Par Marc Mayor (*)
Les différents risques que vous encourez
Prenons l’exemple d’un trader de la Zone euro, convaincu d’une hausse prochaine des prix du cuivre. Il déniche, au Venezuela, une entreprise minière cotée au Canada. Celle-ci affirme être la seule habilitée à exploiter une mine de cuivre dont les droits sont disputés.
A partir de ces quelques informations lacunaires, il est possible d’identifier plusieurs types de risques pour qui ferait l’acquisition de telles actions. Sans être exhaustif, citons :
– le risque politique : quid si le Venezuela annonce demain la nationalisation de tout gisement minier ? Vu la situation politique, cette éventualité est loin de sembler farfelue ;
– le risque monétaire : imaginons qu’à la suite d’un concours de circonstances, le dollar canadien perde la moitié de sa valeur vis-à-vis de l’euro. Même si l’action a progressé de 20% dans l’intervalle, le résultat sera une perte de 40% pour le spéculateur qui paie ses factures en euros ;
– le risque spécifique, ici particulièrement le risque juridique : il s’agit de l’impact de circonstances particulières à l’entreprise, par exemple son combat devant les tribunaux pour faire valoir sa concession, et ses chances de gagner ;
– enfin comment ne pas citer le risque de marché ? Là aussi, si le titre résiste et fait 10% de mieux que l’indice, mais que ce dernier s’effondre de 50% comme récemment, l’investisseur se retrouve avec une perte sèche de 40% en portefeuille.
Comment calculer votre risque de marché ?
Comme suggéré précédemment, le risque de marché est en moyenne plus dangereux à lui seul que tous les autres risques réunis. Oui, vous avez bien entendu. En éliminant le risque de marché, vous ferez en général plus pour votre portefeuille qu’en vous attaquant à tous les autres risques réunis.
Des théories dont les auteurs ont obtenu le prix Nobel partent du principe que le risque de marché peut être quantifié, à vue de nez, en calculant la racine carrée de la corrélation moyenne en portefeuille.
La corrélation est un concept simple
Prenez deux actions que vous avez achetées, disons Nokia et Microsoft. Quand le marché baisse, la plupart du temps ces deux actions baissent aussi ; quand il monte, elles suivent toutes les deux la tendance. Si, à chaque soubresaut boursier, elles connaissent exactement la même évolution (en %), la corrélation sera de 1. En revanche, si Nokia perd 2,83% chaque fois que Microsoft gagne 2,83% (et vice-versa), la corrélation sera de -1. Enfin, si l’on ne peut absolument rien déduire de l’une à partir du comportement de l’autre, les deux titres sont parfaitement décorrélés, ce qui correspond à une corrélation de zéro.
Elle a un impact direct sur votre portefeuille
Chaque portefeuille diffère, bien entendu. Toutefois, si l’on se base sur des données mensuelles annualisées (la norme dans l’industrie), la corrélation d’un paquet d’actions appartenant à un investisseur privé avoisine en général les 0,5. En d’autres termes, les titres sont moyennement et positivement corrélés. Cela signifie que, lorsque le marché perd 4% en un mois, certaines actions perdront 5% ou davantage, d’autres moins, tandis qu’une faible minorité de titres seront en progression.
Si la corrélation au sein du portefeuille est de 0,5, alors le risque de marché (risque systémique) sera d’environ 71% (soit la racine carrée de 0,5). En d’autres termes, il est tout à fait possible qu’un trader qui possède 20 titres dans des monnaies, des situations, des secteurs et des pays différents soit exposé pour trois quarts au risque de marché et pour un quart seulement au reste !
[NDLR : Le mois prochain, Marc Mayor sera notre invité d’honneur durant la Journée de l’Analyse Technique : pour profiter de ses conseils, rejoignez-nous sans plus attendre — il suffit de vous inscrire…]
Nous verrons la suite dès demain…
Meilleures salutations,
Marc Mayor
Pour la Chronique Agora
(*) De nationalité suisse, Marc Mayor est le fondateur d’Inside ALPHA, service d’information et de conseils financiers. Actif en Bourse depuis 1987, Marc Mayor a affiné au fil des ans une approche solide et disciplinée de l’investissement, basée sur le money management, une gestion rigoureuse du risque et des stratégies neutres au marché. Marc intervient régulièrement au sein de l’AGEFI Suisse, et participe à de nombreuses conférences pour investisseurs individuels. Vous pouvez le retrouver sur le site Le Coin des Insiders.