▪ Les actions ont grimpé. Les obligations aussi, un peu. Et personne ne souhaite que ça s’arrête.
"Personne ne veut voir la fin de la bulle du crédit. Personne ne veut une dépression".
Lors de réunions que nous avons eues mardi et mercredi, nous avons expliqué pourquoi personne ne milite pour une dépression économique… sauf nous.
Oui, il ne sert à rien de le cacher. Nous aimerions voir une dépression. Courte, concise et décisive… une fin rapide et nette à la plus grande expansion de crédit de toute l’histoire. Comme aurait pu le dire le secrétaire au Trésor US Andrew Mellon : liquidez les actions, liquidez les obligations, liquidez l’immobilier… liquidez toute l’affaire…
"C’est incroyable", déclare notre collègue Merryn Somerset Webb, rédactrice en chef du magazine MoneyWeek à Londres. "Les prix de l’immobilier londonien n’arrêtent pas de grimper… C’est devenu si cher que nos rédacteurs ne peuvent plus se permettre de vivre ici. Je réfléchis à déménager les bureaux à Edimbourg".
On ne peut pas construire une économie solide sur la base gélatineuse d’un immobilier hors de prix, de dettes irremboursables et de prix des actifs insoutenables. C’est ce que nous avons à disposition. La seule manière de revenir à quelque chose de plus fiable… de plus réel… et de plus sain… est de rincer la mélasse financière qui s’est accumulée ces 30 dernières années.
Le crédit ne peut pas éternellement augmenter plus vite que les revenus |
D’une manière ou d’une autre, l’expansion de crédit qui a commencé après la Deuxième guerre mondiale doit prendre fin. Nous n’avons aucun doute là-dessus. Contrairement à ce que semble prouver le dernier demi-siècle, le crédit ne peut pas éternellement augmenter plus vite que les revenus.
C’est mathématiquement, économiquement et financièrement impossible.
▪ Mais quand est-ce que ça s’arrêtera ?
"Le problème chez vous", nous dit en substance un lecteur fidèle, "c’est que vous avez généralement raison… mais vous êtes toujours en avance".
En avance ? Oui, certes. Dans le cas de la bulle du crédit, nous avions près de 40 ans d’avance. Nous avons regardé dans notre boule de cristal dans les années 70 — et nous avons cru voir que la fin était proche pour le système de devise fiduciaire. Après tout, aucune monnaie papier n’a jamais duré très longtemps.
Mais nous avons dû mal lire : nous voilà quatre décennies plus tard et le système monétaire fiduciaire est toujours en pleine forme.
Et devinez quoi ? Nous sommes toujours certain qu’il est en route pour la débâcle.
Mais quand ?
"Il pourrait encore durer deux ou trois décennies". Telle est la réponse que nous avons obtenue de la part d’un banquier central. Nous avons eu la chance de dîner avec un banquier central, cette semaine. Nous garderons son identité secrète, pour protéger son poste et la réputation de la banque. Mais c’était une bouffée d’air frais. Et un soulagement. Nous pouvons désormais le dire avec confiance : tous les banquiers centraux ne sont pas des idiots.
Le système est condamné, bien entendu. Mais pas nécessairement à court terme |
"Le système est condamné, bien entendu. Mais pas nécessairement à court terme. Tant que la tendance de l’économie est majoritairement déflationniste, les banques centrales peuvent imprimer sans causer d’inflation des prix à la consommation. Elles peuvent acheter des obligations et continuer. Lorsqu’elles achètent des obligations, elles abaissent les taux d’intérêt. Elles financent également les déficits gouvernementaux. Et si l’on en croit l’exemple du Japon, il semble qu’elles puissent le faire quasi-indéfiniment".
C’est bien ça. Ils peuvent faire durer cette histoire… jusqu’à ce qu’ils ne le puissent plus. Quand est-ce que ça finira, personne ne le sait. Seul l’avenir nous le dira — un endroit où personne ne va GPS ou carte en main.
Par ailleurs, nous sommes les seuls à y aller dans l’espoir de découvrir une dépression. Tous les autres espèrent découvrir encore de nombreuses années d’inflation des prix des actifs, de boom, de bulle et de gestion des banques centrales.
Cette distinction est importante pour les investisseurs. C’est du moins ce que nous pensons. Tous les autres dans le gouvernement, l’industrie, le commerce et les milieux universitaires ont un biais — généralement inexprimé — en faveur de la bulle. La finance veut vous vendre des actions et des obligations. Le commerce et l’industrie ont des produits dont ils veulent se débarrasser, sans parler de devoir financer des fusions-acquisitions. Les gouvernements de la planète entière ont des déficits et comptent sur les taux bas pour payer leurs guerres zombies et leurs programmes de copinage.
Qui parle pour l’avenir ? Qui se bat pour une économie salubre, saine d’esprit et réelle ? Qui défend la cause des petits… du petit porteur… du chef de petite entreprise… du travailleur ordinaire ?
Qui veut une dépression ?
Rendez-vous demain !