▪ "Vous pensez que les choses vont mal à Chypre," nous a dit un ami argentin hier. "Il fallait voir l’Argentine il y a un peu plus de 10 ans".
Nous sommes arrivé à notre ranch, au nord-ouest de l’Argentine, il y a une petite dizaine de jours. Mais le système électrique "viable" que nous avons installé s’est révélé n’être pas si viable que ça. Il n’y avait pas de courant.
Nous étions donc isolé des opinions idiotes. Epargné par les nouvelles absurdes. Nous ne savions pas ce qui se passait dans le vaste monde de la politique, de l’économie et du spectacle. C’était très agréable, tant que ça a duré.
Notre système électrique est une merveille de la technologie moderne. Il capte l’énergie intense du soleil d’altitude et la transforme… en rien du tout. Où va toute cette énergie ? Elle semble défier la première loi de la thermodynamique. Personne ne semble le savoir. Elle est censée produire chaleur et électricité. En pratique, elle ne produit pas grand’chose — à moins de dépenser beaucoup d’argent… et de carburants fossiles… pour faire venir des pièces et des techniciens de la ville de Salta, à cinq ou six heures de route. Ils bidouillent. Ils remplacent des pièces. Ils nous disent combien le système est mauvais. Et d’une manière ou d’une autre, à grand frais (et pas mal de peine), ils remettent le courant.
Ainsi, nous étions à l’abri des nouvelles, des opinions et des sottises pendant quelques jours lorsque nos amis Doug Casey et John Mauldin sont arrivés pour une visite.
Avec du temps à perdre et pas d’"actualités" nous sautant à la gorge, nous sommes restés à discuter autour de la cheminée.
▪ "Que pensez-vous qu’il va se passer ?"
Tel était le sujet qui, avec quelques bouteilles de vin, nous occupait.
"Eh bien", a dit John, "bien sûr, je n’en sais pas plus long que vous. Ce que je vois, c’est une très longue période durant laquelle les insectes voleront vers le pare-brise — mais sans s’y cogner. Le Japon illustre à quel point on peut suivre cette route loin et longtemps sans accident majeur. Les Etats-Unis sont un pays plus riche. En plus, nous avons désormais abondance d’énergie, c’est toujours un sujet d’inquiétude en moins. Nous pourrions avoir un marché haussier majeur à mesure que les gens sortent des obligations et investissent tout cet argent supplémentaire dans le marché boursier".
"Dans l’ensemble, je ne suis pas pessimiste. Ce n’est pas pour autant qu’il n’y aura pas un désastre majeur prochainement. Mais il pourrait être encore loin".
"Moi non plus, je ne sais pas", a répondu Doug. "Mais je pense que tout ça va exploser… vraiment exploser. Et ça pourrait arriver n’importe quand. Nous parlons tous des banques centrales et de ce qu’elles font comme si elles faisaient partie intégrante de la vie. Ce n’est pas le cas. Les gens pensent qu’elles savent ce qu’elles font… ou au moins qu’elles ne feront pas d’erreurs majeures. Mais elles n’ont clairement pas la moindre idée de ce qu’elles font. On parle là des personnes qui pensaient que l’effondrement de la dette subprime n’était pas un souci. A présent, elles font des choses illégales et honteuses. Et elles mènent le système financier du monde développé vers une gigantesque catastrophe".
"Bien sûr, je suis optimiste aussi… parce que quand ça se produira, beaucoup de gens réaliseront que nous n’avons pas besoin des manipulations des banquiers centraux. Je pense que d’ici quelques années, il n’y aura plus de banques centrales. Et c’est une bonne chose".
"Je suis bien de votre avis", avons-nous ajouté. "Le désendettement doit s’arrêter un jour. Voilà quatre ans que nous dérivons vers Tokyo — depuis que Lehman Bros. a mordu la poussière — et bien peu de l’argent de la Fed a profité à l’économie réelle".
"A un moment ou à un autre, nous allons changer de cap… et nous tourner vers la pampa. Ce sera le genre de ‘boom d’effondrement’ dont Mises parlait. Ou comme l’Argentine dans les années 80. Les prix se sont affolés à mesure que les gens essayaient de se protéger contre l’argent émis par la planche à billets".
▪ Et Chypre dans tout ça ?
"Tout le monde parle du fait que Chypre a volé l’argent de ses épargnants pour rembourser ses prêteurs. C’est aussi ce qu’a fait l’Argentine… Les autorités ont gelé les comptes en banque et converti en pesos les comptes en dollars… Mais au lieu d’escroquer les épargnants de 10% de leur argent, comme les Chypriotes, les Argentins ont pris 66%".
"Les gouvernements ne mettent pas la clé sous la porte. Ils font tout ce qu’ils ont à faire pour garder la lumière allumée et maintenir le flot de pots-de-vin".
Nous sommes tous tombés d’accord pour dire qu’en ce moment, les gouvernements du monde développé font la même chose que l’Argentine et Chypre — de manière plus sophistiquée. Les taux d’intérêts artificiels ultra-bas pénalisent les épargnants. Qui en profite ? Les prêteurs… les banquiers… et les zombies.
A suivre (si le courant coopère) !