La principale menace pesant sur la présidence de M. Trump est 35 000 milliards de dollars d’excès de dette. Le président fera-t-il exploser cette bombe tout comme Reagan a fait exploser la bombe de l’inflation ?
Pour l’instant, nous sommes ravi de l’élection de Trump. Ce n’est pas que nous lui accordions la moindre confiance — sans parler d’affection…
… Mais il prétend vouloir secouer les choses. Et nous sommes dans une économie qui a grand besoin d’être secouée. Nous voulons voir ce qui se passe.
Un avertissement à prendre au sérieux
Commençons par jeter un oeil de l’autre côté de la planète, où un lecteur nous donne des nouvelles de la récente tentative de mettre fin au cash en Inde :
« Ma fille est en Inde pour un mariage et a été personnellement affectée par la pénurie de cash. Entre cinq à six heures de queue devant les distributeurs pour retirer l’équivalent de 20 dollars. Pas de taxis parce que personne n’a d’argent. Les hôtels n’ont pas de liquide non plus. Tout le système a calé.«
L’Inde ne vous intéresse pas ?
Cette affaire est pourtant un avertissement pour nous tous. Il n’y a pas assez d’espèces physiques dans le système. Nous dépendons du crédit bancaire pour combler le manque. Cela signifie que le système ne doit pas faire défaut… le crédit ne doit pas se contracter… les distributeurs doivent fonctionner…
… Tout le système doit marcher… sans quoi tout finira en ruines.
Notre système est un système qui fonctionne — depuis 1971 — grâce au crédit et non grâce au cash. Or le crédit est soumis à un cycle : il se développe, puis se contracte.
Mais une contraction du crédit dans une économie mondiale avec 63 000 milliards de dollars de dette, ce n’est pas une mince affaire. C’est pour cette raison que les autorités luttent aussi vigoureusement pour l’empêcher. Les économistes, les politiciens, le Deep State — tout le monde veut éviter une correction du marché du crédit — à tout prix.
Cela a commencé après le grand krach boursier de 1987, quand le nouveau président de la Fed, Alan Greenspan, s’est précipité au secours des actions avec des baisses de taux agressives.
Ce fut le début du « put Greenspan » — la politique de la Fed consistant à baisser les taux pour empêcher toute tentative de correction du marché.
Après ça, chaque fois que le marché éternuait, les autorités étaient là pour lui moucher le nez.
La récession du début des années 1990 (à laquelle George H.W. Bush a attribuée sa défaite face à Bill Clinton)… la crise financière asiatique de 1997 et l’effondrement du hedge fund Long-Term Capital Management… la mini-récession suite aux attentats du 11 septembre… et enfin la crise de 2008.
A chaque fois, la Fed (aidée et encouragée par les initiés de Wall Street qui rejoignent aujourd’hui l’équipe Trump) a assoupli les conditions du crédit.
A présent, selon nos estimations, nous avons environ 35 000 milliards de dollars d’excès de dette. C’est une « bombe de dette » qui explosera probablement au visage de Trump.
Des achats illimités
La Fed n’était pas la première à se comporter de la sorte, ceci dit.
Elle suivait l’exemple donné par la Banque du Japon (BoJ), qui lutte contre une contraction du crédit depuis plus d’un quart de siècle.
C’est la BoJ qui s’est montrée pionnière en matière de taux zéro, de quantitative easing et de taux négatifs.
Et c’est la BoJ qui montre la voie encore aujourd’hui. Reuters :
« Jeudi, la Banque du Japon a tiré un coup de semonce en direction des marchés, en proposant d’acheter une quantité illimitée d’obligations pour la première fois dans le cadre d’une politique revisitée, les rendements sur la dette nationale ayant grimpé en flèche suite à la victoire électorale surprise de M. Trump ».
Oh là ! Illimitée ?
Oui, c’est bien ce qui est dit. Les Japonais sortent finalement l’artillerie lourde dans leur combat contre une correction.
Le Japon peut gagner des batailles mais il ne peut pas gagner cette guerre contre les marchés. Ces derniers peuvent être temporairement repoussés. Ils peuvent être trompés. Ils peuvent faire des erreurs. Mais ils ne peuvent pas être arrêtés.
Cette semaine, nous préparons une nouvelle lettre ouverte à M. Trump (vous pouvez retrouver la première ici même).
Nous lui conseillerons de « secouer l’économie sans trop attendre ». Ce sera douloureux. Mieux vaut l’accepter… et serrer les dents.
Ah, et autant blâmer ceux qui le méritent le plus : Clinton, Bush et Obama… Greenspan, Bernanke et Yellen.
Adressez-vous au pays. Dites à vos citoyens qu’on vous a laissé une bombe à retardement de 35 000 milliards de dollars. Secouez le système. Laissez la bombe exploser… tout comme Reagan a soutenu Paul Volcker à la Fed et fait exploser la bombe de l’inflation.