La « croissance » de la France reste très malsaine et ne nous sauvera pas de 43 ans de mauvaise gestion des finances publiques.
C’est officiel et dans tous vos journaux du matin, l’économie française fait des flammes : nous aurons 1,9% de croissance en 2017.
Dans l’ensemble, nous devrions être plus riches de presque 2%, tout devrait baigner dans le beurre, le chômage devrait diminuer, les trains devraient arriver à l’heure…
Oups, pas si vite !
La « croissance » mesurée par les économistes est le PIB. Le mode de calcul retenu consiste à additionner les dépenses de consommation, les dépenses d’investissement, les dépenses publiques courantes et le solde commercial (exportations – importations).
Donc, le déficit public — c’est-à-dire l’argent que l’Etat n’a pas et emprunte pour ses dépenses courantes — est compris dans le PIB.
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Ce déficit pour 2017 frisera les 3% du PIB. La croissance que nous vante notre organisme statistique national est donc essentiellement la croissance de dépenses étatiques financées par la dette.
L’activité économique du secteur privé est en France plutôt moins dynamique que dans le reste du monde et la croissance de notre pays une des plus anémiques des pays développés.
L’Etat contrôle 56% de notre économie, 20 000 postes de fonctionnaires ont été créés en 2016 et le gouvernement a prévu de supprimer seulement 1 600 postes en 2017. Nous sommes champions du monde des impôts et les gens contrôlent à peine la moitié de l’argent qu’ils gagnent.
Un choc de libéralisme sauvage et débridé ?
Le Figaro du jour relaie l’enquête European Social Survey de novembre sur la popularité des politiques libérales dans sept pays européens.
Seulement 45% des Français pensent que les différences de revenus sont acceptables si elles récompensent le talent et l’effort. Donc une majorité de Français pense que le travail, l’effort ou le talent n’ont pas lieu d’être financièrement récompensés.
75% des Français pensent que le gouvernement doit réduire les inégalités de revenu. Donc une énorme majorité de Français pensent que la spoliation doit être organisée par le gouvernement.
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Avec de tels résultats, les « économistes activistes » sont promis à une belle carrière et Thomas Piketty va pouvoir continuer à vendre des best-sellers aux données trafiquées (*).
Vers la fin de « l’argent des autres » ?
Margaret Thatcher avait dit que « le socialisme ne dure que jusqu’à ce que se termine l’argent des autres ».
Elle était arrivée au pouvoir en 1979 après que le FMI a du voler au secours de l’Angleterre ruinée par le travaillisme.
A l’époque, les pratiques du déficit permanent et des manipulations de taux d’intérêt n’étaient pas aussi répandues qu’aujourd’hui. Depuis, la capacité d’endettement des Etats vient s’ajouter à l’argent des autres, celui des contribuables. Pour ne pas présenter l’addition aux contribuables, il suffit au gouvernement d’emprunter et ça tombe bien, c’est pas cher !
Mais le vent tourne. « Le marché obligataire est à la veille d’un changement d’ère », nous rappelle Les Echos du jour.
« Cela devrait être le début d’un mouvement durable de hausse des taux dans le monde, une situation inédite depuis plus de 35 ans ».
Ho là là… Si le gouvernement ne peut plus emprunter pour moins cher que la veille, les contribuables vont se voir présenter l’ardoise.
« N’oublions jamais cette vérité fondamentale : l’Etat n’a aucune autre source d’argent que l’argent que les gens gagnent eux-mêmes. Si l’Etat souhaite dépenser plus, il ne peut le faire qu’en empruntant votre épargne ou en vous taxant davantage. Il n’y a rien de bon à ce que quelqu’un d’autre paie ; cette autre personne, ce sera vous. L’argent public n’existe pas, il n’y a que l’argent des contribuables. La prospérité ne viendra pas de l’invention de programmes de dépenses publiques de plus en plus somptuaires. Vous ne devenez pas riches en commandant un carnet de chèques à votre banque et aucune nation n’est jamais devenue plus prospère en taxant ses citoyens au-delà de leur capacité. Nous avons la mission de nous assurer que chaque penny levé par l’impôt soit dépensé de manière sage et bonne. Les gens parlent de service ‘gratuit’. Ce n’est pas gratuit. Vous devez payer pour ! »
Margaret Thatcher, 14 octobre 1983
La croissance — quand ce n’est que celle de l’Etat — est une arnaque.
(*) http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0133513 et A century of Wealth in America (Harvard/Belknap) – Edward N. Wolff, économiste (Yale, Harvard)
1 commentaire
« Ce déficit pour 2017 frisera les 3% du PIB. La croissance que nous vante notre organisme statistique national est donc essentiellement la croissance de dépenses étatiques financées par la dette. »
Le déficit est en baisse entre 2016 et 2017. De plus de toute façon le déficit n’augmente pas le PIB global étant donné qu’il correspond à une réduction équivalente du crédit au secteur privé (donc d’un niveau plus faible d’investissement de consommation). Le seul moyen d’éviter cet effet de substitution, c’est de creuse le déficit commercial (ie importer du capital), mais dans ce cas ca vient également se déduire du PIB.