** C’était bien trop facile pour nous l’an dernier…
* A Wall Street, nous pouvions lancer une brique dans n’importe quelle direction avec la certitude d’atteindre un arnaqueur et au moins deux nigauds. Quant à gagner de l’argent, partout où nous portions le regard, nous voyions quelque chose à vendre — l’art, le pétrole, les vendeurs au détail, la finance… et ainsi de suite. Les seules choses ayant grimpé, l’an dernier, étaient l’or et les obligations du gouvernement américain. Tout ce que nous avions à faire, c’était de nous en tenir à notre Transaction de la Décennie — vendre les actions durant les rebonds, acheter de l’or pendant ses creux — et nous gagnions de l’argent.
* Une telle année n’arrive pas souvent. Nous ne nous souvenons pas nous être tant amusés…
* Un vrai boom dure plus longtemps que la plupart des mariages. Celui-ci a commencé en 1982 — durant le premier mandat de Reagan. A présent, il a pris fin… terminé… the end… kaput. Juste comme ça.
* Après tant d’années heureuses passées ensembles, on pourrait penser qu’il y aurait une sorte de cérémonie… des derniers rites et une messe de requiem pour marquer son décès… Mais au lieu de cela, les gens tournent le dos au passé comme s’il s’agissait de pain rassis. Ils vident leurs placards le 1er janvier, et jettent l’année morte aux mésanges et aux moineaux.
* Mais à la Chronique Agora, nous sommes de vieux croûtons sentimentaux. C’est à peine si un jour se passe sans que nous nous rappelions les belles journées des années folles du boom. Nous n’avons pas encore réussi à nous débarrasser de notre sapin de Noël, ou à suspendre notre calendrier 2009.
* A présent, nous sommes confrontés à une tâche morose ; nous devons désormais analyser l’année qui vient. Les actions ne sont plus ridiculement surévaluées. Le pétrole non plus. Ni tout le reste — à une exception majeure : la dette du Trésor US. Faut-il acheter des actions… ou les vendre ? Devriez-vous acheter plus d’or maintenant… ou attendre les premiers signes d’inflation ? Est-il temps d’acheter les producteurs de pétrole… ou les mines d’or ? L’économie mondiale va-t-elle sombrer dans un ralentissement à la japonaise… ou les autorités vont-elles causer une catastrophe de type zimbabwéen ?
* Tous les jours, nous nous donnons mal à la tête en essayant de le déterminer…
* Comment faire des gains, cher lecteur ? En cherchant le fou qui est prêt à vous donner de l’argent. Qui est le fou des marchés en 2009 ? Celui qui achète des obligations américaines. Mais prendre son argent n’est peut-être pas aussi simple que cela en a l’air.
** Intéressons-nous au gros titres d’abord… nous reviendrons aux fous ultérieurement.
* Il nous semble que les marchés boursiers veulent grimper. Nous serions tentés de tabler sur ce fait… dans la mesure où un rebond est généralement le pari le plus sûr qu’on puisse faire après une chute si massive. Mais il n’y a aucune garantie que les choses se déroulent ainsi.
* Mais M. le Marché est plein de ruse. Qui sait ce qu’il manigance ?
* Les nouvelles en provenance de l’économie nous disent que les pertes financières commencent à s’infiltrer dans le monde des affaires.
* Les vendeurs de détail ont connu le pire mois de décembre de ces 40 dernières années, annonce le Los Angeles Times.
* Les impayés sur les prêts ont atteint des niveaux record l’an dernier, dit le Washington Post.
* "Les pertes d’emploi s’accumulent alors que la récession s’aggrave", titrait un journal vendredi. Les chiffres du chômage US ont atteint un sommet qu’on n’avait plus vu depuis le début du boom — il y a 26 ans de cela.
* Les licenciements commencent en Chine aussi. Au moins les Chinois ont-ils une épargne avec laquelle lutter contre le ralentissement. Les Etats-Unis ne peuvent qu’emprunter… et emprunter… avant de finir par imprimer de l’argent.
* Telle est notre prévision, d’ailleurs :
* Nous ne croyons pas qu’une génération d’erreurs puisse être corrigée en six mois. Les investisseurs et les consommateurs ont eu un choc. Mais ils sont encore pleins d’espoir. Après le pire krach de l’histoire boursière, ils gardent néanmoins leurs actions. Ils voient une récession… mais ils n’y croient pas tout à fait. Il faut attendre un peu. Pour commencer, il y a le choc financier. Ensuite, il y a le choc économique. Puis un autre choc financier lorsque les investisseurs réalisent combien la situation est mauvaise. Choc après choc… coup après coup… les investisseurs, les consommateurs et les hommes d’affaires perdent leurs réflexes des années de boom.