Alors que les bulles immobilières, financières et économiques de la Chine se dégonflent, l’ampleur de l’inadaptation financière et économique structurelle est révélée…
En Chine, la déflation de la bulle/des bulles est entrée dans une phase d’accélération.
Le financement global, la mesure chinoise de la croissance de la masse de crédit, a augmenté de 134 milliards de dollars en avril ; c’est la lecture la plus faible depuis les 129 milliards de dollars de février 2020. Le financement global était en baisse par rapport aux 685 milliards de dollars de mars et à environ la moitié des 274 milliards de dollars d’avril 2021. C’est aussi seulement 40% des estimations.
Les nouveaux prêts bancaires n’ont augmenté que de 95 milliards de dollars (42 % en dessous des estimations), en baisse par rapport aux 460 milliards de dollars de mars et 56 % en dessous des 216 milliards de dollars d’avril 2021. Depuis le début de l’année, la croissance des prêts de 1,321 000 000 $ était en baisse de 1,8 % par rapport à 2021. À 10,9 %, la croissance sur un an était au rythme le plus lent depuis février 2006.
Les prêts aux entreprises ont augmenté de 85 milliards de dollars, la plus faible expansion depuis novembre, et en baisse de 23 % par rapport à avril 2021. La croissance depuis le début de l’année de 1,125 TN $, cependant, était de 25 % supérieure à celle de 2021 comparable. La croissance d’une année sur l’autre a ralenti à 11,8 %.
Il est important de noter que les prêts à la consommation chinois se sont contracté de 32 milliards de dollars le mois dernier, en baisse par rapport à l’expansion de 79 milliards de dollars d’avril 2021. Cela place la croissance sur quatre mois (2022) à 153 milliards de dollars, soit 66 % de moins que les 455 milliards de dollars comparables de 2021. La croissance sur un an est tombée à 8,9 %, le premier taux à un chiffre dans les données remontant à 2007. Il convient de noter que la croissance sur un an a dépassé 15 % chaque mois de mars 2009 à décembre 2019.
Les obligations d’État ont augmenté de 57 milliards de dollars, légèrement en avance sur avril 2021, mais c’est la croissance la plus faible depuis juillet. La croissance depuis le début de l’année de 292 milliards de dollars était presque le double de celle de 2021. La croissance sur un an est passée à 1,172 trillion de $, soit un taux de croissance de 16,9 %.
Analytiquement, il y a quelques points saillants.
La croissance du crédit a donc considérablement ralenti en avril, l’économie chinoise ayant souffert de blocages draconiens.
De plus, les emprunts à la consommation se sont récemment effondrés. Après une croissance trimestrielle moyenne de 285 milliards de dollars au cours des 13 derniers trimestres, les prêts à la consommation n’ont augmenté que de 29 milliards de dollars au cours des trois derniers mois.
Les verrouillages, bien sûr, ont été un frein majeur. L’effondrement des prêts est cependant révélateur d’un changement capital dans l’attitude des acheteurs de logements. La grande bulle chinoise des appartements/logements éclate, et les mesures de relance de Pékin n’ont plus que des effets mitigés.
L’époque où des millions de Chinois empruntaient agressivement pour spéculer sur plusieurs appartements est révolue. Il s’agit maintenant de savoir à quelle vitesse et de façon spectaculaire les prix s’ajustent, ainsi que combien de temps avant que des dizaines de millions d’unités inoccupées n’arrivent sur le marché…
La dislocation du marché des appartements est une évolution inquiétante d’un point de vue systémique. C’est un outil de soutien et de reflation qui disparait. De manière inquiétante, l’économie chinoise s’est considérablement affaiblie, malgré l’expansion massive et continue du crédit.
Alors que les bulles immobilières, financières et économiques de la Chine se dégonflent, l’ampleur de l’inadaptation financière et économique structurelle est révélée.
je prévois que c ‘est ce qui se passera en Occident . on aurait tort de considèrera que les systèmes sont différents; non c’est faux , tous deux ont baigné dans les délices de la financiarisation , de l’immobilier, de la technologie et des illusions. L’atterrisage de la Chine, provoqué, est un schéma, un modèle pour notre futur.
12 mai – Bloomberg :
Le défaut des obligations en dollars de Sunac China Holdings Ltd. a incité les analystes à mettre en garde contre une nouvelle vague d’explosions de dettes chez les développeurs plus faibles alors qu’une crise de liquidité continue de sévir dans l’industrie. Les billets en dollars à haut rendement des émetteurs chinois ont chuté pour un record de huit mois consécutifs jusqu’en avril.
Les émissions ont chuté alors que les gestionnaires de fonds mondiaux rechignent à accorder du crédit… Les inquiétudes concernant le refinancement augmentent alors que les défauts de paiement augmentent et que l’inflation fait grimper les taux à l’échelle mondiale. Les billets en dollars sur le junk du pays, dominé par les sociétés immobilières, ont perdu jusqu’à 2 cents par dollar jeudi…
Les rendements obligataires d’Evergrande ont bondi de 1 152 points de base (11,5 points de pourcentage) avec un gain sur quatre semaines de plus de 22 points de pourcentage.
Les rendements longfor ont bondi de 465 points de base à 72,11 %, et les rendements Kaisa ont bondi de 542 points de base à 89,03 % (pour n’en citer que quelques-uns).
Peut-être le plus troublant d’un point de vue systémique, Country Garden, le plus grand développeur de Chine, a vu les rendements bondir de 621 points de base cette semaine pour atteindre un sommet de 20,85 % sur deux mois (commencé en 2022 à 6,6 %).
Les prix des CDS chinois ont continué leur envolée. Les CDS de l’Industrial and Commercial Bank ont bondi de 102 points de base, dépassant le pic de mars 2020, pour atteindre le niveau le plus élevé des données remontant à 2017.
Les CDS de la China Construction Bank ont augmenté de huit à 100 points de base, correspondant au pic de 2020.
Les CDS de la Banque de développement de Chine ont augmenté de 8 à 97 points de base, le sommet des données remontant à 2017. Et les CDS de la Banque de Chine ont augmenté de 9 à 99 points de base, dépassant également le pic de mars 2020.
Les CDS souverains chinois se sont échangés à 87 points de base vendredi matin, contre 40 points de base au début de l’année et juste en dessous du plus haut de 92 points de base de mars 2020.
Le renminbi a encore chuté de 1,8 % cette semaine pour atteindre son plus bas niveau par rapport au dollar depuis septembre 2020. Vanté pour sa stabilité, le renminbi a subi une perte brutale de 6,22 % depuis le 18 avril – la pire performance de toutes les devises asiatiques.
En l’absence d’indication que Pékin est prêt à s’éloigner du « Covid zéro », il existe désormais un risque accru d’une chute précipitée du sentiment des consommateurs/entreprises et de l’activité économique. Le risque de fuite déstabilisatrice des capitaux est élevé.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]