▪ Alors… que se passe-t-il ?
Les actions se portent à peu près bien. L’or aussi.
Et la Maison Blanche a déclaré tout de go, d’un air tout à fait sérieux, qu’elle avait sauvé deux millions d’emplois. Pas mal, non ? Plus de sept millions d’emplois ont disparu à ce jour aux Etats-Unis suite à la crise. Le total aurait été de plus de neuf millions, sans les autorités.
Voyons voir, 700 milliards de dollars de dépenses de relance… hé, ça fait 350 000 $ par emploi. Et n’oublions pas que chaque dollar de déficit fait partie des "dépenses de relance". A ce rythme, chaque emploi coûte environ 800 000 $. Sans parler des mesures prises par la Fed : qu’en est-il des garanties de prêts et des rachats d’actifs toxiques… des relances du secteur automobile, d’AIG, des banques, des prêteurs hypothécaires, de Fannie et Freddie, etc. ? C’est de la relance, là aussi, non ? Le total atteindrait les 13 000 milliards de dollars, mettant le coût à 65 millions pour chaque emploi sauvé.
Bien entendu, tout ça n’est que rodomontades… âneries… et sornettes.
On doit "sauver" un emploi si et seulement si l’emploi n’avait pas besoin d’être sauvé. En d’autres termes, les postes qui valent la peine d’être occupés valent la peine d’être sauvés… mais ils n’en n’ont pas besoin. Pourquoi ? Parce qu’un travail qui vaut la peine d’être fait est un travail pour lequel les gens paieront. Et s’ils ne veulent pas, ou ne peuvent pas, payer… il ne vaut PAS la peine d’être fait.
Sinon, les autorités pourraient avoir le plein emploi… comme c’était le cas en Union soviétique. Donnons un emploi à tout le monde. Allez, pourquoi barguigner, donnons deux emplois à tout le monde ! Mais ce n’est utile que si les emplois sont productifs. Et comment pouvez-vous savoir s’ils sont productifs ou non ? Il faut attendre que M. le Marché vous le dise. Si un emploi est productif, les gens paieront pour ça. Si non… eh bien, l’emploi est supprimé et/ou l’entreprise fait faillite.
▪ M. le Marché n’a cependant jamais son mot à dire sur les emplois gouvernementaux. Voilà pourquoi les autorités peuvent dire n’importe quelle absurdité.
Washington est plein de bureaucrates qui gagnent entre 30% et 50% plus que les employés du secteur privé. Dans le privé, M. le Marché approuve ou rejette — pouce vers le haut, ou vers le bas. L’emploi est sauvé, ou il est éliminé. Mais dans la capitale américaine, M. le Marché a les mains dans les poches.
Un exemple : tous les jours, nous passons devant le NIH, l’Institut américain de la santé. Des milliers de voitures entrent et sortent chaque jour. Le NIH a été mis en place en 1930. Il avait 140 employés. Aujourd’hui, il en compte 18 442. La même sorte d’inflation de l’emploi se produit à tous les niveaux gouvernementaux, sur quasiment tous les projets. On installe une agence ou une commission — ensuite, il est impossible de s’en séparer. Comme le dit le proverbe, "rien n’est plus éternel qu’une agence gouvernementale temporaire".
Les Américains sont-ils en meilleure santé grâce aux 18 000 et quelque employés du NIH ? Personne ne le sait. Et il y a des dizaines et des dizaines d’autres agences gouvernementales ! La situation serait-elle pire si la moitié de ces gens étaient renvoyés chez eux ? Probablement pas.
Pourquoi une telle diatribe ? La Chronique Agora parle d’argent, n’est-ce pas ? Non de politique…
Mais… oh là là… de nos jours, la politique et l’économie s’entendent soudain très très bien. Une part croissante du PIB provient directement du gouvernement fédéral. On trouve déjà plus de dépenses gouvernementales que d’investissements privés.
Par ailleurs, de nombreux économistes grand public demandent au gouvernement de dépenser plus d’argent pour lutter contre la récession… et "sauver des emplois". Ils ne se donnent pas la peine de voir si ces emplois valent la peine d’être sauvés ou non. Et ils ne semblent pas se soucier de ce que les dépenses gouvernementales ne sont pas comme les dépenses privées. A mesure que les autorités prennent le dessus, l’économie change. Elle est de moins en moins une économie de libre échange, productive et améliorant la richesse… pour devenir de plus en plus une économie de planification centrale, non productive et détruisant la richesse.