▪ Les cours sont très élevés sur les marchés américains. Selon certains chiffres, historiquement, 97% du temps, les prix étaient plus bas. A présent, les profits chutent. Les ventes sont moroses. La croissance est paresseuse, les Etats-Unis risquant d’entrer en récession plus tard dans l’année. Et puis des krachs et des marchés baissiers, ça arrive ; pourquoi pas maintenant ?
Lorsque la prochaine crise arrivera, les Etats-Unis auront le choix. Soit la Fed pourra admettre que ses politiques n’ont pas fonctionné, les éliminer, ramener les taux à la normale et laisser le marché faire le ménage. Ou bien elle peut emboîter le pas aux Européens et aux Japonais et mettre en place des interventions plus agressives — y compris un QE massif et des rachats directs d’actions
Il y a peu de doutes sur ce que la Fed choisira. Elle s’enfoncera plus avant au coeur de ces ténèbres.
En fait, nous pensons que les banques centrales et les gouvernements ont désormais révélé toute la folie de leurs intentions. Enfin, peut-être pas l’intégralité… ils n’ont pas encore largué d’argent par hélicoptère… mais ça viendra probablement.
Voici ce qu’on peut en penser :
– Ils laisseront les taux d’intérêt à des niveaux ridiculement bas pendant des années et des années.
– Ils financeront 100% des déficits gouvernementaux — pour toujours, s’il le faut — avec de l’argent de la planche à billets.
– Ils gonfleront aussi le marché boursier avec ce même argent-créé-à-partir-de-rien. 1,5% de la capitalisation boursière actuelle est basée sur… du rien. Bientôt, ce sera 5%… et pourquoi s’arrêter là ? 10%… 50%…
Il faudrait être en mort cérébrale — ou économiste moderne — pour ne pas être écrasé par l’audace… la malhonnêteté culottée… et les incroyables mensonges qui sous-tendent toute l’affaire : qu’on puisse créer "de l’argent" à partir de rien et l’utiliser pour payer des guerres, des écoles, des autoroutes, des salaires pour les bureaucrates…
… mais aussi pour acquérir de vraies entreprises.
▪ Lénine et crime parfait
Rappelez-vous la phrase de Lénine : les capitalistes nous vendront la corde pour les pendre. Aujourd’hui, ils ne la vendent même plus — ils la donnent gratuitement, pour rien.
Mais pourquoi se plaindre ? Les actionnaires s’enrichissent. Les investisseurs obligataires gagnent de l’argent. Les gouvernements peuvent dépenser autant qu’il le souhaitent. Et les électeurs reprennent une lampée de couleuvres : ils sont persuadés que tout ça aide l’économie.
L’essentiel de notre conclusion ? Les gouvernements ne vont pas perdre l’habitude d’obtenir quelque chose en l’échange de rien ; c’est elle qui les perdra.
Comment, ceci dit ? On dirait qu’ils ont trouvé le crime parfait. Ils créent de l’argent. Les prix à la consommation ne grimpent pas. Tout le monde est content.
De toute évidence, ça ne fonctionnera pas éternellement. Peu importe combien de boutons on tourne ou combien de leviers on tire. Cela ne fonctionne pas comme ça. En fin de compte, les autorités sont en train de parsemer le sol de clous rouillés… et on finira par marcher dessus. Comment ? Quand ? Personne ne le sait… mais nous allons tout de même hasarder une hypothèse.
Ici, nous n’utilisons plus nos pouvoirs d’observation pour vous décrire la situation… Nous faisons usage de notre intuition pour faire des suppositions sur ce qui pourrait arriver.
Le maillon faible de la chaîne des banques centrales, selon nous, est le crédit. Observons donc de quelle manière ce maillon pourrait craquer.
Lorsqu’on dit que la banque centrale "crée" de l’argent, ce qu’elle crée en fait, c’est du crédit. A partir de rien. Et contrairement à la devise papier traditionnelle elle-même, ce crédit peut disparaître aussi rapidement et facilement qu’il est apparu.
On ne peut pas le stocker. On ne peut pas le mettre dans un coffre-fort. On ne peut pas l’amener par pleines brouettées pour acheter une baguette de pain. Le crédit dépend de la confiance. Lorsqu’un système financier implose — ce qui arrive toujours lorsqu’il y a trop de dette — la machinerie de l’emprunt et du prêt tombe en panne. Plus personne ne croit pouvoir être payé un jour. Le crédit disparaîtra simplement — par milliers de milliards de dollars — du jour au lendemain.
Ceci n’est pas, bien entendu, la fin du monde. Ni même le début de la fin. Mais ce sera la fin du début du monde monétaire 1971-2015. Ensuite, la fin pourra commencer…