnaie créée par un homme mort, John McAfee.
Et qui aurait pu imaginer qu’un homme se préparant à assumer la plus grave responsabilité lancerait une nouvelle cryptomonnaie portant son nom, quelques heures à peine avant d’entrer en fonction ? On aurait pu penser qu’il avait d’autres chats à fouetter.
La Fed a gonflé le prix des actifs. Ensuite, les actifs gonflés ont créé leurs propres distorsions. Aux prix actuels, les détenteurs d’actions estiment avoir gagné près de 50 000 milliards de dollars de capital boursier depuis le début du siècle (les actions américaines avaient une valeur de marché totale de 15 000 milliards de dollars à la fin de 1999, et près de 63 000 milliards de dollars aujourd’hui). Et tout à coup, les détenteurs de crypto-monnaies peuvent prétendre à 3,3 billions de dollars supplémentaires.
Il n’y a guère de lien entre cette nouvelle richesse et des gains réels dans l’économie réelle. Mais après avoir gagné tant d’argent, ils en redemandent, attendant le prochain Fartcoin comme des enfants surveillant la cheminée la veille de Noël.
3 commentaires
TRUMP : L’ Anti-éclairés.
Contrairement à la grande majorité des politiciens occidentaux, Trump ne craint pas de provoquer l’idéologiquement correct imposé aux peuples par une élite occidentale qui se prétend plus « éclairée » que les peuples. L’Occident est depuis un demi-siècle sous la totale dépendance idéologique d’une caste de « Lumineux » qui considèrent les populations comme des idiots. En invoquant bien évidemment la Démocratie.
Une nouvelle aristocratie est née en Europe avec « les Lumières » à la fin du 18è siècle. Une oligarchie qui ne se fonde pas sur la force et la naissance , comme celle qui a gouverné l’Europe pendant des siècles, mais sur sa prétendue intelligence supérieure et sa sélection au sein de cénacles « initiés ». La Révolution Française est son emblème : la Dictature à l’intérieur, plus l’invasion de l’Europe, au nom de la République, de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité.
Trump a réussi à se faire élire, à deux reprises, par les peuples contre ces coteries « éclairées ».
Preuve de la survivance d’une démocratie réelle, pratique et non théorique, aux USA.
La provocation est essentiellement une technique de prise du pouvoir. Au gouvernement Trump s’est montré et se montrera sans doute plus conventionnel ; pire : traditionnel. Raison pour laquelle sa politique demeurera totalement haïssable aux yeux des « Grands Intelligents Progressistes ». Pour revenir au sujet ici développé :
La force de Trump pourrait être qu’étant homme d’affaires, il a réussi à se rallier aussi tout une partie de ce milieu infiniment plus pragmatique que les penseurs-idéologues. Les affairistes ont fait des profits avec les « Éclairés », ils savent pouvoir en faire sans eux.
Mais les Affaires c’est précisément le vrai grand défi qui attend Trump : parvenir à démontrer que les USA peuvent résoudre leur problème de dette et redémarrer économiquement sur des bases saines. Pas certain qu’il gagne, mais pas sur qu’il perde. Les Européens sont-ils en meilleure situation ? Certainement pas. Pire. Surtout à s’obstiner dans une guerre stupide contre la Russie, au nom d’une prétendue démocratie en Ukraine.
Excellent jean-louis mazières
Mais en essayant de déformer la « normalité », les autorités fédérales ont rendu les choses étranges.
Le retour à une normalité rendant les actifs rentables par les bénéfices obtenus ne s’est effectivement pas produit :après 24 années de baisse de leur valeur réelle (en terme d’or et non en se basant sur une unité de mesure rétrécie par sa multiplication à crédit ) le rendement des actions américaines pour le détenteur minoritaire est toujours inférieur à 2% .