Les cryptos sont le pur produit de notre époque – et un sursaut de révolte contre des monnaies triturées, manipulées et truquées par des autorités en perdition.
C’est le temps des chaînes du bonheur – des produits historiques, rationnels, nécessaires.
Les responsables monétaires ont ouvert la voie en transformant la monnaie ancrée, la « monnaie-travail cristallisé » en jeton. Sur ces jetons, ils ont greffé une loterie grâce à un avatar de la monnaie : la quasi-monnaie boursière.
Et avec cette loterie, ils ont créé une demande puissante qui leur permet d’en créer plus, beaucoup plus, à volonté. Des milliers de milliards – 8 000 à 9 000 milliards en quelques mois seulement.
La société – qui est bien plus intelligente qu’eux – en a tiré les conclusions.
Il y a de la place pour un jeton totalement abstrait, qui ne s’adosse à rien, qui est totalement frivole… mais qui présente un avantage incontestable sur la monnaie des banques centrales : son tirage limité garanti.
C’est ainsi que la société a fait émerger les cryptomonnaies.
L’importance de la rareté
Les cryptos sont une magnifique création de l’intelligence, puisque tirant toutes les conclusions de l’évolution de la monnaie centrale mais en y ajoutant un plus : la rareté structurelle.
Nous sommes à l’apothéose du marginalisme, dans la pure modernité introduite par Léon Walras, qui nous dit que la valeur n’est que dans la tête des gens ; elle n’est que valeur d’échange et de désir (une idée fort bien analysée d’ailleurs par le philosophe français Jean-Joseph Goux, enseignant aux Etats-Unis – et qui fait un travail exceptionnel soit dit en passant).
La valeur post-moderne trouve son apogée avec la création puis l’engouement en boule de neige pour les cryptomonnaies grâce à la création monétaire continue, obligatoire, tombée du ciel, par les apprentis sorciers illusionnistes des banques centrales.
La création de monnaie par les banques centrales est maintenant perçue – selon le principe de la common knowledge –, comme obligée. Elles ne peuvent plus y échapper, elles sont dans l’engrenage : c’est « imprime ou crève ».
Les cryptos sont la statue du commandeur de don Juan, la punition des banquiers centraux.
Elles sont porteuses de révolution car elles placent les apprentis sorciers face à leur créature diabolique : ces zozos n’ont pas compris que pour jouer avec le diable… il faut une longue cuiller.