▪ L’or semble se stabiliser ces jours-ci. Les matières premières restent faibles. L’acier a chuté de 31% cette année. Le brent a perdu près de 17% depuis début février et le cuivre a reculé de 15%. Le cuivre, c’est le métal dont on a besoin pour fabriquer tout ou presque — des maisons, des voitures, de l’électronique. Quand il recule, ça signifie généralement que l’économie mondiale ralentit.
Début de la semaine dernière, l’analyse conventionnelle de la chute de l’or était la suivante : les efforts des banques centrales pour ressusciter la croissance mondiale fonctionnaient. Les autorités ont la situation sous contrôle… alors qui a besoin d’or ?
A la fin de la semaine, il semblait que l’or — et les matières premières — avaient été vendus pour la raison inverse : parce que l’impression monétaire des banques centrales ne fonctionnait pas… et que le monde s’enfonçait plus encore dans une période de croissance lente et de dépression tout juste contenue.
Dans Business Insider :
« Les données économiques récentes aux Etats-Unis ont été décevantes, surtout dans le domaine de l’immobilier, sur lequel les haussiers basent tous leurs arguments ».
« En Allemagne, baptisée le bras armé de l’Europe, le sentiment économique vient de chuter. Et en Chine — toujours considérée comme un moteur du développement mondial –, la croissance a commencé à ralentir alors que le pays continue de sévir contre la corruption, les prix de l’immobilier et le système bancaire parallèle. Le plan de la Chine consistant à faire passer son modèle économique basé sur les exportations vers un modèle nourri par la demande interne a également contribué à un taux de croissance plus bas ».
Aux Etats-Unis, les permis de construire sont en baisse… les saisies sont en hausse. La « renaissance » du secteur manufacturier n’a pas lieu. Seule la moitié des emplois attendus est apparue en mars. Les ventes au détail sont en baisse et la confiance des consommateurs va mal.
En Grande-Bretagne, le taux de chômage grimpe. Les ventes au détail chutent. Et les chiffres à paraître cette semaine nous diront probablement que le pays est dans une dépression en triple creux.
▪ La reprise n’existe pas
Voici Ambrose Evans-Pritchard dans le Telegraph :
« Il devient toujours plus clair que le boom spectaculaire des marchés actions mondiaux depuis l’été dernier prenait en compte une reprise économique qui n’existe en fait pas. Le Fonds monétaire international a dû à nouveau revoir à la baisse ses prévisions de croissance mondiale. Nous sommes toujours pris au piège dans une dépression commerciale à l’ancienne, avec une surcapacité généralisée des unités de production et un taux d’épargne mondial record à 25% du PIB ».
Comme vous pouvez le voir sur le graphique ci-dessous, la divergence entre les marchés boursiers et l’indice Deutsche Bank des matières premières est stupéfiante, tant elle ressemble au schéma de début 1929.
L’économie américaine se développe à un rythme inférieur à l’indicateur de « vitesse de décrochage » de la Fed elle-même. Un demi-million de personnes sont sorties de la main-d’oeuvre en mars. Les ventes de détail ont chuté le même mois. Idem pour l’activité manufacturière.
Partout ou presque, la déflation menace. « Beaucoup de banques centrales vont devoir suivre la Banque du Japon, quoi qu’elles disent aujourd’hui », annonce Lars Christensen, de la Danske Bank. « L’ère de l’impression monétaire est encore jeune. L’or aura de nouveau son heure ».