▪ L’or est-il en état de bulle ? Va-t-il redescendre ? Que faire à ce stade ? Autant de questions que vous devez immanquablement vous poser.
A 1 353 $ et 967 euros l’once, l’or est certainement rentré dans la troisième phase de son grand marché haussier, celle qui verra son sommet et son déclin, jusqu’à la prochaine crise. Mais cette troisième phase devrait durer quelques années. En 1980, les progressions de l’or et de l’argent furent respectivement de 2 276% et 3 099% avant la traversée du désert. Nous n’en sommes qu’à 412% et 419%.
Vous lisez certainement, tout comme moi, beaucoup d’articles sur l’or depuis que celui-ci retient à nouveau l’attention des médias grand public. Pourtant beaucoup de ces articles passent à côté de l’essentiel.
▪ L’or monte parce que les taux d’intérêt sont bas, trop bas
Les taux longs actuels ne garantissent plus la conservation de l’argent, de l’épargne. Le rendement réel est négatif ou nul en Europe, aux Etats-Unis et au Japon. Ce qui signifie que l’épargne sans risque — celle qui, par exemple, vient se placer dans les obligations d’Etat — est punie. Elle perd de sa valeur dans le temps.
Cet état de fait tue la monnaie. En effet, la monnaie a trois fonctions. Les deux premières sont bien connues : instrument d’échange et instrument comptable. La troisième fonction est oubliée, pour ne pas dire méprisée. C’est celle de réservoir de valeur, de stockage de votre travail. En effet quiconque a perçu de l’argent estime avoir le droit de pouvoir stocker le fruit de son labeur, de l’épargner pour le dépenser quand il le juge opportun. Lorsque la monnaie ne remplit plus cette fonction, les gens se tournent vers l’or. Cette troisième fonction est haïe du monde politique. En effet, dans un Etat-Providence, celui qui épargne trahit : il n’a pas suffisamment foi dans son gouvernement et il soustrait de l’argent au circuit de la consommation et de la redistribution nécessaire au bonheur collectif.
Mais lassés de la surconsommation à crédit et soucieux de leur avenir, de plus en plus de gens souhaitent pouvoir stocker leur épargne sans risque de dévalorisation. Parmi eux, certains estiment que les obligations souveraines sont encore sûres, c’est pour cette raison que les taux restent bas. Cependant, d’autres, de plus en plus nombreux et inquiets des manipulations monétaires, estiment que l’or peut apporter à la fois sécurité et garantie du capital. Nous faisons partie de ceux-là.
Certes, la crise de l’euro est, pour le moment, sous boisseau. C’est ce qui explique que l’or exprimé dans la monnaie unique est loin de son record à plus de 1 000 euros l’once. Mais le feu couve.
▪ Quantitative easing saison II : aussi meurtrière et inutile que le premier épisode
Quant au dollar, une seconde opération d’assouplissement monétaire est programmée pour absorber le déficit américain de 2011. Les investisseurs les moins avertis savent désormais que quantitative easing signifie une nouvelle impression de dollars à partir de rien. En l’occurrence 1 000 milliards de dollars.
Incidemment, ce chiffre permet de prendre la mesure de la dégringolade du dollar : 1 000 000 000 000 = 1 trillion = 1 000 milliards. Le simple fait d’avoir besoin du trillion comme unité de comptage pour rendre cette succession de "0" assimilable prouve que le dollar a du mal à rester un instrument comptable. C’est plutôt mauvais signe et peut-être qu’à l’issue de cette crise il y aura un nouveau dollar comme il y eut un nouveau franc.
Le cours actuel de l’or intègre pleinement ce quantitative easing II… mais il y a plus, comme nous le verrons demain.