Il y a 88 ans, Franklin Roosevelt interdisait la détention d’or aux Etats-Unis. La même chose pourrait-elle se reproduire pour le Bitcoin et les cryptomonnaies, jugées être une « menace » pour la société ?
Ce mois-ci a vu le 88ème anniversaire de la signature par le président Franklin Delano Roosevelt de l’ordre exécutif 6102, interdisant « la thésaurisation de pièces d’or, de lingots d’or et de certificats d’or sur le territoire américain ».
Ce décret était l’une des nombreuses mesures désastreuses mises en place face à la Grande dépression, qui ne firent qu’aggraver la crise financière. Plus tard au cours de la même année, le Congrès US adopta une résolution soutenant rétroactivement cette législation ; cependant, c’est avant tout le leadership autocratique de Franklin Roosevelt qui ouvrit la voie à ces mesures sans précédent.
Ce serait dorénavant un crime pour les Américains de détenir de l’or jusqu’à ce qu’en 1974, plus de 40 ans plus tard, le président Gerald Ford décide d’annuler cet ordre exécutif.
Cet épisode de l’histoire américaine comporte plusieurs leçons utiles dans l’environnement financier actuel, en particulier face à l’aggravation de la tyrannie des experts qui s’est imposée à travers le monde depuis l’année dernière.
Car cela pourrait se reproduire… et pas uniquement pour l’or.
La législation invoquée pour justifier l’ordre exécutif signé par Franklin Roosevelt était la loi sur le commerce avec l’ennemi [Trading with the Enemy Act, NDLR] de 1917 – un produit de la Première guerre mondiale – malgré le fait que les Etats-Unis n’étaient en aucun cas en période de guerre en 1932.
Le précédent des mesures anti-terroristes
De la même manière, nous avons pu constater que certaines réglementations financières initialement inspirées par la guerre contre le terrorisme sont de plus en plus utilisées contre les citoyens américains.
Par exemple, au nom de la « lutte contre le terrorisme », le Patriot Act a considérablement renforcé les lois sur la collecte des données personnelles des clients, donnant ainsi le pouvoir aux autorités de régulation fédérales d’utiliser le système bancaire traditionnel pour mieux surveiller les activités des citoyens américains.
Les lois « anti-terroristes » ont été rapidement étendues afin d’y inclure de nouvelles missions, telles que la lutte contre le blanchiment d’argent et le trafic de drogue.
Ces épouvantails ont été de plus en plus utilisés par les responsables politiques à travers le monde pour s’attaquer aux actifs offrant un certain anonymat financier, tels que l’argent liquide ou les comptes bancaires secrets en Suisse.
Au niveau national, nous voyons de plus en plus d’entreprises américaines mettre en avant leur attachement à l’idéologie progressiste à la mode en poursuivant une démarche proactive de répression à l’encontre de diverses personnalités politiques dissidentes ainsi que des groupes d’action conservateurs.
Par exemple, Bank of America a fermé les comptes de plusieurs fabricants d’armes à feu et a livré aux autorités les données de certains de ses clients à la suite des manifestations du 6 janvier au Capitole.
Ces décisions pourraient s’avérer utiles à l’avenir pour Bank of America si elle avait besoin d’obtenir un nouveau plan d’aide fédéral de la part de l’administration Biden-Harris, mais elles mettent en évidence la façon dont le système financier moderne peut-être instrumentalisé pour combattre les ennemis politiques d’un Etat.
Le tour des cryptomonnaies ?
Le même mode opératoire est de plus en plus souvent utilisé pour cibler le bitcoin et autres cryptomonnaies qui sont actuellement en dehors du champ de contrôle de l’Etat.
Plus tôt cette année, la secrétaire au Trésor Janet Yellen a affirmé que les cryptomonnaies étaient dans sa ligne de mire, déclarant lors d’une table ronde que :
« L’utilisation abusive des cryptomonnaies et des actifs virtuels est un problème croissant… Je comprends le potentiel de ces nouvelles technologies, mais je constate également que les cryptomonnaies sont utilisées pour blanchir l’argent des trafiquants de drogue sur internet et qu’elles ont été un outil de financement du terrorisme. »
La présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, a également appelé à mettre en place à l’échelle mondiale de nouvelles réglementations sur les cryptomonnaies, réagissant à l’intérêt croissant pour ces actifs alternatifs.
Bien sûr, l’intérêt accru pour des actifs tels que le bitcoin est en fait le résultat direct de la politique monétaire mise en œuvre par la Réserve fédérale, la BCE et les autres grandes banques centrales à travers le monde face à la fermeture imposée par les gouvernements de pans entiers de l’économie en 2020.
Un danger pour les autorités
Bien que les banquiers centraux minimisent souvent publiquement le rôle joué par les actifs indépendants du pouvoir politique, tels que l’or et le bitcoin, dans leurs cercles privés ils comprennent le danger qui existe pour eux à permettre au grand public de disposer d’options alternatives en dehors de leur système financier.
Par exemple, lors d’une conférence annuelle organisée par la Réserve fédérale en 2016, l’économiste Marvin Goodfriend a souligné que l’existence de l’argent liquide limite la capacité des banques centrales à poursuivre des politiques de désincitation à l’épargne.
Il avait donc préconisé l’abolition de l’argent liquide, établissant une comparaison avec l’élimination de l’étalon-or.
En 2018, un rapport du FMI a averti du fait que l’existence des cryptomonnaies pourrait entraîner une réduction de la demande de monnaies fiduciaires et a recommandé « d’appliquer des mesures strictes afin d’éviter le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme », tentant ainsi de discréditer ce choix des consommateurs.
En outre, les banques centrales ont cherché à rester compétitives face à la commodité d’utilisation des monnaies numériques en développant leurs propres versions. La Chine, dont la banque centrale a été l’une des plus agressives en matière d’expansion du crédit depuis 2008, a ainsi lancé récemment un « yuan numérique », tandis que la BCE travaille sur un « euro numérique ».
Cela pourrait aboutir à une guerre monétaire mondiale « de nouvelle génération » entre les cryptomonnaies privées et les devises numériques d’Etat.
Etant donné qu’il est dans la nature d’un Etat de défendre son pouvoir, nous devons nous attendre à voir les régulateurs et les banquiers centraux du monde entier intensifier la pression réglementaire et juridique contre les actifs financiers qui échappent encore à leur contrôle.
Comme l’a montré la politique de répression contre l’or initiée par Franklin Roosevelt, les tyrans savent combien il est important pour eux de contrôler la monnaie en période de crise.
Heureusement, le bitcoin a démontré jusqu’à présent sa capacité de résilience face aux mesures étatiques les plus agressives. Par exemple, dans certains pays comme le Maroc – où le bitcoin a été entièrement interdit – les transactions en bitcoin se sont envolées.
Il sera intéressant de voir si les pays qui se méfient des organisations de gouvernance internationales – telles que le FMI, l’UE ou l’ONU – reconnaîtront l’intérêt politique des monnaies privées en tant que frein à l’hégémonie politique mondialiste.
Nous avons déjà vu la Russie reconnaître l’intérêt de l’or en tant que contrepouvoir face à l’utilisation par les Etats-Unis du dollar comme un instrument de contrôle géopolitique. Le Bitcoin pourrait-il être le prochain ?
Article traduit avec l’autorisation du Mises Institute. Original en anglais ici.
2 commentaires
Je suis le bitcoin depuis un certain moment et sans jamais avoir compris concrêtement la technique mathématique ors de ma portée, j’ai intégré le discours. En effet il apparaît de prime abord sans faille.
Un donnée pourrait nous inquiéter c’est son coût de maintien en énergie, mais là encore vu l’augmentation des cours cela annule l’inconvénient par la répartition sur l’augmentation de son utilité monétaire.
Non la véritable faille du bitcoin n’est pas dans le bitcoin. C’est dans l’infini des mathématiques. En fait la réalité té approuvé l’intuition.
Nous pouvons inventer autant de crypto monnaies que les mathématiciens sont créatifs.
Seul la contrepartie donnera valeur à une crypto à terme.
L’expérience bitcoin bénéficiera longtemps de sa préséance historique, et de la contrepartie de ses grand détenteurs. Mais cela tournera finalement à un objet de collection coûteux à entretenir.
Quand à la foule crypto, la notoriété et la contrepartie rendront tout cela bien plus classique comme mécanisme monétaire.
Au fait, combien existe-t-il de crypto jusqu’à présent ? Combien les mathématiques sont-ils capables d’en créer ?
Le bitcoin est un programme, les noeuds (n’importe qui peut télécharger le programme [open-source] et l’exécuter, il suffit d’avoir internet, de l’espace disque, un connexion internet) exécutant ce programme communiquent entre eux à l’aide d’internet (communication tcp/ip) et forment le réseau bitcoin, décentralisé.
Pour éteindre [techniquement] bitcoin il faut aller arrêter chaque noeud du réseau dont il est composé (bon courage).
Bref, tant qu’il y aura internet, bitcoin existera. Et même si les gouvernements chercheraient à lutter activement contre cela, le coût sera très élevé.
Les faiblesses du bitcoin [qui ne sont pas techniquement imputables à bitcoin mais peuvent nuire à sa confiance] viennent en effet de la convertibilité du bitcoin en devise, et les principaux sites d’échange pourraient donc être la prochaine cible des gouvernements, sauf que.. il existe déjà des plateformes d’échanges décentralisées. De toute même manière, le gouvernement ne pourra m’empêcher d’aller acheter ou vendre des bitcoins contre de l’€ ou des produits avec ma famille, mon voisinage ou mes collègues.