▪ Les jours diminuent rapidement. Et il n’en reste plus beaucoup avant la fin de l’année. Il est temps de se détendre un peu. De réfléchir.
"Tout le monde est si occupé, de nos jours", a dit un collègue australien. "Plus personne n’a le temps de penser. On est plutôt occupé à répondre à ses e-mails ou vérifier son Blackberry. C’est incroyable. Rentrez dans un ascenseur, tout le monde sort son téléphone portable. Plus personne ne parle. Ou ne se regarde. Ou ne pense".
"Je pense même que nous, les rédacteurs, nous ne nous donnons plus la peine de réfléchir. Nous sommes trop occupés. Nous devons produire trop de contenu. Nous n’avons pas grand’chose à dire… mais nous parlons beaucoup".
Bien entendu, c’est vrai de la Chronique Agora depuis des années. Nous sommes toujours à l’avant-garde des tendances. Nous écrivons tous les jours, que nous ayons des choses à dire ou pas.
▪ Avons-nous quelque chose à dire aujourd’hui ? A vrai dire, nous n’en savons rien pour l’instant. Mais commençons par réfléchir à ceci, une citation du Daily Bell :
"Le problème, avec les Etats-Unis aujourd’hui, c’est que le pays a été construit sur un mensonge après l’autre depuis une décennie, et les mensonges ne donnent pas signe de ralentir".
Rappelez-vous de quelle manière Goldman Sachs a stupéfié le monde grâce à son trading étincelant. Jour après jour… les traders de Goldman gagnaient de l’argent. La société rapportait des résultats "parfaits", sans un seul jour de perte.
Tout de même, l’un des traders juniors a bien dû faire une erreur un jour ou l’autre ? Ou au contraire, un vétéran qui, après un déjeuner bien arrosé, aurait appuyé sur le mauvais bouton de son doigt gras ? Non. Pas une seule fois la machine Goldman ne s’est trompée. C’était incroyable. Presque surnaturel.
Qui était de l’autre côté de ces transactions, nous demandions-nous ? Avec le trading, les positions s’annulent. Un côté gagne, l’autre perd. Un pauvre pigeon a donc dû encaisser une perte pour chaque gain encaissé par les génies de Goldman. Imaginez-le en train de prendre des coups jour après jour… et revenir à chaque fois. Comment quiconque pourrait supporter autant de pertes ? Quelle sorte de lutteur pourrait se faire tabasser de la sorte et rester sur pied ? Pourtant, aucune faillite majeure n’a été annoncée. Comment était-ce possible ? Qui perdait tout cet argent ?
Nous n’en savons rien. Mais nous savons qui était le pigeon… les contribuables ! Sans le sénateur Bernie Sanders, du Vermont, qui a eu la curiosité d’insister, nous n’aurions jamais su ce qui est arrivé aux 1 300 milliards de dollars de renflouages de la Fed. Maintenant, nous savons. Goldman s’est servi 212 fois — quasiment tous les jours — durant la période de 12 mois commençant en mars 2009… tout en clamant à la face du monde qu’elle n’avait pas besoin de renflouage.
Des mensonges, des mensonges, des mensonges…
Le premier mensonge était le plus gros bobard de tous : il prétendait qu’on pouvait s’enrichir en dépensant de l’argent plutôt qu’en l’épargnant.
Le deuxième était que la bourse vous rendrait riche. Il suffisait d’acheter un portefeuille bien équilibré et le conserver pour le long terme.
Lorsque ce mensonge a foncé dans un platane, on en a trouvé un nouveau : il est impossible de perdre de l’argent dans l’immobilier.
Il y avait aussi le mensonge selon lequel le libre-échange rendrait les gens riches… et si ce n’était pas le cas, les autorités l’y forceraient !
Puis il y a eu le mensonge affirmant qu’une économie saturée de dette pouvait atteindre des sommets de prospérité en rajoutant encore plus de dette.
Et le mensonge selon lequel on n’avait pas besoin d’argent réel dans le système ; les autorités pouvaient gérer un système de devise fiduciaire flexible pour aider à maintenir le plein emploi.
Ensuite, après un demi-siècle d’ajout de liquidités et de crédit, lorsque les spéculateurs de l’industrie financière ont pleuré et gémi, on nous a dit qu’ils étaient "trop gros pour faire faillite". Ils avaient besoin d’être sauvés.
Puis est arrivé le mensonge disant que les relances monétaires et budgétaires mèneraient à la "reprise".
Lorsque la reprise ne s’est pas manifestée, on nous a dit que le "QE1" ferait l’affaire — et les autorités ont injecté des centaines de milliards de dollars dans les institutions en faillite de Wall Street. Lorsque ça n’a pas fonctionné, ça a été le tour du "QE2".
A présent, le gouvernement fédéral américain est sur le chemin de la ruine. On nous dit de ne pas nous inquiéter. Inutile de changer de cap. Taxons. Dépensons. Sur-dépensons. Relançons.
Les mêmes cinglés, menteurs et incompétents qui nous ont menés jusqu’ici disent qu’ils s’occuperont de nous.
C’est bien ce qui nous inquiète.