Poursuivons notre plongée dans les déclarations d’amour de nos chers politiciens. Cette semaine, nous allons survoler quelques idylles médiatiques…
C’est avec la secrétaire d’Etat fâchée avec la calculette, Marlène Schiappa, que nous allons débuter. Celle qui « préfère faire de la politique avec son cœur » a été auréolée « révélation politique de l’année » par le Trombinoscope, un annuaire du microcosme politique français.
Mais la renommée de la militante féministe ne s’arrête pas à nos frontières puisque Marlène Schiappa « compte parmi les quatre Français sélectionnés dans la promotion 2018 des jeunes leaders mondiaux désignés chaque année par le Forum économique mondial de Davos« , comme rapporté par Le Parisien.
Soit les deux mêmes prix qu’Emmanuel Macron avait reçu alors qu’il n’était encore que ministre en 2016. Excusez du peu.
Quelques jours après s’être improvisée co-animatrice de Balance ton post ! aux côtés de Cyril Hanouna, dans le cadre de ce qu’il est convenu d’appeler le « Grand Débat National », Marlène Schiappa est donc au sommet de sa gloire.
Mais là où l’ascension de la secrétaire d’Etat a vraiment pris un tour truculent, c’est lorsqu’elle a organisé le jour de la Saint Valentin une session Grand Débat au Palais Bourbon sur le thème des familles monoparentales. On l’y a en effet retrouvée avec un casting époustouflant, dont un « invité surprise » – comme on dit sur les plateaux de télé – à la hauteur de l’enjeu.
Ces deux-là semblent ne plus se quitter et les twittos s’en sont naturellement donnés à cœur joie…
Bref, nous vivons donc dans un pays où les contes parodiques du Gorafi et du Journal de l’Elysee sont régulièrement dépassés. Un « ticket » Schiappa-Hanouna pour une prochaine présidentielle n’est plus tout à fait une idée extravagante.
La secrétaire d’Etat et l’homme de télévision baignent donc dans une « idylle médiatique » (TéléObs), mais au moins parviennent-ils encore à contrôler leurs pulsions. Cela mérite d’être relevé car sous la présidence Macron, cela est loin d’être le cas de tout le monde.
« Eblouissant » mais parti en « zone sombre »
Venons-en donc à des choses plus concrètes.
La présidence Macron a ceci de particulier qu’on y voit un retour en force des réactions de groupie extatique dans le microcosme politique.
A ma connaissance, deux personnes appartiennent à cette catégorie depuis le début du quinquennat.
La première d’entre elles n’est autre que le sulfureux Alexandre Benalla. Voici ce qu’Alain Minc déclarait à son sujet le 10 février, soit neuf jours avant que l’ex-chargé de mission pour le cabinet du président de la République ne soit placé en détention provisoire, suite une violation de son contrôle judiciaire.
« Du haut de ses 26 ans, sous la pression médiatique, Alexandre Benalla en aurait remontré, par sa maîtrise, à tous ces jeunes hauts fonctionnaires qui sortent de l’ENA avec encore du lait dans le nez », a confié à Challenges Alain Minc, qui a trouvé « éblouissant » le passage de l’ex-garde du corps devant le Sénat.
Et le conseiller politique de diagnostiquer que si un directeur d’école avait repéré Alexandre Benalla, celui-ci « aurait fait […] l’ENA. Mais, comme le système ne les a ni repérés ni reconnus, pour réussir, ils [Alain Minc évoque également le cas du non moins sulfureux Alexandre Djouhri, cité dans l’enquête sur un possible financement libyen de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy] ont pris les tangentes », ils sont partis « en zone sombre ».
Notez au passage qu’Alain Minc – qui s’y connaît en énarques puisqu’il en est lui-même devenu un en 1975 – nous explique, si j’ai bien compris, que l’Ecole est truffée d’individus qui ont le profil pour faire a minima de la détention provisoire.
« Touchez ma bosse, Monseigneur »
Mais l’émoi suscité par Alexandre Benalla dans la chaire d’Alain Minc n’est pas grand-chose en comparaison du pouvoir que semble exercer Emmanuel Macron sur certains de ses… députés (j’allais écrire « semblables »).
Cinq des huit élus qui se sont retirés du groupe LREM à l’Assemblée ont en effet confié leurs désillusions à Mediapart.
Lorsqu’il s’est agi d’expliquer les raisons qui l’ont amené à prendre la porte de sortie à la suite de son opposition au projet de loi asile et immigration, l’avocat ex-socialiste, ex-LREM et député de la Vienne, Jean-Michel Clément, n’a pas hésité à comparer le fonctionnement d’En Marche à celui d’une secte.
Paul Molac, un autre député LREM qui a quitté le groupe au mois d’octobre, explique que dans les rangs du parti, les ouailles n’ont pas voix au chapitre :
« Au sein de LREM, c’était difficile de décrypter et critiquer une loi, elle était forcément bonne puisqu’elle venait du gouvernement […] On observe une absence de prise en compte des députés et du pouvoir législatif, et donc un non-respect de nos institutions ».
La flagornerie extatique
Et puis arrive le niveau suivant, celui que n’atteignent que certaines twittos qui expliquent se pâmer devant les allocutions présidentielles et quelques journalistes privilégiés comme Gérard Carreyrou.
Le compère d’Alain Duhamel expliquait en effet le 26 janvier sur CNEWS, dans une mémorable séquence télé de flagornerie dégoulinante, que seule sa position d’analyste lui permettait de se concentrer sur « le premier degré », à savoir la prestation « assez formidable » qu’avait donnée Emmanuel Macron pendant plus de six heures face à 600 maires.
Sans ce statut d’observateur, lui aussi aurait vu, à l’instar de certaines auditrices extatiques, « qu’il est trop beau, trop intelligent » et qu’il « connaît trop les dossier », ce qui forcément ne peut qu' »exaspérer un certain nombre de gens ».
Voilà pour le pouvoir d’attraction du président.
Le week-end prochain, réjouissez-vous cher lecteurs internautes, je vous parlerai d’un monsieur qui vous aime tellement qu’il voudrait transformer internet en une immense crèche pour enfants de moins de trois ans.